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Vox Ludi le blog d'Illuminati

Rogue Trader

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    Illuminati

    le 06/12/2024 à 15:24 Citer ce message

    Une semaine passa, durant laquelle Uriah et son équipe restèrent à bord de leur frégate. Il en fut de même pour Ludivine. D’une part, il était temps de passer inaperçu pour planifier les stratégies à venir, mais surtout une partie de ses officiers étaient en convalescence à cause des dernières graves blessures reçues lors de l’assaut dans les mines des Cyclades. Les hommes du lieutenant Hastings étaient parvenus à en sortir vivant un navigator captif, celui-là même qui avait contacté Jocasta via son tarot. Malgré la fuite des derniers cultistes et d’au moins un sorcier, ils étaient aussi parvenus à mettre la main sur un stock d’armes non négligeable. En attendant, le navigator, dénommé Ezra, était au bloc medicae, tout comme la Brute, Jocasta, Säde, Praxx et Nessa.
    Ces jours furent aussi mis à profit pour envoyer des équipes réduites d’informateurs et d’espions à la surface d’Onidès afin de surveiller les agissements des forces locales. Il était clair désormais que les actions des libres-marchands n’étaient pas passées inaperçues pour les hommes de Krieger. D’abord le massacre en pleine rue d’un de ses caïds locaux, Ambrosius Gantz et de ses hommes avait fait le tour de la ville. Gantz était un des principaux barons de la pègre dans Hyboros Tertius et son assassinat fit grand bruit à en juger par les informateurs de Säde dépêchés sur place. Il en fut de même après la toute récente attaque des mines des Cyclades. Le coup porté, bien que rude, avait tout de même laissé une trace et avait placé un bon coup de pied dans ce nid de frelons. Enfin, le fait que Praxx avait dérobé cette tablette xenos permettant d’activer les portails, faisait que Krieger n’était plus sans ignorer qu’une force ennemie le ciblait directement. La situation devenait même compliquée pour les espions de Säde qui furent rapatriés en urgence. Le chef de guerre sur Onidès était désormais en alerte et comptait bien accélérer ses plans de conquête pour Bremedia. Les rapports le confirmaient. Partout, des engins de guerre étaient assemblés et semblaient bouger de ville en ville, sans qu’un schéma très clair se dessine. La stratégie paraissait incohérente par certains aspects, mais selon les officiers de Ludivine, cela pouvait aussi faire partie de leur plan qui était juste de chercher à brouiller les pistes, ne dévoilant aucun indice sur les tactiques militaires à venir.
    A la suite du dernier combat, Altaïr, lui, s’en était plutôt bien sorti, sans la moindre égratignure, tout comme Uriah. Pour l’heure il s’était mis en tête de dénicher un fusil de précision et malgré ses vaines recherches – même auprès de ses informateurs, il finit par passer voir la Magos Argentus. En lui offrant une caisse de fusils laser, il parvint à trouver un accord. Elle lui fabriquerait un fusil laser long d’ici une semaine.
    Finalement, Altaïr apprit de Säde, son maitre des murmures, une fois sortie du bloc, qu’elle était parvenue à en trouver un avec ses informateurs au marché noir sur Onidès, mais Altaïr préférait quand même disposer de son arme propre, quitte à attendre un peu. De toute manière, il profita des jours suivants pour s’entrainer avec Kenway. Il lui fallait travailler ses réflexes et sa furtivité, ce qui lui avait fait défaut durant leur dernier accrochage.
    Le reste du temps il le passa à discuter avec Praxx et Nessa. Le félinide lui confia trois points qui le chagrinaient : le premier était de laisser sa planque d’Hyboros et notamment tout le matériel qu’elle contenait et Altaïr ne pouvait que lui donner raison. Il se rappelait les caisses d’armes, de munitions et notamment d’un robot de combat, un authentique automate Kastelan de la Legio Cybernetica. Praxx n’était jamais parvenu à le remettre en marche mais Altaïr savait que la magos Argentus devait bien connaitre les protocoles secrets d’activation d’une telle machine. Il était en effet d’accord sur l’idée de récupérer de tels trésors, en revanche le moment était plutôt mal choisi et Praxx craignait que les ennemis aient déjà mis la main sur ses stocks.
    Le second sujet qu’il évoqua, concerna la tablette xenos qu’il avait dérobé à Krieger. Il connaissait quelqu’un qui savait la déchiffrer mais aussi s’en servir et pour cause car c’était une aeldari. Le souci était qu’elle travaillait actuellement comme mercenaire – comme la plupart des xenos présents sur Onidès, pour le compte des hommes de Krieger. Mais Praxx la connaissait bien et avait bon espoir de la faire changer d’avis. Du moins, il comptait aussi sur Altaïr et l’ouverture d’esprit de son capitaine – lui dit-il en dévoilant toutes ses canines dans un semblant de sourire, précisant que ces aeldari ont toujours des goûts, vraiment des plus particuliers. Pourtant, selon lui, la tablette était la clé qui allait permette d’ouvrir les portails et si cela se faisait depuis Bremedia – encore allait-il falloir localiser un portail warp sur la planète – cela allait signifier qu’une armée de Chevaliers impériaux pourraient se téléporter au cœur des forces armées de Krieger. Cela impliquait évidemment aux libres-marchands de se rendre sur Bremedia et Praxx resta clair sur ce point, en tant que mutant, sur un tel monde féodal, il ne serait certainement pas le bienvenu.
    Enfin, le troisième et dernier point concernait Krieger et il lui confia que selon certaines rumeurs, le bonhomme aurait pu être un ancien Astartes renégat. Il ajouta que les légendes locales étaient très certainement exagérées, même si lui, était clairement prêt à y croire en ayant déjà vu le personnage qui devait frôler les deux mètres trente sans armure.
    Ce point n’était pas le plus rassurant et conforta Altaïr dans l’idée d’améliorer leur puissance de feu, mais il faisait confiance en la Brute sur ce sujet.
    Cela amena le sujet vers Nessa puisque cette dernière étant polyglotte, elle pourrait leur permettre d’entamer des négociations avec les maisons de Bremedia. Le souci était qu’Altaïr avait vite décelé un certain mal-être chez la gamine et n’en comprenait pas la raison, du moins au départ, mettant cela sur les circonstances liées à ce futur conflit. Pourtant, en creusant il comprit vite que ce n’était pas tant la bataille à venir qui la chagrinait que le simple nom de Goldberg qui lui faisait l’effet d’une bombe. Intrigué et curieux, le sénéchal creusa le point et comprit que la jeune fille ne disait pas toute la vérité et cherchait à dissimuler qui elle était véritablement. N'insistant pas, il finit par en toucher un mot à Uriah mais surtout à Jocasta et Antinoé qui sondèrent discrètement son esprit. Jocasta ne repéra rien de compromettant, sinon quelques troubles, ce qu’Antinoé confirma en ayant lu dans ses pensées. La petite cachait bel et bien son identité, étant visiblement la fille de Victus Callidon l’ancien gouverneur de Badab et de son épouse Luzillia. Altaïr se remémora que vingt ans auparavant, l’actualité avait fait grand bruit en effet dans tout le secteur. Le gouverneur Callidon, dont la lignée était en place depuis la fin de la Guerre de Badab, un siècle plus tôt, avait été victime d’un terrible coup d’état, fomenté par des nobles locaux. A la suite du renversement, un des nobles, le prince Enoch Lazarus Ishmael avait pris le pouvoir mais comme bien souvent lors de coups d’état, le pouvoir bien mal acquis ne dure jamais. Ishamel fut assassiné à son tour par ses propres mercenaires drukhari et à l’issue d’une purge menée par les autorités, l’Administratum reprit le contrôle en nommant plus tard l’actuel gouverneur, Dariel Jericus Acadia, toujours en place de nos jours. Ce point, Altaïr s’en rappelait bien puisque quelques années auparavant, après un accrochage avec des corvettes drukhari, lui et Isabella avaient eu à traiter avec Acadia sur Badab. Ils avaient pu entamer les réparations de leur navire et recruter en urgence des forçats afin de renforcer l’équipage. Accessoirement, il y avait aussi croisé Ephèse Solaris, une de ses ex, une brillante archéologue. Comme à son habitude avec ses anciennes conquêtes, ces histoires se finissaient souvent mal du fait de ses inévitables escroqueries. Et le fait d’avoir revendu des copies de reliques de saints n’avait clairement pas plu à sa belle, à l’époque.
    Quoi qu’il en soit, les informations relatives à ce coup d’état avaient été parcellaires et étouffées, comme c’est toujours le cas dans l’Imperium. Pourtant des informations confidentielles étaient parvenues à Isabella à l’époque, par le biais de ses connexions avec l’Inquisition. De manière officielle, l’Administratum présenta les évènements comme un simple coup d’état entre maisons rivales, ce qui n’est ni rare ni interdit dans l’Imperium. En revanche, l’usage de mercenaires drukhari par les forces séditieuses et perpétrant des massacres, fut totalement passé sous silence car étant le signe d’une grave hérésie. Il en fut de même pour la présence d’un inquisiteur renégat dont le nom était banni, d’une possédée dont l’existence était réfutée et de l’aide d’un libre-marchand déjà très compromis dans ce type de complot. Leurs noms ne figurèrent dans aucun rapport officiel en dehors de ceux des Ordos. Et Isabella fut mise évidemment dans la confidence puisque le Morning Star était le sujet central de toute cette affaire. A l’époque, elle n’était pas encore libre-marchande mais juste la fille de. Elle sauva cependant sa vie en aidant l’Inquisition à éliminer son propre père. C’était là, la condition préalable à l’étude de son potentiel affranchissement. Ce furent ces évènements qui scellèrent le destin d’Abdul Goldberg, exécuté sans la moindre pitié, peu après par cette assassin Callidus au service de l’Ordo Malleus.
    Sur Badab, lors du coup d’état, Ishmael avait fait exécuter le gouverneur Callidon sous les yeux de sa femme enceinte, Luzillia. Elle-même devait être offerte comme convenu aux drukhari, comme quelques milliers de captifs mais Goldberg parvint à la récupérer comme butin, elle et plusieurs nobles locaux, espérant en tirer un bon prix. L’histoire se perdit à l’époque car le destin de Luzillia Callidon ne fut jamais connu, du moins jusque-là car Altaïr venait de recoller un morceau de ce puzzle tragique. Selon les dires de Nessa, Luzillia et les autres captifs furent emmenés ici, sur Onidès et vendus comme esclaves, à la demande d’Abdul Goldberg, les condamnant à y périr puisque Romeus y lâcha ses charges virales pour une raison qui lui était propre. Sa mère mourut quelque temps plus tard, les poumons rongés par l’acide, le temps de mettre au monde sa fille. Nessa.
    Même Altaïr restait troublé par toute cette affaire d’autant plus que la petite semblait toujours inconsolable. Il se demanda s’il était justement dans leurs moyens de la faire un jour revenir sur le trône de Badab bien que Nessa semblait bien loin de ce genre d’envie. Il chercha bien à exposer les faits à sœur Alexia, la famulus de Ludivine et cette dernière lui garantit que tout était possible si sa lignée était confirmée, mais encore allait-il falloir transformer cette petite sauvageonne et son horrible chien en une parfaite princesse héritière. Selon elle et vu que la jeune fille dépassait déjà les dix-neuf ans, cela allait devoir prendre du temps. Ils exposèrent son cas lors d’un conseil du stratégium et il fut acté que pour le mieux de Nessa, elle resterait au sein de leurs équipes. Il serait alors préférable de la confier pour l’instant aux bons soins de Ludivine et de sœur Alexia. Uriah en pensait de même pour Praxx quant à son intégration au sein de l’équipage, mais dans son cas, et après discussion avec lui et Altaïr, Praxx allait travailler directement sous les ordres d’Uriah sous le titre opaque de Maitre espion.
    Lors d’un des conseils, Alexia aborda justement un autre sujet avec Altaïr, à savoir la préparation du mariage de Ludivine et Uriah, car selon elle, le sujet était déjà sur la table depuis un moment et il était grand temps de planifier les futures noces, regrettant, vue la région, de ne pas pouvoir réquisitionner une cathédrale et un cardinal pour l’occasion sur un monde digne de ce nom. Altaïr s’en tira avec habilité comme il savait le faire, en évoquant justement la possibilité, une fois Bremedia libérée, de profiter de la présence de six maisons légendaires – et non des moindres. Les nobles réunis seraient alors conviés à assister à un mariage grandiose ainsi qu’à la naissance d’une dynastie marchande au cœur même de leur grande cathédrale millénaire. Alexia, pourtant difficile à impressionner ou à faire sourire, faillit presque défaillir et embrasser Altaïr pour cette lumineuse idée, comme si elle venait de Saint Sebastian Thor en personne. L’idée était donc prise. Il ne restait plus qu’une simple formalité à régler : Unifier des maisons nobles en conflit, les convaincre de se lancer via un portail xenos et gagner une guerre face à des hordes du Chaos. En purgeant ce monde de l’hérésie, ce mariage n’en sera que plus beau, finit par conclure Alexia, sur son petit nuage.
    Cela la réconforta d’autant plus qu’elle avait pu assister sur Onidès, lors des enquêtes menées par Ludivine et son équipe à la découverte d’un ancien monastère de la Sororitas. L’endroit avait été vidé et pillé de longue date, pourtant, la statue colossale de Sainte Valeria la Céroféraire était toujours debout malgré les outrages subis et les graffiti impies qui la recouvraient. La famulus savait que ce lieu saint allait pouvoir être reconsacré et serait non seulement le renouveau d’un culte puissant mais aussi le lieu sanctifié d’un pèlerinage. La souillure qui maculait Onidès serait lavée comme la pluie lave les rues et la Sainte qui incarnait la lumière, serait le flambeau dont ce système impie avait tant besoin. Ils devaient juste en être les artisans. Et si un jour, par la grâce de l’Empereur, ils pouvaient remettre la main sur les reliques perdues dans cette région, ils recevraient non moins que le respect de la très puissante Adepta Sororitas en retour.
    Uriah n’était pas resté inactif non plus durant tous ses jours. L’histoire du mariage avait beau commencer à le stresser au plus haut point, il ne pouvait éviter les soirées avec Ludivine malgré le regard désapprobateur de sœur Alexia qui espérait toujours que sa jeune protégée demeurât encore vierge avant son mariage. Cela amusait intérieurement Uriah, même si Alexia lui faisait un peu peur parfois. Les manigances politiques et géniques intrusives des famulus l’agaçaient profondément. Mais selon Altaïr, c’était là, le prix à payer pour épouser toute une maison noble aussi prestigieuse. La fille était accessoire selon ce vieux brigand, mais la dote faramineuse et inespérée valait bien ce petit sacrifice. Comme aimait à le dire son sénéchal, Uriah incarnait l’ombre, autant que Ludivine incarnait la lumière. Les deux ne pouvaient donc que s’épouser à la perfection.
    Cela le ramena à des contingences plus terre-à-terre, tel que l’état de santé de la Brute et de sa jeune navigator. Ces deux-là avaient été les plus durement touchés et avaient frôlés la mort. Pour la Brute c’était un euphémisme, en réalité, les impacts de gros calibre qu’il reçut dans le torse aurait bien dû le tuer deux ou trois fois. Mais ce bon vieux colonel Lysander avait été taillé dans un bloc d’adamantium et rien ne semblait pouvoir le tuer. Pourtant, cette fois, les dégâts étaient sérieux mais une fois de plus, rien que le bloc medicae du Morning Star et son excellentissime chef chirurgien Benessis ne pouvaient réparer. Alors certes, il avait fallu lui remplacer le cœur, les poumons, quelques côtes et un peu de tuyauterie pendant une intervention qui dura plus de vingt-quatre heures mais finalement, il se réveilla presque d’une nuit normale. D’ailleurs Altaïr ne put s’empêcher de le comparer à un néophyte désormais paré à intégrer une escouade de scouts space marines. Benessis et la magos avaient fait un excellent travail sur lui, car son rythme cardiaque et sa puissance en étaient désormais accrus, ce qui lui conférait une mobilité bien plus grande. Il pouvait aussi se passer de masque respirateur et ne craignait plus les gaz ou toxines – du moins pour la plupart et pouvait même respirer en atmosphère raréfié. Enfin, la cerise sur le gâteau était une des armes récupérées dans le stock des hérétiques dans la mine. Il s’agissait d’un gantelet énergétique modèle Mezoa et Uriah l’avait fait apporter pour la Brute. L’arme parfaite pour son gabarit, taillée justement pour le corps à corps. La magos le lui ajusta en l’équipant de plots de connexions neuraux. Avec une telle arme, il pourrait éventrer un véhicule et en arracher le blindage s’il le fallait. C’était exactement le genre de jouet qu’il affectionnait dans toute sa panoplie.

    Uriah passa aussi du temps au chevet de Jocasta. On pouvait même dire qu’il avait une certaine affection pour elle. Mutante et mal aimée, pourtant son jeune âge et une certaine folie qui l’animait, faisaient qu’il se sentait parfois proche de ce genre de fille imprévisible et sombre, un peu à son image ténébreuse – du moins dans son tempérament ou pour ce brin de folie qu’il aimait montrer parfois. Il ne lui avait pas dit directement, même si la modestie était une qualité rare chez lui, mais il avait demandé au docteur Maxim Benessis, son chef chirurgien ainsi qu’à Argentus, sa magos de lui remplacer le bras qu’elle s’était faite presque arraché. A sa demande, ils lui avaient ainsi posé une prothèse augmentique d’une qualité tout simplement exceptionnelle. Fine et élégante, elle épousait la forme exacte de son bras d’origine, à la différence qu’elle était en poly-alliages. Son armature en titanium était recouverte de synthémuscles en polyflex à mémoire de forme bien plus efficaces que ses muscles biologiques. Même les sensations du toucher avaient été reproduites à l’identique à l’aide de nanocapteurs neuronaux. La magos avait même poussé la fantaisie à lui intégrer un pistolet radiant compact implanté. Le canon de l’arme pouvait ainsi jaillir de son poignet et tirer des salves laser à pleine puissance, au besoin. Enfin, idée de symboliser toute la prouesse technique du Mechanicus, la magos avait recouvert le bras d’un fin blindage en céramite, plaqué or et argent, aux ciselures tout simplement exquises, reprenant les armoiries entremêlées de la maison Jenassis. Cette fille avait été déchue de son titre et pourchassée par une maison rivale, mais n’en demeurait pas moins une authentique princesse de la noblesse navale. Uriah en avait fait sa protégée et il comptait bien lui accorder les faveurs dues à son rang. Surtout, il avait su retenir un conseil de sa tante et il savait qu’un libre-marchand associé à un navigator moribond et en guenilles allait tout bonnement refléter l’étendue de son statut social et la décadence de sa maison. En revanche, se présenter devant des dignitaires ou des officiels en compagnie d’une navigator qui incarnait l’opulence ne pourrait qu’impressionner ses pairs. La noblesse avait ses codes et l’étiquette tout comme le paraitre, en faisaient éminemment partie.
    Ce fut la raison pour laquelle il alla s’enquérir de la santé de ce nouveau navigator qu’il venait de sauver. Là aussi, il faisait pleinement confiance en Jocasta pour connaitre son avis sur ce nouveau curieux personnage. Selon elle, il s’appelait Ezra Mendoza et son apparence, comme sa voix étrange ne permettaient pas véritablement d’indiquer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Son physique était plutôt féminin même si les médecins le définissaient comme androgyne et lui-même se définissait comme « il ». En plus de son œil warp, ses yeux naturels étaient rouges et il voyait parfaitement dans l’obscurité. En dehors de cela, il avait une peau pâle et des cheveux noirs comme le vide.
    Les Mendoza constituaient une maison nomade qui avait l’habitude de travailler avec l’Ecclésiarchie, ce qui était plutôt étrange à bien y réfléchir. Mais cela n’était pas rare et d’après ce qu’en savait Jocasta, cette maison avait contribué à apporter la lumière de Terra dans des coins isolés de la galaxie. Quoi qu’il en soit, Ezra n’avait jamais travaillé pour eux mais s’était retrouvé depuis des années avec des pirates, comme ceux d’Arioch Drake, le fameux capitaine recherché de longue date pour continuer de harceler certains systèmes. Celui-là même qui avait ce lien avec la corvette disparue, le Princess Disillusion, dont avait parlé Mym, l’ancien navigator d’Isabella. Ezra avait travaillé pour Drake mais une mutinerie avait éclaté après certaines dissensions. Il avait été du mauvais côté et tandis que les mutins furent exécutés, lui et certains psykers de bord furent vendus aux hérétiques de Krieger lors d’un récent passage. Ce qui correspondait très certainement aux deux corvettes aperçues quelques jours auparavant qui s’étaient approchées de la lune. Uriah l’interrogea sur ces pirates justement. Selon Ezra ils avaient plutôt l’habitude de s’abriter dans le système éponyme de la région, le système Morgans’s Reach et bien qu’ils ne disposassent pas véritablement de base fixe, leur navire amiral, le Deathbringer d’Arioch Drake leur tenait lieu de base mobile. Uriah en profita pour évoquer le Princess Disillusion et selon Ezra, cette corvette n’avait jamais été retrouvée et se trouverait selon lui, très certainement dans le système Zatathetus là où se situaient d’anciens cimetière de vaisseaux, restes de conflits spatiaux de grande ampleur. Selon lui la zone avait été fouillé de longue date mais elle restait vaste et des navires s’étaient agrégés depuis, sans que l’on ne sache ni pourquoi ni comment. Ce qui en faisait une zone éminemment dangereuse.

    Ezra savait qu’il devait désormais la vie sauve à Uriah et à ses hommes et paraissait plus que reconnaissant d’accepter la proposition qu’il lui fit de travailler à son service. Ses talents allaient se compléter parfaitement avec ceux de Jocasta car il avait la capacité de détecter des objets warp sur une longue distance mais aussi de masquer toute signature warp du vaisseau aux yeux d’autres navigators. Ce qui n’était pas négligeable. De fait, il allait entrer au service de Jocasta, en tant que navigator subalterne et en paraissait très satisfait.

    Les jours qui suivirent permirent aux convalescents de se remettre de leurs blessures ou de maitriser leurs nouveaux implants. Uriah avait réuni ses équipes ainsi que Ludivine en vue des prochaines actions qui avaient été planifiées. Il avait été décidé que ce serait Ludivine et ses officiers qui allaient descendre en premier sur Bremedia, accompagnés de Nessa pour tenter une première approche auprès des six maisons. La tâche était d’une importance vitale et Ludivine en prit toute la mesure, se sentant digne d’une telle responsabilité. En même temps, cela la rassurait car, comme elle le fit remarquer avec humour à Uriah, au moins, elle et ses officiers n’allaient pas commencer à tuer des gens dès la première heure.
    Tandis qu’elle s’occuperait de la partie diplomatie, Uriah et son équipe, accompagnés de Praxx allaient redescendre sur Onidès, dans la région des ruines de Tartaros, au nord de la côte est. C’est là, selon le félinide qu’ils allaient trouver Naazarith, cette aeldari qu’il allait falloir rallier à leur cause. La zone est question, jonchée d’anciennes ruines, était abandonnée et plutôt traitresse car située en plein désert. Ils s’en rendirent compte assez vite. A peine posés, ils se déployèrent et inspectèrent les ruines alentours quand Jocasta leur signala un danger tout proche. Une dizaine de tarelliens, des mercenaires xenos reptiliens jaillirent des sables et leur tombèrent soudain dessus.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 16/12/2024 à 19:45 Citer ce message

    Praxx fut le plus prompt à réagir, identifiant tout de suite, derrière un muret, le chef des tarelliens. Il décida de contourner un bâtiment en ruine afin de le prendre par surprise. Altaïr, voyant un groupe de xenos leur foncer dessus, tenta de se mettre à couvert mais glissa sur un tas d’éboulis et dégringola à l’intérieur d’un bâtiment à demi effondré. En l’espace d’un instant, un groupe de Tarelliens était sur eux, poussant des sorte de cris roques et gutturaux, semblables à des aboiements mêlés de claquement de langues. Ils étaient musculeux avec un cuir écailleux épais, bien qu’étant un peu plus petit qu’un humain standard. Comme la plupart des sauriens, ils disposaient d’une longue queue et d’une gueule garnie de crocs. Ils portaient tous un assortiment d’armes disparates, impériales et xenos à la fois. Uriah cria au pilote de leur navette, qui était descendu aussi avec son arme à la main, de vite remonter à bord tandis qu’ils absorbaient la première charge. Des cultistes humains suivaient juste derrière, similaires à ceux déjà affrontés aux mines des Cyclades. Le combat fut brutal car Uriah et ses hommes n’eurent même pas le temps de s’y préparer. Le libre marchand et le Brute furent blessés par des coups de lames. Säde aussi même si elle parvint à vaporiser le torse d’un des xenos à l’aide de son pistolet Inferno. Kenway évita un tir et riposta mais ce fut la réaction de Jocasta qui évita qu’il fut pris à revers, lui, Praxx et Säde. Deux cultistes leur fonçaient dessus et elle les foudroya instantanément à l’aide de son œil warp. L’éclair rouge sang qui les frappa, embrasa leurs yeux et leur cerveau en même temps. Ils s’effondrèrent au sol, comme des sacs sans même avoir le temps de hurler. Malgré les cris de Säde, le pilote fut rattrapé tandis qu’il remontait la rampe arrière, tentant de la refermer derrière lui. Un des cultistes l’attrapa par le col, le tira en arrière sur le sol et lui fracassa le crâne à coups de masse en hurlant sa joie. Altaïr avait vu la scène lui aussi mais avait perdu du temps pour intervenir, il se redressa en grimaçant et ouvrit le feu en rafale à l’aide de son bolter, exterminant le cultiste qu’il démembra en plusieurs morceaux.
    Praxx était sur le chef tarellien et tentait de le planter de sa lame. Il avait un peu présumé de ses forces car le xenos en face de lui était un sacré gaillard, solidement armuré et un féroce combattant aussi. Il planta ses crocs dans le bras de Praxx, cherchant à le forcer à lâcher son épée. Säde se rua à sa rescousse, voyant le félinide en fâcheuse posture. Pendant ce temps, la Brute et Uriah combattaient un groupe d’ennemi, épaulés par Kenway et Altaïr. Ils parvinrent à faucher deux ou trois ennemis pourtant le situation ne tournaient pas encore à leur avantage. Uriah et la Brute étaient encore plus blessés, tout comme Praxx et même Säde s’était pris un tir sans trop de gravité, mais elle saignait beaucoup. Jocasta de son côté, était parvenue par miracle, à éviter les tirs et les coups et continuait de foudroyer tous les imprudents qui se tenaient dans sa ligne de vue. Pour cela, elle se déplaçait habilement, de manière à toujours avoir ses équipiers dans son dos ou sur les côtés. Deux Tarelliens tombèrent eux aussi, la face explosée tandis que leur crâne éclatait tel un fruit mûr sous la pression de la chaleur insoutenable des éclairs warp.
    C’est alors qu’un grondement sourd et un fracas de métal torturé se répercuta alentours. Une énorme masse venait d’apparaitre sur une des ailes de la navette Aquila qui bascula sur le côté, à cause du poids. Une machine infernale de la taille d’un dreadnought était en train de monter sur l’Aquila. Faite de métal, elle avait l’apparence d’une sorte de prédateur, ramassé sur lui-même et dont les pattes au nombre de six, étaient garnies de griffes et de lames aussi longues qu’un homme adulte. Sa tête bestiale, bien que machine, était clairement animée d’une pulsion maligne, hurlant un son subsonique qui ébranla tout le monde. A ses côtés, trois individus gravissaient aussi la navette. Des hereteks, à en juger par leur tenue et leurs implants.
    La Brute se mit aussitôt à ouvrir le feu de son pistolet bolter tout en hurlant et mitraillant. Uriah allait pointer aussi son arme mais une hideuse créature jaillit du ravin qui se trouvait en contrebas, lui sauta dessus. Il s’agissait d’un solide xenos reptilien lui-aussi mais différent des Tarelliens. Il était quadrupède alors qu’ils étaient bipèdes et son cuir était plus foncé aussi. Il était armé d’une sorte d’arme automatique monté en baudrier et il empestait le lait caillé et la menthe. Il se rua sur lui avec son haleine qui empestait et lui planta un coup de griffes. Uriah recula de plusieurs pas tandis que l’abomination se jetait sur lui en faisant tirer son arme automatique dont la rafale le manqua de peu. Il avait pris le temps de se saisir du fusil drukhari qu’il avait emmené et portait dans le dos. Il ne maitrisait pas bien une telle arme mais se dit qu’en se dégageant, il espérait lui tirer dessus à bout portant.
    Plus loin, sur sa droite, Säde venait d’abattre le chef des Tarelliens, d’un tir qui lui vaporisa son horrible tête de reptile. Praxx et elle étaient sérieusement blessés et n’avaient pas grand-chose à opposer à une telle machine infernale. Säde venait de vider son pistolet Inferno et se saisit de son bolter.
    Kenway et Altaïr se mirent à tirer sur la machine qui sauta vers eux, faisant trembler le sol. Leurs bolts ne firent aucun dégâts sur l’épais blindage, laissant juste des marques noircies à chaque impact. Uriah venait tout juste de se débarrasser du gros lézard qui lui collait le train en le criblant de microcristaux toxiques à l’aide de son fusil éclateur. Le corps de la bête bascula dans la ravin et c’est là qu’il la vit. A quarante mètres de là, sur l’autre versant de la falaise, au-delà du ravin juste après les ruines. D’abord un tir qui percuta la machine infernale dans un flash de lumière et qui l’ébranla. La machine se mit à pousser une sorte de hurlement strident au moment où ses lames allaient tailler en pièce Altaïr et Kenway, les manquant alors de peu. Jocasta en profita pour contourner la navette par la gauche, prenant ainsi les hereteks sur le côté. Avant qu’ils n’aient eu le temps d’intervenir, elle était à portée et les foudroya eux aussi, grillant les cortex des deux premiers et faisant basculer le troisième, celui qui était le plus modifié des trois. Elle devait encore s’en approcher pour le finir mais il n’était pas mort. La machine se redressa et s’apprêta à charger de nouveau mais le même tir d’énergie la percuta de nouveau en même temps que les bolts de Säde. La brèche béante ouverte dans la créature infernale venait d’être fatale. Des fluides noirs et des éclairs rouges s’en échappaient en même temps qu’une fumée grasse emplie de formes terribles. La Brute continuait de tirer en hurlant et se fut Kenway qui finit par lui sauter dessus qui parvint à l’assommer à coup de crosse. Le monstre de métal s’embrasa et explosa d’un coup, projetant tout le monde au sol dans des gerbes de débris et de flammes.

    Kenway et Jocasta se relevèrent des débris, de la poussière et des flammes alentours. Ils s’en sortaient sans trop d’égratignures. Uriah, Säde et Praxx étaient blessés mais sans trop de gravité. La Brute et Altaïr avaient été plus sévèrement touchés et ne bougeaient plus.
    Au centre de l’explosion se tenait un démon, reconnaissable à son cuir rouge sang et à ses longues cornes. Il affichait une rage bestiale. Cherchant une cible, il se rua vers le plus proche d’entre eux, Kenway.
    Une lame noire comme la nuit jaillit dans sa main et il s’apprêta à frapper au moment où un tir le frappa et un trou d’une dizaine de centimètre de diamètre se creusa dans son torse. Il tituba dans sa lancée, reculant d’un bon mètre. Un sang rouge écarlate jaillit à gros bouillons, presque de manière démesurée. L’arme à antimatière lui désintégra tout ce qu’avait pu contenir sa cage thoracique, laissant un vide à la place. Le coup qui aurait dû être mortel causa un hurlement au démon. Il se retourna au moment où la femme aeldari propulsa sa seconde arme. Elle courrait et sauta les huit derniers mètres de la falaise, d’un seule bond, tout en propulsant une sorte de longue lance à double lames dentelées, tel un harpon et tranchante comme un rasoir. D’une pirouette, elle atterrit en souplesse sur le bord, de leur côté, au moment où la lance embrocha le démon en plein abdomen, le reculant d’un bon mètre. Il se vida de nouveau de plusieurs litres de sang et de ses viscères putrides avant de s’embraser en couinant comme un grox qu’on égorge. Là aussi, le choc warp les fit tous reculer à leur tour. L’aeldari laissa passer quelques secondes puis vint ramasser son empaleur, tout en rengainant son pistolet. Elle salua Praxx d’un petit signe de tête.
    C’était une créature étrange pour ceux qui n’avaient jamais croisé de drukhari de leur vie. Car c’en était une. Grande et élancé, elle portait ces tenues de combat légère de ces gladiatrices adeptes du corps à corps, en cuir xenos.
    Praxx leur présenta Naazarith et lui désigna Uriah en retour.
    -Nous en parlerons plus tard, mais ne restons pas là, leur dit-elle dans un parfait bas Gothique avec un accent étrange, comme un écho sorti tout droit d’une crypte. Ils vont en envoyer beaucoup d’autres, ils savent que nous sommes là.
    Uriah distribua quelques ordres rapides, le temps que les blessés soient évacués vers la navette, comme le corps du malheureux pilote. Ils prirent le temps de ramasser trois pistolets xenos au sol et Kenway alla aux commandes de l’appareil qui avait pas mal souffert de l’attaque mais pouvait encore tout juste voler. En quelques instants, ils étaient à bord et la navette décolla tandis qu’une myriade d’engins motorisés était déjà en approche.

    Les deux jours suivants passés à bord furent des plus perturbants et à bien des égards. On pouvait dire que l’arrivée d’une drukhari ne laissa personne indifférent et déchaina même certains débats des plus houleux. Cela souleva bien des interrogations et Uriah eut la soudaine nécessité de vérifier si Cole Kane, le frère de Merelda était bien toujours à bord...
    Ces deux évènements, l’arrivée d’une sulfureuse drukhari et la présence effacée du mystérieux et ténébreux Cole, vinrent se télescoper soudain, sans même que les deux n’aient eu besoin de se croiser une seule fois ni même sans que cela ait eu le moindre rapport. Pourtant leur présence sur ces quelques jours qui suivirent, déclencha une série d’évènements qui allait devoir semer un profond malaise à bord du Morning Star…
    Tout d’abord, Naazarith fut celle par qui les problèmes commencèrent. Elle ne se montra aucunement hostile avec eux, juste curieuse et ostensiblement amusée de déceler leur malaise en sa présence. Certes, tous les Aeldari restent une race hautaine, décadente et à la limite du supportable pour le moindre humain, mais force était de constater qu’ils avaient besoin d’elle.
    Pour la majorité d’entre eux, c’était la première fois qu’ils voyaient un tel spécimen de si près. Elle était grande - un bon mètre quatre-vingts, athlétique, sculpturale même. Ils l’avaient vu bondir, tel un félide, puis sauter au-dessus d’un ravin en un éclair. Le tout, sans effort apparent.
    Déjà, elle ne se déplaçait pas tout à fait comme une humaine. Mais plutôt comme le ferait une panthère. Sollicitant chaque muscle et économisant l’art du déplacement. Elle observait, restait attentive à son environnement et donnait cette impression de savoir en permanence où se trouvait chaque individu. Elle entendait et voyait mieux qu’eux tous. Notamment dans l’obscurité la plus totale. Ses réflexes étaient foudroyants aussi. Ses gestes pouvant être aussi gracieux que ceux d’une artiste, que fulgurant comme l’était l’attaque d’un scorpion, même pour des gestes simples.
    Elle parlait couramment le bas Gothique même si elle possédait un accent impossible à reproduire. Une sorte d’écho dans sa voix suave et grave en même temps. Même si sa voix était féminine, elle ne ressemblait à aucune voix féminine. C’était assez perturbant de l’écouter et même la regarder était juste troublant. Elle paraissait jeune et pourtant ceux qui connaissaient un peu les drukhari savaient que certains d’entre eux pouvaient être âgés en siècles ou en millénaires. Ces yeux trahissaient des connaissances plus anciennes qu’aucun humain ne pourrait jamais connaître. Ce charme aussi exotique que vénéneux ne laissa personne indifférent alors qu’elle les observait avec une certaine attention et un petit sourire aux lèvres, comme un félide regarderait une souris.

    Altaïr, une fois remis de ses blessures face aux entités démoniaques, ne cachait pas son intérêt croissant pour cette xenos aussi intrigante que toxique. Il en avait déjà affronté par le passé, mais toujours à distance, mais là, il se trouvait un peu comme ces savants fascinés par leur découverte. Très vite, il fut la mouche qui se piégea toute seule dans la toile, conscient de jouer là, un jeu dangereux. En tant que Grand Intendant à bord, il se chargea lui-même, devant l’inconfort de ses équipes, de l’installer dans une aile isolée du navire, lui réservant une vaste cabine qu’elle aurait tout le loisir d’aménager à son goût. Ce qui était son intention. Il passa du temps avec elle, lui amenant des affaires, du mobilier et des livres et il devint évident que son intérêt malsain pour elle dépassait très clairement l’étude scientifique. Au fil des jours, il devenait parfois difficile pour lui, de cacher les traces qu’elle laissait sur lui, comme les marques de son nouveau territoire.

    Jocasta n’en avait jamais vu de près pour sa part, mais avec son habitude de voir les horreurs du warp, la xenos ne lui parut pas si dangereuse, du moins en apparence. Jusqu’au moment où cette dernière croisa Jocasta dans une coursive. Elle lui dit alors avec un léger sourire rêveur qu’elle était une « délicate abomination tout bonnement délicieuse à regarder et qu’elle adorerait un jour la disséquer dans son sommeil ». Finalement cela horrifia la jeune navigator qui préféra ne même plus vraiment lui parler.
    Uriah, de son côté avait été tout bonnement impressionné par les prouesses martiale de la drukhari et à la fois, intrigué bien que méfiant. Il n’ignorait pas la dangerosité d’une telle créature mais restait fasciné d’en voir une en vrai, de si près, surtout sur son propre vaisseau. De plus, cette situation n’était pas pour lui déplaire en réalité. Les xenos incarnaient un sombre interdit dans l’Imperium et il se plaisait à évoluer justement sur cette frontière, surtout qu’il appréciait de jouer en dehors des limites de l’Imperium.
    La Brute, lui, en avait déjà combattu sur Kritias il y avait une bonne dizaine d’années et avait bien failli en mourir à l’époque. D’ailleurs, Altaïr, Djoko et Isa étaient là aussi. Il avait d’ailleurs passé plusieurs mois dans le coma et selon les medics de l’époque, il ne devait pas survivre. Mais c’était mal connaitre ce bon vieux Lysander qui n’en finissait pas de revenir d’entre les morts.
    Il restait des plus attentifs à ce genre de créatures qu’étaient les fourbes drukhari. Non pas qu’ils l’impressionnaient mais il gardait de fâcheux souvenirs de ces combattants qui l’avaient mis au tapis avec beaucoup trop de facilité. Et forcément cela laissa une trace en lui. Pour l’heure, il préféra considérer la xenos comme une alliée de circonstance avec laquelle ils allaient devoir négocier. Il resta malgré tout attentif et se préparait, à la moindre incartade à lui coller un bolt en pleine tête, ce qu’elle identifia rapidement comme une menace non voilée. Il se heurta d’ailleurs vivement à l’avis d’Uriah et d’Altaïr, un soir dans le strategium, indiquant clairement qu’il poserait son veto si elle devait rester au sein de l'équipage.
    -Je lui ai justement proposé de rester et elle a accepté, lâcha Altaïr tout en se servant un verre d’amasec.
    -Tu as quoi ? Fulmina la Brute.
    -Nous dit pas que tu as recruté cette xenos à bord ! S’étonna Uriah, à son tour.
    -Elle va travailler avec nous et je trouve que c’est un formidable sujet d’étude pour…
    -Nan, mais juste sur cette mission, pas au-delà !
    -Naazarith dispose de certains avantages qui…
    -Elle reste uniquement le temps pour nous de régler la situation avec ces histoires de portails entre Bremedia et Onidès, tonna la Brute. Ensuite, elle dégage ! Ce genre de mercenaire, on traite avec eux dans un bar, ou dans les bas-fonds mais pas sur le pont d'un vaisseau libre marchand, surtout comme le nôtre. Donc après cette mission, elle partira et ce sera non négociable.
    Il savait qu’Helleth, la missionnaire ne pouvait lui donner tort. En revanche, Altaïr n’était pas de son avis et Uriah restait convaincu que Praxx était tout aussi convaincu qu’elle détenait la solution.
    -Pour l'instant on n’a pas le choix, elle doit pouvoir nous aider, du moins pour reconquérir Onidès, répondit Uriah. Et surtout, elle pourrait bien détenir des informations qui ne nous sautent pas aux yeux. Après, la Brute a raison, il va falloir que j'ai une discussion avec Praxx. Il avait parlé d'une Aeldari, non d’une Drukhari.

    Dans la nuit, Uriah se réveilla soudain, en nage et préoccupé. Ludivine dormait paisiblement à ses côtés et il chercha à ne pas la réveiller. Hier soir, il l’avait faite venir à bord afin qu’ils discutent ensemble des derniers détails diplomatiques à tenir quand elle est ses officiers se rendraient demain sur Bremedia.
    Elle était venue pour lui parler aussi de Nessa, puisqu’elle devait justement les accompagner, mais aussi des différentes informations relevées sur Bremedia. Six forteresses avaient ainsi pu être identifiées, correspondant très certainement aux six maisons, pourtant une septième avait été repéré, elle aussi. Le château situé sur l’île centrale de Highfire. Ce fut à ce moment qu’ils en oublièrent leur conversation. L’Ile de Highfire venait d’éveiller tout autre chose en eux que l’envie de sujets politiques. D’ailleurs, il n’y eu même pas de conversation tout court.
    Malgré ces moments des plus plaisants avec Ludivine, il lui arrivait encore la nuit de faire des cauchemars qui finissaient en bain de sang, mais c’était moins fréquent ces temps-ci. Pourtant, la même obsession revenait et le sang finissait par couler sans qu’il ne sache vraiment par qui, ce qui accentuait sa paranoïa croissante ces derniers temps.
    Il se glissa hors des draps et sortit de la chambre tout en vérifiant ses bandages qui couvraient ses récentes blessures. Les cicatrices commençaient à tirer mais c’était bon signe. Il vérifia que son pistolet à plasma était bien à portée de main, posé à côté de ce nouveau pistolet à impulsion t’au. Myst, son singe mimétique, lui sauta alors sur l’épaule en dévoilant ses petites canines. Uriah referma la porte derrière lui et alla dans le salon, piocher dans une grappe de chanalain tout en gratouillant la tête de son petit familier.
    -Oui, tu as faim, toi aussi, sale petit chapardeur.
    Il observa le petit singe qui sauta sur la table, ayant pris l’apparence de la drukhari, tentant de reproduire sa démarche. C’était toujours extrêmement perturbant de le voir prendre la forme d’un membre de l’équipage comme la Brute ou Jocasta, ça l’était encore plus de le voir se changer en xenos. Cela surprenait la première fois, même si Uriah finissait tout doucement par s’y habituer.
    -Non, ce n’est pas elle qui me préoccupe le plus en ce moment, même si je me serai bien passé de sa présence si tu veux savoir.
    Il lui lança un grain de chanalain que le petit singe attrapa habilement au vol avant de croquer dedans, puis il activa l’unité vox de sa cabine et sélectionna le numéro de Praxx, son nouveau maitre espion.
    -Désolé de vous réveiller, Maitre Praxx. Une histoire me turlupine. J’aimerai que vous vous assuriez que les Kane sont toujours à bord. Je n’arrive pas à en dormir la nuit, c’est pour dire.
    -Qui ça ? Marmonna le félinide qui, lui donnait l’impression d’être réellement tiré d’un sommeil profond.
    -Merelda et Cole Kane. Le frère et la sœur du gouverneur Kane de Tartuga II, ceux que nous avons en tant que… Qu’invités… vous voyez ?
    -Ah oui… Très bien. C’est que… Merelda est sur le Daughter of Tempest, cela ne sera pas simple de…
    -Je me charge de vous faire accorder un sauf-conduit, ce ne sera pas un problème.
    Uriah baissa alors le ton de sa voix.
    -Mais je préfère que la capitaine Frae Spinaiser n’en sache rien pour l’instant.
    -En vérité, capitaine… Je pense que c’est ma présence qui risque de poser problème. L’équipage du Daughter of Tempest est moins conciliant envers les mutants que celui du Morning Star.
    Uriah se remémora alors que Praxx, comme nombre d’abhumains, pouvaient parfois effrayer l’équipage. Et ça, c’était dans le meilleur des cas. Le pire étant ceux qui espéraient l’attraper dans une coursive déserte pour lui faire la peau.
    -Par le warp, en effet… Je chargerai Säde de s’en occuper dans ce cas. Concentrez-vous déjà sur Cole, je veux savoir s’il est toujours là et ce qu’il fait.
    -Votre premier officier a déjà des hommes à lui qui se chargent de sa sécurité, c’est bien cela ?
    -Oui, mais comme notre sénéchal, le colonel Lysander sort à peine du bloc medicae et ne peut tout gérer en ce moment. Je compte donc sur votre discrétion et surtout sur votre regard neuf sur cette affaire. Des détails ont dû nous échapper et je n’ai aucune confiance en ces Kane.
    -Entendu. Je vous fais un rapport à la première heure.

    Dans la matinée, la confusion était parvenue à son comble.
    La Brute venait de recevoir un rapport de ses boscos, lui indiquant qu’un cadavre venait d’être retrouvé dans la cabine de Cole Kane et que lui-même avait disparu. Jocasta, dans la même heure, confirma être allé dans cette même cabine et n’avoir trouvé aucun corps. Après s’être renseigné auprès du bloc medicae, là aussi aucun corps ne semblait non plus s’y trouver. Altaïr venait tout juste d’être informé, il chercha à contacter Säde pour finalement apprendre qu’elle était déjà à bord du Daughter of Tempest, sans qu’il n’en ait été prévenu, apparemment à la demande d’Uriah dans la nuit.
    La Brute les réunit alors dans le strategium à la première heure et ordonna à des boscos d’aller chercher le capitaine et de trouver ce satané félinide.
    -C’est quoi cette histoire de cadavre dans un placard ? S’impatienta la Brute. Comment Praxx a eu cette information ?
    -Il semblerait que le capitaine lui a demandé d’aller voir Cole Kane, commença Jocasta.
    -Pour quelle foutue raison ?
    -Voir s’il était toujours là ? Je ne sais pas…
    -J’ai fait poster deux gardes devant sa cabine, jour et nuit, pourquoi et comment serait-il ailleurs que dans sa cabine ?
    Jocasta leva les mains devant elle.
    -Demandez au capitaine, je n’en sais rien, moi.
    -Et donc ce cadavre serait celui d’un garde si j’ai bien compris ? Reprit Altaïr.
    -D’après les rapports, je n’ai aucun garde manquant à l’appel. Même si j’attends encore quelques confirmations. Et ce corps il est où, justement ?
    -Il n’y a pas de corps, reprit Jocasta. J’ai demandé à Abigael de vérifier auprès de la baie medicae et de la morgue, il n’y a rien.
    -Trône, mais qui c’est Abigael ?
    -Abigael Dolorosa, l’archiviste et maitre bibliothécaire qui est à mon service… Vous vous rappelez ?
    La Brute effectua un geste de la main, comme pour éluder la question.
    -C’est une histoire de fous, je n’y comprends plus rien ! Praxx a trouvé un corps, il est passé où ?
    -Aucune idée, mais en arrivant dans la cabine après lui, je n’ai rien trouvé.
    -Et les gardes, ils ont vu quoi ?
    -Rien. Juste Praxx puis moi. Mais aucun corps qui n’a disparu.
    La Brute se passa la main sur le front en soufflant.
    -Säde n’a même pas été envoyé sur cette affaire ? C’est le travail du Maitre des murmures, après tout.
    -Apparemment le capitaine s’en serait chargé. Il l’a envoyé surveiller Merelda sur le Daughter, compléta Altaïr.
    -Suis cette affaire de près, la Science, si tu veux mon avis. Et Praxx ? Où est passé ce satané mutant de malheur, on doit l’interroger !
    La porte s’ouvrit et Uriah entra en trombe à ce moment dans le strategium, terminant d’aboutonner sa chemise.
    -C’est moi qui ai demandé à Praxx de rechercher Cole. Il n’est plus dans sa cabine, du coup Praxx est à bord en train de fouiller partout pour le retrouver. J'ai aussi envoyé Säde enquêter sur Merelda avec l'accord de Ludivine tôt ce matin et là, j’apprends que Cole a disparu depuis plus de vingt-quatre heures. Mais bordel de Trône, il ne nous manquerait pas une navette, non ?
    -Non, les navettes sont toutes là, confirma la Brute. Sauf celles qui font les allers-retours entre le Morning Star et le Daughter of Tempest. Mais aucune ne manque, j’ai fait vérifier.
    -Et Merelda est bien à bord du Daughter of Tempest, c’est sûr ? Demanda Altaïr.
    -Oui, Säde et Ludivine me l’ont confirmé à l’instant. Säde va se charger de la surveiller justement. Donc si je résume, reprit Uriah. Praxx a fouillé la cabine de Cole, il a trouvé un cadavre et ensuite le cadavre a disparu tout comme Cole. Donc, vous me mettez tout le monde en alerte, on a un intru à bord qui risque de nous fausser compagnie.
    -J’ai déjà déclenché l’alerte auprès des boscos. Ils sont sur le coup, ajouta la Brute. J’attends juste qu’ils me remontent leurs rapports. Les hangars à navettes sont déjà sous surveillance.
    -Suis ça de très près. On a un invité surprise et je déteste ça.
    Il fit un signe à Jocasta, lui demandant de bien vouloir disposer. Ce qu’elle fit en effectuant un petit signe de tête.
    Il attrapa la Brute et l’entraina un peu à part dans le strategium. Juste devant la grande baie qui donnait sur l’orbe ocre qu’était Bremedia, plus loin en contrebas.
    -Tu as une sale tête. Tu te remets de ce dernier accrochage à Tartaros ? Que disent les medics ?
    -Les blessures ne sont pas si graves mais j’ai encore quelques troubles oculaires, par moment.
    -Des hallucinations, tu veux dire ? Tu as vérifié si tu n’avais rien ? Les entités warp sont de véritables saloperies et…
    -Oui, je vois Helleth en ce moment. Elle m’aide à tenir le coup. Ça ira.
    -D’accord… J’irais lui parler. En attendant, ne lâche pas les boscos, je veux qu’ils me trouvent Kane, compris ?
    La Brute hocha la tête, le salua et quitta la pièce lui aussi.
    Uriah vint alors trouver Altaïr, déjà occupé à se servir un amasec de si bonne heure. C’est lui qui avait été le plus blessé lors de l’accrochage de Tartaros, pris dans l’onde de choc de l’explosion. Lui aussi affichait une sale mine et sa lèvre coupée et ses pupilles dilatées n’étaient pas dans cet état hier soir. Uriah suspectait que son sénéchal ait quelque peu tenté de jouer à un jeu malsain avec cette drukhari. Il en savait Altaïr parfaitement capable. Il aborda habilement un tout autre sujet pour détourner l’attention.
    -On a des nouvelles de Djoko, en ce moment ? Cela fait un moment que je ne l’ai croisé sur la passerelle.
    -La Brute lui a donné quelques jours avec Bonnett. Ils viennent juste d’avoir leur fille, tu sais et…
    -Malheur, c’est vrai ! Avec tous ces évènements nous n’avons même pas pu célébrer cela. Je n’ai même pas eu le temps de passer voir Alisabeth et la petite pour la féliciter. Djoko, comment il va ?
    -Tu connais Djoko… ça le chamboule un peu. Comme cette histoire de mariage entre toi et…
    -Oui, bin c’est clairement pas le moment, là. Regarde déjà pour trouver un moment pour Bonnett, il faudrait qu’on marque le coup…
    -Je m’en occupe, mais c’était un peu chargé ces derniers jours entre les medics et devoir installer cette xenos à bord…
    -A d’autres… Tiens, justement, as-tu obtenu des informations de la part de ton invitée ou bien t'es-tu juste distrait un peu trop avec elle, vieux brigand ? Dit-il en lui désignant sa lèvre fendue.
    Altaïr prit son habituel air faussement outré de coupable innocent.
    -Je me suis coupé en me rasant, c’est tout.
    -En te rasant ? Tu portes une barbe, je te signales.
    -Désolé capitaine, mais je ne vois absolument pas de quoi vous parlez…. Mais non… Elle n’a pas d'information supplémentaire.
    Il prit une gorgée d’amasec et grimaça à cause de sa lèvre meurtrie. Uriah leva les yeux au plafond.
    -Crois-tu qu’elle serait capable de retrouver la trace de ce Cole ? J’ai cru comprendre que les drukhari savent traquer des proies, elle pourrait donc s’avérer utile, tu ne crois pas ?
    -Eh bien, si tu tiens vraiment à passer la voir…
    -Pose-moi ce verre, et allons-y.

    Lorsqu’ils entrèrent dans sa cabine, elle est installée nonchalamment sur un canapé, occupée à lire un livre d’histoire qu’Altaïr lui avait apporté. Une bouteille de vin hors de prix, vide se trouvait posée à côté sur un élégant petit guéridon et de l’encens brulait dans un servo-crâne élégamment vandalisé et reconverti en cendrier. Il flottait dans la pièce et sa lentille optique lui avait été arraché, le rendant aveugle. Un mélange musqué, cuivré et sucré flottait dans l’air. Comme du sucre fondu mêlé à du sang et de l’obscura. Une odeur typique de femelle drukhari.
    -Je vous en prie, entrez… Dit-elle, sans détacher ses yeux du livre dont elle feuilletait les pages de ses doigts aux ongles peints en noir et effilés tels des rasoirs.
    Uriah vint s’assoir sur un des sofas en face d’elle, observant le mobilier et la touche de décoration qui venait d’y être apporté. Le tout était assez élégant quoique morbide. Des fioles de couleurs inquiétantes étaient alignées sur des étagères au côté de bocaux contenant des fœtus impossible à identifier et autres horreurs. Des lames et des crânes complétaient une décoration sombre et macabre et il n’eut aucune peine à y reconnaitre certains effets très personnels de son sénéchal, à côté de fouets, des menottes et autres instruments qu’il préférait ne même pas tenter d’identifier. Uriah reporta son regard vers la xenos, cherchant à éluder le fait qu’elle était bien trop peu vêtue à son goût. Ce genre de créature était troublante mais ne l’attirait absolument pas, à l’inverse de son dépravé de sénéchal.
    -Naazarith, j'aurais besoin de savoir si vous pourriez solutionner un problème, pour moi ?
    D’un geste désinvolte, elle balança le bouquin dans la pièce. Sur la console, à côté de la bouteille de vin, elle saisit, d’un air désabusé, un petit plateau en argent et aspira une longue trainée de poudre qui y était répandue. Elle releva son regard vers lui tandis que ses yeux se mirent à prendre une teinte d’un vert translucide légèrement luminescent.
    -On s’ennuie à mourir sur votre horrible vaisseau… Votre nourriture est infecte et ce livre était pathétique de toute façon, comme tous les autres. Son auteur, ce Saul Wormius, supposé être un de vos grands historiens aurait dû être exécuté…
    Elle fixa son regard de serpent sur lui.
    -Résoudre quel problème, mon cher capitaine ? Quelqu’un à écorcher vif ?
    -Non… Je, j'ai une personne qui s'est… Comment dire ?... Egarée sur mon vaisseau. Pourriez-vous m'aidez à lui remettre la mains dessus ?
    -Vraiment ? Traquer et chasser une proie… J’aime bien l’idée. Dites m’en plus. C’est quoi cette personne ?
    -Un certain Cole Kane. Le fils d’un noble que l'on a récupéré sur une autre planète et qui pourrait avoir pris la place d'un de mes gardes avec son uniforme.
    -Vous comptiez en faire quoi de ce rejeton ?
    -C’est une longue histoire… Disons que son père nous a demandé de le prendre avec nous comme… Emissaire de sa famille.
    -Un émissaire d’une famille noble, donc ? Un humain ?
    -Oui. Enfin, nous le supposons.
    Elle lança un regard amusé à Uriah et eut un petit rire sardonique.
    -Que signifie ce regard ? Vous en savez plus que nous sur ce sujet ?
    -Sur nombre de sujets, oui. C’est même une certitude.
    -Revenons juste à notre sujet.
    -Je m’amusais juste du fait que vous ne saviez pas si c’est un humain ou non. Pourtant… Votre race est si... Primaire et prévisible.
    -Je préfère me méfier des apparences, voyez-vous.
    -Savoir se méfier de ses pairs est toujours prudent. Vous le retenez donc captif… Pour quelle raison ?
    -Pour des raisons de sécurité.
    -Pourquoi ?
    -On pense qu’il est dangereux, ajouta Altaïr. De simples soupçons.
    -Vraiment ?
    -Nous sommes certains qu’il est dangereux, compléta Uriah.
    Elle se leva d’un bond et se trouva devant lui en une fraction de seconde. Lui susurrant à l’oreille.
    -Vous avez capturé la bête et elle s’est échappée de sa cage… A moins que vous ne soyez la proie désormais ? Personne ne s’égare sur un vaisseau. Il se cache de votre regard… capitaine.
    Uriah resta un instant troublé par la fragrance du parfum qui se dégageait d’elle. Un mélange piquant et acidulé de pétales de lacrymata et celui doux-amer de rose de Zamarkand, deux poisons extrêmement mortels une fois combinés. Elle se redressa tout en restant campée devant lui avec un air amusé.
    -Vous auriez un Ur-ghul avec vous ? C’est tellement pratique pour traquer sa proie.
    Uriah lui lança un regard étonné.
    -Non, je… Nous ne possédons pas de… Gurghul…
    Elle entreprit de fouiller parmi ses fioles alignées sur ses étagères.
    -Et ce noble que vous recherchez, que chercherait-il à faire à bord, selon vous ?
    -Il aurait laissé, dans sa cabine, un garde complètement desséché. Qui aurait fini lui-même par disparaître.
    -Vraiment ? Cette histoire n’est pas très claire, mais au moins, elle va me distraire… Montrez-moi donc sa cabine.

    Le trajet parmi les coursives ne manqua pas de passer inaperçu. Chaque membre d’équipage croisé, resta totalement interloqué de voir leur seigneur capitaine et le sénéchal en compagnie d’une xenos. La nouvelle se répandit telle une trainée de poudre. Pourtant, Uriah avait bien d’autres félides à fouetter en cette heure matinale. Ils se présentèrent devant les deux boscos postés devant la porte de la cabine en question. Eux aussi avaient du mal à en croire leurs yeux mais Uriah claqua des doigts, les forçant à rester concentrés.
    -Cole Kane est-il à l'intérieur ?
    -Non la cabine est vide, Seigneur.
    -Très bien, qui est venu depuis le passage du Félinide ?
    -La… navigator primaris, Seigneur.
    -D'accord, ouvrez la porte.
    Les gardes les laissèrent entrer puis restèrent dans le couloir.
    Ils entreprirent de fouiller toute la cabine, placard compris mais ne trouvèrent rien de plus.
    Uriah se tourna vers Naazarith.
    -Une impression, un indice ?
    Elle haussa les épaules.
    -Personne n’a été tué dans cette chambre. On peut le sentir tout de suite.
    -Bien d’accord… Autre chose ?
    -Votre invité a trouvé une astuce très habile afin de vous fausser compagnie.
    -Laquelle ? Ce cadavre qui a disparu ?
    -Voyons… C’était lui le cadavre, il s’est joué de vous et son tour à fonctionné. Vous aviez vérifié si c’est un, comment vous dites ? Un psyker ?
    -Oui et ce n’est pas le cas, à moins qu’il soit suffisamment puissant pour dissimuler sa présence à mon astropathe et ma navigator.
    Elle eut une petite moue dubitative à ce sujet.
    -Vous savez, parfois on attire des créatures bien plus puissantes que soit, dit-elle tout en lançant un regard plein de sous-entendus vers Altaïr.
    -Et donc vous sauriez le traquer et le retrouver ? Lui demanda Uriah sans avoir perçu l’échange entre les deux.
    -Très certainement. Mais je veux quelque chose en échange.
    -Que souhaiteriez-vous ? Si cela me semble acceptable, je pourrais certainement vous l'accorder.
    -Je veux assister à des combats entre gladiateurs. Vos hommes et femmes d’équipage. Régulièrement. Il n’est pas absolument nécessaire qu’ils s’entretuent, je ne compte pas dépeupler votre vaisseau. Juste qu’ils se combattent. J’ai très envie d’évaluer leurs capacités.
    Uriah lança un regard interrogateur vers Altaïr, lui demandant son avis. Ce dernier haussa les épaules.
    -Des combats sont organisés fréquemment à bord. Cela ne devrait donc pas poser de souci.
    -C’est d’accord, répondit Uriah, mais seulement si vous me le retrouvez avant.
    Elle se pencha vers lui et lui glissa à l’oreille :
    -Et si votre golem qui vous sert de garde du corps a l’intention de m’assassiner. Sachez que moi, je pourrais prendre ce défi très au sérieux.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 18/12/2024 à 23:59 Citer ce message

    Ludivine et ses principaux officiers avaient passé ces derniers jours à planifier studieusement leur approche sur Bremedia. Il n’était pas question de refaire les mêmes erreurs que sur Tartuga II. La stratégie mise en place était de s’assurer que les troupes de Krieger sur Onidès ne repèrent pas leur petit manège. Cela signifiait mettre le plus de distance entre leur navire et le satellite naturel de Bremedia. Ensuite, une navette Aquila les transportant devait être en mesure de rejoindre la surface. Des six royaumes, ils avaient tablé sur une forteresse centrale, celle située sur l’Ile de Highfire dans la Mer des Sept Vents, entre les côtes des royaumes de Tourlaine et de Zlhane. Si leur intuition était la bonne, et selon Ludivine et Sœur Alexia, elle l’était, cette île devait abriter une sorte de pouvoir centrale. En effet, six royaumes ne pouvaient coexister depuis tant de millénaires sans qu’un monarque ne soit le garant, même d’un semblant de cohésion.
    La libre-marchande, assistée de ses officiers élaborèrent ainsi leur mission diplomatique. Elle se rendrait donc, le lendemain, à la forteresse de Highfire en qualité de princesse de la Maison Frae Spinaiser, représentante des deux maisons libres-marchandes. Pour cette mission protocolaire, elle serait accompagnée de Vesuvio, son premier officier et conseiller militaire, de Syulf son sénéchal et maitre commercia, d’Alexia d’Alsimar, sa diplomate et émissaire de l’Ecclésiarchie, mais aussi de Volt Solutex, son premier technaugure. Les mondes chevaliers possédaient toujours un lien fort avec l’Adeptus Mechanicus, ainsi la présence du magos s’était imposée telle une nécessité. Afin de compléter son équipe diplomatique, elle emmènerait aussi Marcus Shaan, son discret et vieil astropathe ainsi que Nessa pour des besoins de traductions sur place mais aussi Säde Lindholm, le maitre des murmures d’Uriah. Ce dernier avait insisté sur ce point, il tenait qu’elle soit présente et ainsi soit la représentante officielle de la Maison Goldberg en cas de tractation. Uriah avait beau avoir confiance en Ludivine, il préférait malgré tout couvrir ses arrières et son maitre des murmures était là pour ça, de toute façon.
    La veille du départ, au soir, Ludivine était sur sa passerelle, occupée à discuter avec ses officiers des derniers préparatifs.
    Syulf et Alexia tenaient à ne pas arriver les mains vides. Ils avaient plaisanté sur le fait d’apporter de la verroterie aux natifs, mais c’était avant tout une façon de parler. Nulle visite protocolaire ne saurait venir traiter d’accords sans respecter le protocole ou l’étiquette, ni sans apporter des cadeaux dignes de ce nom. Ils firent sortir de leur armurerie quelques armes qui sauraient impressionner comme une épée énergétique, un bolter ou ce genre d’arme préstigieuse.
    Vesuvio tenait à ce qu’ils emmènent aussi avec eux, une puissance de feu conséquente, juste au cas où cette histoire d’étiquette et de cadeaux tournerait court. L’archimilitant n’était pas là pour les ronds de jambe et en général, la diplomatie était selon lui, comme la paix. C’était une période de pause, plus ou moins courte et inutile entre les inévitables rafales de bolter.
    -C’est sage, en effet, mais j’espère que nous n’aurons surtout pas à en arriver là, lui dit la jeune libre-marchande.
    -Ne vous inquiétez pas, Madame, nous aurons la puissance de feu de notre côté. S’ils font les malins, il nous reste les ogives thermonucléaires.
    -Je ne m’inquiète nullement, Général Vesuvio. Je serais fort attristée de voir de tels efforts pour rallier ce monde inestimable, partir ainsi à néant. Les séides d’Absalom Krieger s’échinent déjà à saboter nos propres projets, alors inutile pour nous aussi de devoir tirer les premiers. Ce monde rejoindra l’Imperium, j’y mettrai un point d’honneur.
    -Bien entendu, Seigneur-Capitaine.
    -Loué soit le Trône de Terra, souffla sœur Alexia.
    -En revanche, la prudence reste de mise et notre arsenal restera à bord de la navette, sous bonne garde. Je vous laisse gérer ces détails, général, je vous fais confiance sur ce point.
    -Oui, Madame.
    Elle reporta son attention vers la sœur Famulus qui regardait le monde autour duquel ils gravitaient lentement, par la baie polarisée, s’étant retirée dans un coin sombre de la passerelle. Elle approcha d’elle, en silence.
    Alexia priait en silence, égrainant les perles de son chapelet ecclesiasticus, d’une main.
    -Cette idée de présents est une délicate attention, Alexia, j’apprécie.
    La sœur se tourna vers elle et lui sourit, passant sa main gantée sur la joue de Ludivine.
    -Ma douce enfant, vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis fière de vous. Vous voilà devenue la digne héritière de votre défunt père et de sa noble lignée.
    Ludivine eut soudain les yeux qui se mirent à briller. Une ombre passa sur son si joli visage.
    -Il serait fier de vous, Ludivine, reprit la famulus.
    -J’espère… Dit-elle d’une petite voix étranglée. Père me manque tant.
    -Il nous manque tous, mon enfant, mais il est auprès de l’Empereur désormais. Un privilège que peu d’entre nous aurons un jour la joie de connaitre. Quelle plus belle récompense que de vous savoir à sa place, perpétuant ainsi le nom de sa maison.
    -Ma mère aurait dû reprendre la Lettre, au moins le temps que je…
    -Le temps que quoi ? Dame Elanore, votre mère n’était pas le choix premier de votre père, vous le savez. Il a su écouter mes conseils avisés avec la plus grande sagesse. De plus, de ses quatre enfants, vous êtes l’aînée et c’est à vous qu’incombe cette lourde tâche, voilà pourquoi je vous y prépare depuis votre plus tendre enfance. Voilà pourquoi vous êtes exceptionnelle en tous points et pourquoi votre devoir est de servir la volonté de l’Empereur-Dieu. Vous comprenez, ma douce enfant ?
    Ludivine laissa couler une larme qu’elle essuya et hocha doucement la tête.
    -Oui.
    -Parfait. A présent nous allons devoir régler ensemble cette affaire de monde chevalier. Je peux compter sur vous ?
    -Bien sûr !
    -Je serais à vos côtés, n’ayez crainte. Ils vous mangeront dans la main. Je vous organiserai alors un mariage digne d’une légende, ma chère enfant. L’effet ne risque pas de passer inaperçu. Et je compte bien capitaliser dessus. Six maisons dont les lignées remontent à l’antique Terra viendront alors s’agenouiller devant vous. Il faudra alors mesurer toute la magnitude d’un tel acte.
    -Et devant Uriah.
    Alexia eut un très léger tic nerveux au niveau de son œil droit, presque imperceptible.
    -Oui… Oui, bien évidemment…
    Alexia reporta alors son attention vers une silhouette qui approchait mais restait à quelque distance, comme par délicatesse.
    -Oh, notre petite protégée… Je pense qu’elle souhaite s’entretenir avec vous.
    Ludivine allait lui demander d’approcher mais Alexia fut plus rapide et d’un doigt, signifia à Merelda de ne surtout pas bouger. Puis à voix basse, elle s’adressa à Ludivine.
    -Nous reparlerons d’Uriah et de vous, à un autre moment, justement.
    -A quel sujet ?
    Alexia reprit un regard soudain plus dur et émit un léger soupir.
    -Je sais fort bien que vous avez bravé un interdit avec lui. A plusieurs reprises et ce, malgré mes mises en gardes.
    Ludivine toisa son regard en retour.
    -Je pense avoir passé l’âge de ce genre de mise en garde, ne croyez-vous pas ?
    -Je prie juste que vous ne tombiez pas enceinte avant ce mariage, ma fille.
    -Avant ? Après ? Et alors ? J’aime Uriah, cela ne changerait rien.
    -Justement si, vous tomberez enceinte. Mais quand et de qui, c’est encore à moi de le décider. Ne l’oubliez pas, ma chère enfant.
    Elle effectua un nouveau geste, indiquant à Merelda de bien vouloir approcher, tandis qu’elle, préféra se retirer.
    Ludivine se retourna et vit Merelda qui hésitait à approcher. Elle lui fit signe de venir, ce qu’elle fit, jetant un regard intimidé vers Alexia qui s’éloignait.
    Merelda la salua élégamment. Les deux jeunes femmes étaient de stature équivalente, pourtant elles étaient le jour et la nuit, aussi bien physiquement que dans ce qu’elles dégageaient. Merelda aurait pu être un double négatif de Ludivine et pourtant, toutes deux avaient noué une sorte de connexion, de complicité depuis qu’Uriah avait jugé bon d’exiler la fille Kane sur le Daughter of Tempest.
    -Capitaine… Je ne voulais aucunement vous importuner, vous sembliez aborder un sujet des plus… importants.
    -C’était important, mais nous en avions terminé de toute façon. De quoi vouliez-vous parler, Merelda ?
    -Je tenais à vous remercier pour votre accueil et pour… Comment dire, me faire participer à certaines discussions à bord aussi. C’est fort aimable de votre part.
    -Votre père est gouverneur et voulait que vous appreniez la vie à bord d’un navire. Je partage son avis et trouve cela fort louable de sa part.
    -Il est vrai que, mon frère et moi avons été élevé bien loin de cet Imperium et de sa vie riche en aventures. En dehors de la chasse, je ne connais que peu de chose, en réalité.
    Elle eut un petit rire gêné.
    Ludivine était en train de se dire qu’elle n’avait jamais eu une amie de son âge. Ses dames de compagnie étaient de vieilles servantes, aussi aimables que des servo-crânes et même Alexia avait l’âge d’être largement sa tante. C’était sa confidente et diplomate mais les sœurs du Famulus étaient avant tout des conspiratrices, certes pour le bien de la Maison mais elle n’était pas cette jeune fille de son âge avec qui elle pourrait avoir une réelle complicité. Il était bien trop tôt pour l’envisager mais elle avait bien l’intention de devenir amie de cette demoiselle intelligente, énigmatique, un peu effacée et pourtant si pleine de charisme, au point qu’elle aurait fait plus que tourner la tête d’un jeune officier du Morning Star. Ludivine adorait, de plus, ce genre de romance qui la sortait de son quotidien parfois si pesant.
    -Eh bien j’espère que vous êtes ici à votre aise.
    -Ce vaisseau est très agréable. J’ai encore un peu de mal à me faire à l’espace et à la nourriture mais, votre sollicitude me touche.
    -Bien… Demain, je dois descendre en visite protocolaire sur Bremedia, comme vous le savez. Cela vous dirait de m’accompagner ?
    -C’est très gentil à vous, capitaine, mais cela me gênerait beaucoup en réalité. Il s’agit d’un sujet politique de premier plan, si j’ai bien tout saisi. Ma présence, serait fort déplacée en réalité. Je m’en veux de devoir décliner, mais je crois que je devrais rester à bord. Je me ferais un plaisir de descendre plus tard, pour votre mariage si vous consentez à m’y inviter, bien entendu ?
    -Vous plaisantez ? Evidemment que vous y serez invitée. Cette affaire est déjà entendue. En attendant, en mon absence, je pourrais peut-être voir avec le capitaine Goldberg afin que vous puissiez voir votre frère. J’imagine qu’il doit vous manquer ?
    Merelda eut un peut sourire gêné en retour et Ludivine devina alors sa signification.
    -Oh, vous voudriez peut-être voir ce garçon, plutôt ? Ce jeune lieutenant, c’est ça ?
    Merelda eut soudain un large sourire alors que ses yeux se mirent à briller tandis qu’elle hochait la tête.
    -Je verrai ce que je peux faire. Mais à mon retour, faites-moi plaisir, prenons un thé toutes les deux, je pense que nous aurons mille choses à nous raconter.
    Un officier de ses fusiliers vint se tenir juste à côté et la salua. Ludivine se tourna vers lui alors que Merelda en profita pour prendre congés. Ludivine et elle, se firent juste un petit signe de tête. Elle reporta son attention vers l’officier.
    -Oui, lieutenant ?
    -Une femme d’équipage vous demande à la porte de la passerelle, Seigneur-capitaine. Dois-je la renvoyer ?
    -Qui ça ? Demanda-t-elle tout en voyant une jeune femme qui attendait, encadrée par deux gardes.
    -Je n’ai pas tout compris, capitaine. Une servante envoyée par le Morning Star, visiblement. Il parait que vous êtes au courant ?
    -Ah oui. Le capitaine Goldberg m’en a parlé ce matin. Une histoire confuse, mais ça ira…
    -Dois-je la faire entrer ?
    -Non, lieutenant, merci. Je vais aller lui parler directement.
    Il salua et Ludivine sortit de la passerelle, venant trouver la jeune femme. La trentaine, blonde, un air plutôt froid ou bien mal à l’aise dans sa tenue qui détonnait quelque peu. Si Uriah ne lui en avait pas parlé, elle ne l’aurait sans doute pas reconnu tout de suite.
    -C’est vous que le capitaine Goldberg envoie ?
    -En effet, Madame.
    -Le déguisement était superflue, mais qu’importe. Vous vouliez savoir où est Merelda Kane, c’est bien cela ?
    -Mon Seigneur-Capitaine tenait à ce que je m’en assure, en effet.
    Ludivine lui désigna la jeune fille, tout de noir vêtu qui se tenait un peu plus loin, devant la baie vitrée, à observer les étoiles.
    -Eh bien, comme vous le voyez, elle est ici, sous ma surveillance. Autre chose ?
    -Il aimerait que ses appartements soient fouillés et que vous m’affectiez à son service, sans qu’elle ne sache qui je suis en réalité.
    -Eh bien, puisque ce sont vos ordres, je vais vous y conduire, suivez-moi. Puis-je savoir ce que vous recherchez ?
    -Le capitaine ne m’a donné aucun détail.
    Elle lui indiqua de la suivre dans une série de coursives. Elle fit signe aux deux gardes de les accompagner. Ce qu’ils firent. Elle reporta son attention vers elle.
    -Je lui en toucherai un mot. Je ne suis pas convaincue que vous puissiez être ainsi affectée à son service, vous faites partie des officiers du Morning Star, votre visage est certainement connu.
    -Je passe vite inaperçue, croyez-moi.
    -Nous verrons cela.
    Elles arrivèrent à la cabine et Ludivine utilisa son code personnel pour déverrouiller la porte. Elle indiqua à Säde de bien vouloir entrer. Ce qu’elle fit.
    -Je vous laisse. Prenez le temps qu’il faudra. Quand vous aurez terminé, demandez aux gardes de vous raccompagnez jusqu’à la passerelle, nous aurons à parler.

    Le lendemain matin, leur navette descendait tout droit dans l’atmosphère de Bremedia et survola la Mer des Sept Vents en direction de l’île de Highfire. A son bord, se trouvait Ludivine et sept de ses conseillers dont Säde. Le soir-même, Uriah avait demandé qu’elle accompagne Ludivine sur place, estimant que cette mission était devenue prioritaire étant donné que l’enquête sur Merelda n’avait finalement rien donné.
    Ils lancèrent alors un appel vox, les identifiant et demandant une autorisation de solliciter une audience auprès de l’actuel régent.
    Au bout de quelques minutes, une réponse leur parvint en haut Gothique.
    -Libera navis oneraria, permissa est tibi terra in platea magna ante Templum. Te emissarium principis principis excipiet.
    -Qu’ont-ils répondu ? S’étonna la Brute. C’est quoi leur charabia ?
    -C’est une forme de haut Gothique, confirma Alexia, soudain soulagée de reconnaitre une langue quasi officielle.
    -Ils disent qu’on peut atterrir devant le grand temple et qu’un émissaire va nous recevoir, compléta Nessa.
    -Parfait, ajouta Ludivine. Pilote ? Posez-nous comme indiqué.
    Ils approchèrent de l’île dont l’architecture monumentale en pierre blanche et crème était tout bonnement majestueuse avec un château dont les tours dépassaient les quatre cents mètres de hauteur. Les bâtiments était d’un classicisme antique que l’on ne voyait plus depuis des millénaires dans cette partie de l’Imperium. Le contraste était saisissant. Une ville s’étendait sous eux, digne d’un monde de légendes.
    Elle reporta son attention vers ses conseillers dans l’habitacle.
    -Inutile d’y aller avec toute notre artillerie. On y va en petit comité. On a des retours auspex ?
    -J’en ai, répondit Vesuvio. Mais je capte trop d’interférences entre une population concentrée et une technologie bien présente mais impossible à cibler.

    La navette finit par se poser à l’endroit indiquée. Depuis la navette il était difficile d’y voir quoi que ce soit, aussi Ludivine ordonna au pilote d’ouvrir la rampe arrière et demanda à ses officiers de la suivre. Tous, pour l’occasion avaient revêtu des tenues d’apparat flambant neuves. Même Nessa et Säde en portaient. Une fois la poussière causée par l’atterrissage avait-elle été dissipée, qu’ils aperçurent le comité d’accueil. Des dizaines d’hommes d’armes avaient ceinturé la place. Non de manière menaçante mais ils en bloquaient toutes les issues à des dizaines de mètres de là. Leurs uniformes étaient gris, comme leur casque en fer et comme armes ils portaient d’antiques fusils à répétition ainsi que des lances à décharge, pour la plupart. Quelques armes lourdes étaient aussi positionnées à des points stratégiques. Enfin, ils ne les virent qu’en dernier car ils durent contourner leur navette pour les voir enfin. Deux machines de dix mètres de haut leur faisait face, à l’autre bout de la place. Deux impressionnants Chevaliers Questoris qui pointaient leurs immenses canons, droit vers eux.
    Depuis une des machines, un porte-vox se mit à cracher un message dans la même langue. La voix porta au-delà de toute l’immense place.
    -Cognosco te ipsum et annuntiate voluntatem tuam !
    -Ils demandent de vous annoncer et de préciser vos intentions, capitaine, leur traduisit Nessa.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 07/01/2025 à 16:53 Citer ce message

    Ludivine lui répondit dans un parfait haut Gothique, selon le protocole nobiliaire, déclinant ses titres, fonctions et intentions. L’émissaire vint alors à sa rencontre, encadré de gardes en armures, la salua et lui demanda, à elle et ses officiers de bien vouloir le suivre. Ce dernier se présenta comme le sénéchal Ismael, intendant du palais.
    -Nous avons aussi apporté quelques présents pour votre régent, dit-elle tout en désignant des gardes de sa suite, chargés de coffres.
    -C’est fort aimable. Il en sera ravi, je puis vous l’assurer.
    Ismael les fit conduire dans une aile du palais, immense, qui leur fut dédiée. Il s’agissait d’un ensemble de salons et de jardins d’agréments intérieurs dans lesquels il les laissa s’installer. Une coterie de laquais vint leur proposer des plateaux chargés de boissons, de fruits et de quelques douceurs. Tandis que Vesuvio s’assurait que les lieux ne représentaient nul danger, Ludivine réunit Syulf et sœur Alexia sur un petit pont qui surplombait un jardin. En contrebas se trouvaient dans des cages, des oiseaux exotiques aux couleurs chatoyantes ainsi que des petits mammifères qui eux, sautaient dans les branches des arbres d’agrément.
    -Quelles sont ces petites créatures à fourrure ? S’étonna Ludivine. Je les trouve tout bonnement adorables.
    -Je crois qu’on appelle cela des écureuils, répondit Alexia.
    -Ce sont des ptérocureuils, pour être exact, moins connus sous leur nom scientifique de skiouros vampyr que leur donnent les magos biologis, ajouta Syulf. Mais ne vous fiez pas à leur fourrure soyeuse et à leur petite frimousse, ni au fait qu’ils peuvent presque voler. En temps normal ce sont des rongeurs parfaitement dociles et très facile à domestiquer. Raison pour lesquelles on en trouve souvent comme petit animal de compagnie. Cependant… Ils ont la particularité de se transformer parfois en dangereux carnivores si leur nourriture venait à manquer. Une sorte d’évolution… Certaines petites filles de bonnes familles en auraient déjà fait les frais, dévorées vivantes par leurs petits animaux de compagnie.
    Ludivine lui lança un regard emplie de dégoût. Parfois son sénéchal avait sa façon bien à lui d’aborder certains sujet, de manière un peu trop scientifique et sans la moindre retenue.
    -Mais c’est horrible !
    -C’est la nature, ma chère capitaine. Raison pour laquelle j’avais fortement déconseillé à madame votre mère de vous en acheter un quand vous étiez petite.

    Au bout de quelques dizaines de minutes, Ismael revint les trouver.
    -J’ai fait réunir le conseil restreint. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre ?

    Ils furent conduits dans ce qui devait s’apparenter à une salle du conseil, au milieu de laquelle trônait une table ronde entourée de fauteuils à haut dossier. Ismael leur présenta les quatre autres personnages qui se trouvaient là. L’Oratrice Alfgarda Ordil, une femme entre deux âges, au visage sévère, arborant des augmentiques. Il la présenta comme étant la voix officielle du Haut-Monarque, le régent Hildonus Zhlane qui n’était pas présent. Les trois hommes l’accompagnant formaient le reste du conseil restreint, à savoir, l’Egide Sigebert Tourlaine, un colosse à la crinière noire, revêtu d’une armure impressionnante. L’Egide était le seigneur protecteur personnel du Haut Monarque. En face de lui, se tenait le Maitre de justice Alwin Orloaf, un homme d’âge mûr, austère et sec, avec un regard pénétrant à vous glacer le sang. Enfin, le dernier membre qu’il présenta était le Haut Technaugure Clodwig. A l’instar de tous les magos, ce dernier portait des robes rouges et toute une panoplie d’augmentiques et implants qui faisait de lui, plus une machine qu’un humain.
    Ismael invita Ludivine et ses officiers à prendre place à la grande table.
    -Vous devez avoir des questions à nous poser, j’imagine ? Leur dit-elle.
    -En effet, commença l’oratrice. Nous n’avions plus de nouvelles de l’Imperium depuis près d’un siècle et ne disposant plus d’astropathe, il nous était impossible de contacter les autres sous-secteurs. C’est donc une joie pour nous de pouvoir enfin renouer avec la civilisation. J’imagine que vous avez des nouvelles à nous apporter ?
    -En réalité, c’est le cas. Il y a cependant une affaire qui va réclamer la plus grande urgence.
    -Laquelle ? Lui demanda le Maitre de Justice.
    -Avez-vous le moindre contact avec Onidès, votre satellite ?
    -Pas depuis des décennies, reprit l’oratrice. La population a été décimé et son atmosphère est hostile depuis cette époque.
    -Savez-vous comment cela s’est-il produit ?
    -Des pirates et des armes virales, apparemment. De ce qu’en ont dit les témoins mourants de l’époque.
    -Nous venons de faire escale sur Onidès et il se trouve qu’une… Certaine population y habite toujours. Les armes virales ont tué le plus grand nombre mais pas tout le monde. Nous en avons été témoins, il s’agit désormais d’un repère de pirates et d’hérétiques.
    -Sont-ils nombreux ? Lui demanda l’Egide.
    -Assez pour chercher à vous déclarer la guerre.
    Les conseillers se permirent un petit rire.
    -Qu’ils essaient, cela pourrait nous amuser.
    -Nous avons mené une enquête et prenons cette menace très au sérieux, répondit Ludivine.
    -Ils assemblent en ce moment-même une armée de machines démoni… Ajouta Syulf, aussitôt coupée par Alexia qui lui fit les gros yeux.
    -Ils assemblent, en effet des machines de guerre heretek, afin de lancer une offensive sur Bremedia, reprit-elle.
    -Et comment comptent-ils s’y prendre pour les amener jusqu’ici ? Ils disposent de vaisseaux ?
    -Ils comptent utiliser un portail aelda…
    Alexia lui marcha sur le pied, afin de le faire taire. Syulf était un habile scientifique, mais il était parfois parfaitement ignorant des questions politiques ou de la foi. Parler de démons et de xenos, ouvertement sur un monde féodal pétri de superstitions pouvait faire totalement paniquer leurs interlocuteurs, ce qui aurait été des plus contreproductif.
    -Ils comptent activer un portail… De téléportation… Se reprit Syulf.
    -Pour nous attaquer, ici sur Bremedia ? Demanda l’Egide.
    -Ce sont en effet leurs plans. Voilà pourquoi nous sommes en train d’élaborer une stratégie pour les contrer avant qu’ils ne lancent leur attaque, mais espérons obtenir le soutien de vos maisons.
    -Pour lancer une attaque, ici sur Onidès ?
    -Absolument. Voilà pourquoi nous aimerions solliciter l’aide de vos six maisons.
    L’oratrice leva la main afin de couper toute discussion.
    -Le problème est qu’une partie des six maisons se fait actuellement la guerre. Les réunir autour d’une table ne sera pas chose aisée. Il va nous falloir convoquer surtout le Haut Monarque afin de lui faire part de ces accusations. Disposez-vous de preuves sur tout ce que vous avancez ? Ce sont là de terribles nouvelles.
    Alexia ouvrit son sac et en sorti son servo-crâne qu’elle activa. Il se mit à flotter au-dessus de la table en bourdonnant.
    -Comme nous l’avons dit, nous avons mené une enquête minutieuse sur Onidès et avons collecté une série de captures pix qui nous montrent le type de menace qui vous vise.
    Elle prononça une litanie d’activation et ordonna à son servo-crâne de diffuser une séquence pix préalablement enregistrée. Le petit drone projeta un cône de lumière verte dans lequel apparut une série d’images. On pouvait y voir des bandes de pillards, comme ceux affrontés par Uriah et ses hommes, mais aussi des véhicules marcheurs hybrides de toutes tailles, dont certains pouvaient aisément rivaliser avec les Chevaliers.
    La séquence ne dura que trois minutes, mais cela suffit amplement.
    -Nous allons devoir en informer le Haut Monarque de toute urgence, leur dit l’oratrice. J’imagine donc que c’est le secteur Karthago qui vous envoie ?
    Ludivine interrogea ses officiers du regard. Si ses souvenirs étaient exacts, ce sous-secteur avait été impliqué dans le conflit de la Guerre de Badab, même si les raisons officielles restaient encore obscures. Quoi qu’il se soit passé à l’époque de Lufgt Huron et des Astral Claws, protecteurs de la région, lui et les richissimes dirigeants karthagiens entrèrent en conflit pour une histoire de dîme. Pourtant, cela dégénéra en une guerre totale qui embrasa les six sous-secteurs de la Zone du Maelstrom pendant dix ans. La plupart des mondes, pourtant prospères de cette riche région ne s’en remettaient toujours pas, même un siècle après, tellement les pertes et les destructions furent immenses.
    Elle l’ignorait mais l’Inquisition ordonna un Edit d’oblitération dans les années qui suivirent, afin que personne ne sache que les Astral Claws disparus étaient devenus les Red Corsairs. Mais surtout cet édit effaça l’histoire de la gouverneure du secteur d’alors, Tanit Koenig ainsi que toute sa noble maison, qui furent exécutés pour « Ambition indécente et gestion calamiteuse, indignes de serviteurs de l’Empereur ». Même les quatorze milliards d’habitants de Sidon Ultra, le monde dîme, riche capitale du système Sagan, siège de Karthago et de la maison Koenig, furent condamnés pour leur implication avec le régime, à six générations de servitude. Comme pour Galen VI, le monde de la Brute, un tiers de cette peine restait encore à purger. Aujourd’hui, Karthago restait l’ombre de ce secteur prospère qu’il fut jadis. Et même si, depuis quelques années, l’Administratum y avait rétabli son siège pour l’ensemble de la région, plaçant la puissante maison de Muizon à sa tête, cette zone restait encore fragile. En 914, à la toute fin de la guerre de Badab, elle dû subir encore les assauts d’une invasion ork, connue sous le nom de Croisade de Karthago qui ne prit fin que tout récemment, grâce aux Black Templars et aux Star Phantoms, notamment.
    Ce fut Alexia qui prit la parole, effectuant un geste discret vers la libre-marchande. La Famulus connaissait certains secrets, ce qui n’était pas le cas de ses compagnons. De plus, elle comprenait les risques d’implications politiques mieux que quiconque.
    -Ce n’est pas le secteur Karthago qui nous envoie, oratrice. Nous venons du…
    -Du sous-secteur Endymion, ajouta Ludivine peut-être un peu vite, car tentant de rentrer dans le jeu de la famulus.
    Les membres du conseils tiquèrent à cette remarque.
    -Endymion ? Pourquoi les Mantis Warriors vous envoient-ils, vous, si ce n’est pas indiscret ?
    Alexia ne le montra pas mais nota qu’il n’était pas très avisé de mentionner Endymion. A l’époque de la guerre, cette région était sous contrôle des Mantis Warriors, vassaux des Astral Claws et c’est par eux que le conflit débuta en 904, justement dans l’Amas d’Endymion.
    Deux siècles plus tôt, Huron avait été nommé par Terra à la tête des trois autres Chapitres Astartes afin de protéger la Zone du Maelstrom et ses cinq sous-secteurs initiaux : Badab, Endymion, Khymara, Magog et les Etoiles livides. Khartago était un secteur voisin, à part, administré comme une satrapie pour le compte de maisons marchandes extrêmement puissantes et fortunées, enrichies par les mondes miniers voisins, dont les ressources transitant par Badab, Cygnax et Sagan étaient vitales jusqu’à Mars.
    Avec le temps, manquant de renforts et de ressources pour protéger les frontières, Huron, lassé par ses requêtes vers Terra restées sans réponse, décida de prendre la situation en main. Il fit renforcer les frontières commerciales par ce qu’il appela l’Anneau de Fer, un ensemble de stations d’écoute, de forts de défenses orbitaux, de navires de patrouille et de champs de mines impénétrables. C’est dès cette époque que les karthagiens le surnommèrent le Tyran de Badab, car Huron s’était autoproclamé défenseur et Seigneur de Badab et par extension, des cinq autres sous-secteurs vassaux.
    Devant les renforts qui n’arrivaient pas et fasse à l’avidité croissantes des dirigeants karthagiens qui siphonnaient inlassablement les ressources minières en dîme pour l’Administratum, Huron appliqua un blocus sur leurs navires, réemployant la dîme afin de financer les défenses de la région.
    Quelques mois auparavant, il avait déjà atomisé une flotte marchande envoyée par Koenig, afin qu’il restitue la dîme à Karthago. Pour toute réponse, Huron avait rétorqué que par décret de Terra, un Maitre de Chapitre de l’Astartes ne paie pas la dîme et que tout navire pénétrant ses frontières de manière hostile en subiraient les foudres.
    Il avait alors prévenu Karthago que toute prochaine intrusion dans son espace serait prise comme un casus belli. Tanit Koenig le prit au mot, espérant alors soumettre l’impudent Maitre de Chapitre Lufgt Huron sous son autorité. Elle avait missionné Stibor Lazaerek, le Maitre de Chapitre des Fire Hawks en personne, alors sous serment avec Karthago, d’envoyer plusieurs de ses navires aux frontières des étendues contrôlés par les vassaux des Astral Claws afin de les intimider. C’était mal connaitre la stratégie de Huron, qui avait verrouillé ses frontières de longues dates car les routes marchandes de la région subissaient toujours des attaques xenos venant du Maelstrom. Les navires Fire Hawks furent détruits ou forcés de fuir et le croiseur Red Harbinger fut capturé, ce qui déclencha les foudres de Lazaerek qui lança l’escalade du conflit. Tandis qu’il envoyait le reste de sa flotte à l’assaut, épaulée par le reste des navires marchands de Karthago, Huron profita de cette opportunité et lança à son tour un assaut sur le système Sagan resté sans défense, faisant tomber Sidon Ultra en une journée.
    Dix années et une dizaine de chapitres Astrates furent nécessaires pour mettre fin à cette guerre, comptant les pertes par millions.
    -Nous venons du sous-secteur Endymion mais n’avons pas pris part au conflit, il est terminé de longue date, ajouta habilement la famulus.
    -Oh… Voilà donc qui est une affaire réglée. Nous avions été informés que Badab était entrée en sédition et nous nous étions toujours demandé pourquoi la gouverneure Koenig n’avait pas fait appel à nos Maisons pour soutenir ce conflit.
    -Badab a été vaincu, en vérité.
    -Voilà qui est une excellente nouvelle. J’imagine donc que ce barbare de Huron aura été démis de ses fonctions et traduit en justice ? Rétorqua l’oratrice.
    -Il a été déclaré Excommunicate Traitoris.
    -Au moins, la justice n’aura pas trainée, dit-elle, tout en appuyant son regard vers Alwin Orloaf, le Maitre de justice.
    -Mais le coût aura été terrible. La maison Koenig n’existe plus aujourd’hui. Elle aura été un des terribles dommages collatéraux de ce conflit.
    Alexia avait préféré enjoliver la vérité. De toute manière, personne ne connaissait la vérité, en dehors des ordos et de quelques individus.
    -Trône, mais… Nous étions placés sous serment avec sa maison… Je comprends alors pourquoi plus personne n’a jamais cherché à nous contacté depuis… Mais qui dirige aujourd’hui Sidon Ultra et le secteur Karthago ?
    En diplomate avertie, Alexia se permit de sourire intérieurement. Il ne restait plus à Ludivine à se placer habilement et à jouer peut-être un coup de maitre avec la plus puissante maison de tout la Zone du Maelstrom.
    -Il s’agit de la nouvelle gouverneure de secteur, Lylen de Muizon dont la lignée remonte, elle aussi jusqu’à Terra.
    -Fort bien… Nous en aviserons aussi le monarque, il est probable qu’il souhaite s’entretenir avec elle.
    L’oratrice se leva, signifiant que la réunion était terminée.
    -Ce soir, vous serez nos hôtes. Demain, le Haut Monarque voudra vous rencontrer et nous convoqueront les barons des six maisons.
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  • Illuminati
    Illuminati

    le 11/01/2025 à 23:31 Citer ce message

    Des suites leur furent proposées pour la nuit, dans une des ailes située dans les hauteurs du palais. De leurs chambres, ils avaient une vue imprenable sur la mer des Sept Vents et l’ile d’Orliuns, un des fiefs de la maison Zhlane. Depuis ce point de vue, cela pouvait même donner le tournis, du moins pour ceux qui restaient peu habitués à voir l’horizon comme Suylf qui préféra fermer ses rideaux. Comme tous les ruchards de son espèce, la mer, le ciel et de vastes panoramas lui donnaient toujours le vertige.
    Le lendemain matin, après un petit-déjeuner, Ismael leur proposa une visite des jardins botaniques du palais pendant laquelle ils purent s’entretenir à propos du monarque et des barons à venir. Ludivine huma le parfum d’une lacrymata d’un blanc éclatant et au parfum aussi doux et enivrant que ses épines étaient mortelles. Elle chercha à en savoir plus sur les antagonismes entre les différentes baronnies mais le sénéchal resta quelque peu évasif.
    -Ce que je puis vous dire, ma chère, c’est que le conseil restreint est composé entre autres, de quatre membres issus des six maisons. Vous comprendrez alors aisément que deux maisons sont, de fait, toujours écartées du pouvoir.
    -Si j’ai bien retenu, le Haut Monarque est issu de la maison Zhlane, l’oratrice vint de la maison Ordil, l’Egide est de la maison Tourlaine et le Maitre de justice est de la maison… Orloaf… Ce qui signifie que les Sahida et les Florentine ne siègent pas au conseil ?
    -Tout à fait exact, chère enfant. Vous imaginez bien que cela pourra créer quelques tensions.
    -J’imagine que les luttes de pouvoirs sont courantes… Comment le Haut Monarque est-il nommé ?
    -Il est nommé à vie par ses pairs, les barons des six maisons. A sa mort, un vote a lieu et un des autres barons est désigné.
    -La succession n’est donc pas héréditaire ? Ce qui signifie que les quatre maisons ne sont pas toujours les mêmes ?
    -En effet. De plus, certaines maisons s’alliant contre d’autres, des jeux de pouvoir se mettent en place pour favoriser ou écarter telle ou telle maison. Et ces alliances changent parfois avec le temps.
    -Et quelles sont les maisons alliées ou ennemies ?
    -Ça, je vous laisserai en juger par vous-même… Je préfère ne pas altérer votre propre opinion.
    -Soit… Donc si le conseil compte quatre membres issus des baronnies, d’où sont issus les autres ?
    -Tous ne sont pas issus de la noblesse. Moi-même, par exemple ne provient pas d’une des six maisons mais de la plèbe, comme plus de quatre-vingt-dix pourcents de la population de Bremedia. J’étais à l’origine, l’intendant du baron Zhlane. Lorsqu’il a été nommé Haut Monarque, il a souhaité me garder à son service. Il aurait pu ne pas le faire, mais il en avait le droit. Il a aussi conservé certains membres du conseil et en a nommé d’autres. En faisant cela, en nommant un nouveau chevalier à la table du conseil, ce chevalier quitte alors sa maison pour devenir un sans-fief. Cela signifie, qu’à la mort du Haut Monarque, son propre successeur aura le choix de maintenir ce chevalier à son poste de conseiller ou d’en changer. S’il le change, le chevalier sans-fief ne pourra plus faire partie de sa maison et deviendra un loup solitaire, à moins de provoquer un duel…
    -Un duel contre qui ?
    -Contre le baron de son ancienne maison. Le duel est alors à mort. S’il gagne, il prend alors sa place et devient le prochain baron.
    -Cela doit alors terriblement complexifier les luttes de pouvoir…
    -C’est le propre des traditions sur un monde régit par des codes chevaleresques ancestraux et par la guerre qui coule dans leur sang. Mais nous en reparlerons si vous le souhaitez, je dois vous laisser et m’occuper de l’arrivée de nos barons justement. Je viendrai vous chercher pour le déjeuner avec le Haut Monarque.
    Ludivine le laissa vaquer à ses occupations et resta songeuse. De retour à leurs suites, elle y retrouva le lieutenant Säde Lindholm. Elle, ainsi que Nessa, Solutex leur magos et leur astropathe Marcus Shaan étaient restés à les attendre. Säde paraissait troublée. En temps normal déjà, elle paraissait introvertie et mal à l’aise, mais là, encore plus.
    -Quelque chose ne va pas, lieutenant ?
    La maitre des murmures fit un léger geste de la main.
    -Rien, quelques cauchemars nocturnes qui m’ont empêché de dormir, Je me suis vu tomber dans le vide en passant par une fenêtre, cette nuit … Mais rien d’inhabituel, je fais souvent des cauchemars, lui dit-elle avec un léger sourire. Juste que… Enfin, non rien.
    -Juste que quoi, Lindholm ?
    Ludivine croisa les bras et attendit.
    -Je m’étonnais que Merelda Kane ne soit pas descendue avec vous, capitaine. J’ai cru comprendre qu’elle voulait voir Bremedia… Et comme je devais la surveiller, je me demandais…
    -Nous en avons déjà parlé, lieutenant…. Le capitaine Goldberg a jugé plus utile de vous attacher à mon service pour cette visite protocolaire. De plus, Merelda Kane a trouvé opportun de ne pas se mêler de nos affaires diplomatiques, c’est une sage décision, je pense.
    -Mais qui la surveille ? Répondit Säde, encore un peu troublée et les pupilles un peu dilatées.
    -Vous êtes sûre que ça va ? Nous avions déjà évoqué ce point… Elle est restée à bord, en compagnie de mon intendante, Mademoiselle Sintabor. De plus, j’ai demandé à maitre Avicen, votre homologue sur mon navire, de garder un œil sur elle. Pour l’heure, elle se familiarise avec les métiers à bord.
    -D’accord…
    -Bon, restez là et prenez un peu de repos. Nous allons avoir ce déjeuner avec le monarque. On en reparle dans l’après-midi.

    Pour le déjeuner, ils furent conviés dans une vaste salle à manger du palais où les y attendaient, l’Oratrice, l’Egide, le Maitre de justice et bien entendu le Haut Monarque. C’était un homme barbu d’un certain âge, fatigué par les années mais disposant encore d’une solide stature. Il leur fit signe d’avancer. Ludivine et Alexia s’inclinèrent une fois parvenue à quelques mètres. Elles avaient informé Syulf et Vesuvio du protocole, devant s’adresser au monarque en l’appelant Votre Altesse ou Haut Monarque. En réalité, il disposait d’un statut équivalent à celui d’un gouverneur planétaire d’un monde majeur, tel qu’Isin ou Eshunna, donc nettement supérieur à celui de Ludivine.
    Ils prirent part au déjeuner composé de plateaux de crustacés, de rôtis de grox, de poulardes farcies et de légumes et sauces en tout genre.
    -Allons, capitaine, vous et vos gens, prenez place. Qu’on leur serve du vin, dit-il à l’intention des serviteurs.
    -C’est fort aimable de nous recevoir, Votre Altesse.
    Il balaya la remarque d’un revers de la main, tout en portant son verre à sa bouche.
    -C’est tout naturel. Pour une fois que nous avons de la visite, nous avons au moins quelques sujets intéressant à aborder et pouvons sortir l’argenterie.
    Les membres du conseil se permirent un petit rire.
    Elle lui présenta ses conseillers, Syulf, Alexia et Vesuvio.
    Le monarque reposa son verre et essuya sa bouche avec sa serviette.
    -Vous êtes bien jeune pour être capitaine d’un navire. Vous devez avoir d’autres qualités, dites-moi ?
    -Sans aucun doute, Votre Altesse.
    -Bien… Le temps est compté, aussi je tiens à ce que vous soyez brève et précise. Mon conseil m’a informé de ce soulèvement sur Onidès et de leur projet d’attaque. Il semblerait que vous ayez un plan. J’aimerai en connaitre les grandes lignes.
    -Ce plan est actuellement en cours d’élaboration depuis nos vaisseaux en orbite.
    -Vos vaisseaux ?
    -Le mien et celui de mon fiancé, le capitaine Goldberg.
    -Votre… Fiancé ? Le second libre-marchand ?
    -Tout à fait.
    -Et pourquoi n’est-il pas ici, à cette table ? Qu’a-t-il de plus urgent à faire que d’être à vos côtés, devant moi ?
    -Le temps nous est compté, comme vous l’avez évoqué… Il est impératif de préparer une contre-offensive, Votre Altesse. Cependant, le capitaine Goldberg compte nous rejoindre une fois le plan élaboré, afin de vous le soumettre.
    Le monarque émit un petit son désapprobateur et Ludivine faillit s’étrangler avec son rôti.
    -Servez-lui donc un autre verre à cette petite, vous ne voyez pas qu’elle s’étouffe ? Lâcha le monarque à l’attention de ses laquais qui s’activèrent telles des abeilles autour de leur reine.
    Le monarque désapprouvait clairement l’absence d’Uriah qui pouvait être prise comme du mépris de sa part, ou au mieux, comme une faute. Ludivine préféra contourner le sujet en reprenant son souffle.
    -Nous allons, cependant, avoir besoin du concours de vos barons et de leurs Chevaliers pour mettre ces plans en œuvre.
    -Je suis au courant, je les ai fait appeler. Ils seront là dans la soirée. Vous aurez alors tout le loisir de leur faire part de vos projets, dès demain matin. L’autre point dont j’ai eu connaissance serait la mise en place d’accords commerciaux avec Bremedia ainsi que son rattachement à l’Imperium. Est-ce bien cela ? Je pense qu’il est bien trop prématuré pour envisager quelque accords marchands, vous ne trouvez pas ?
    Syulf prit alors la parole.
    -Du carburant ou des munitions pourraient alimenter Bremedia régulièrement, Votre Altesse. Voire, des espèces exotiques. Nous avons cru entendre que vos pilotes s’entrainent avec leurs montures à chasser de grands reptiles ?
    -Nous vivons en parfaite autonomie depuis quinze millénaires, sénéchal. Nous sommes autosuffisants en énergie et fabriquons nos propres munitions. Quand aux sauriens que nous chassons, nous régulons leur nombre en vue de chasses. D’autres espèces, je ne saurais dire. Il ne faudrait pas qu’elles déstabilisent ce fragile écosystème.
    -J’imagine dans ce cas qu’il vous serait toujours agréable d’importer des produits de luxe, tels que des vins, des bijoux, du parfum, des soieries ou des denrées exotiques.
    Le monarque eut un petit rire sarcastique tout en désossant à la main, une cuisse de poularde.
    -Une guerre se profile à nos portes et vous me proposez du parfum ? Vous êtes sérieux ? D’une, la population de Bremedia est composée de serfs qui vivent de durs labeurs et dont la vie est dédiée à produire. Ils n’ont nul besoin de parfums et de soieries. De deux, mes barons disposent déjà de tout ce dont nous avons besoin. Nous sommes des gens de la terre et des guerriers, élevés dans la sueur et le métal, pour le champ de bataille, attachés à nos valeurs et nos traditions. Nous ne sommes pas de cette élite dont le seul fait d’armes est de se peindre le visage, de sniffer de l’obscura et de se pavaner dans des bals costumés en vue de commérages. Cependant… Oui, pour votre dernier point. Un rattachement va devoir s’imposer et vous pourriez y jouer un rôle. J’ai cru comprendre qu’une nouvelle élite avait vu le jour à Karthago mais aussi dans les autres sous-secteurs voisins. Parfait. Je veux un monde majeur, un monde capitale. Je vous laisserai me proposer vos meilleurs options et nous en reparlerons d’ici les prochains jours.
    Il se leva, aussi tout le monde se leva aussitôt.
    -Je dois vous laisser. On me signale que les premiers barons arrivent déjà. Je vais les convoquer en privée de ce pas avant que ces imbéciles ne s’égorgent. Demain matin, rendez-vous disponibles dès l’aube. Nous irons chasser le carnosaure. Vous verrez alors à l’œuvre nos armigères, nos Chevaliers les plus agiles, pilotés par nos jeunes écuyers, cela vous donnera un aperçu de leurs capacités en combat.

    Ludivine et ses officiers le saluèrent puis retournèrent à l’aile du château de Hautfeu, là où se trouvaient leurs suites dans les étages. Ils échangèrent encore quelques minutes avant de décider d’aller se coucher. Demain, la journée allait commencer tôt et serait certainement riche en rebondissements. Les barons seraient là, avec leur délégation composée de leur élite. Leurs meilleurs pilotes de Chevaliers, fiers, intrépides, insolents et arrogants. Tout cet aréopage de pilotes de combat, dont certains étaient en guerre ouverte, risquait fort bien d’être explosif. Pour cela, elle allait devoir compter sur tous les talents de son équipe. La première manche avec le monarque avait été serrée. C’était un homme direct et bourru, habitué à diriger plus comme un général d’armée qu’un diplomate. Le contrarier se payait dans la seconde et il n’était pas envisageable de s’opposer à son jugement ni à commettre de multiples erreurs.

    Juste avant l’aube, un grand tumulte la réveilla en sursaut. Alexia était déjà là, dans sa chambre, vêtue d’une simple robe de nuit. Elle peinait à dissimuler son pistolet bolter derrière elle.
    -Habillez-vous, madame, il vient de se passer quelque chose… De grave.
    Ludivine s’assit dans son lit, cherchant à reprendre ses esprits. Jamais Alexia ne la réveillerait pour une raison futile.
    -Quelqu’un est mort ?
    -Votre astropathe, Marcus Shaan… Des gardes viennent de trouver son corps vingt mètres plus bas sur les falaises. Il a chuté de sa fenêtre de chambre et a basculé dans le vide. Il est mort sur le coup.
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  • Illuminati
    Illuminati

    le 15/01/2025 à 22:44 Citer ce message

    -Qui vous a informé ? Lui demanda Ludivine, tout en se levant et enfilant sa robe, aidée par Alexia.
    -Un garde courrait dans le couloir, je suis sortie de ma chambre, intriguée par le bruit. Et c’est là, tout essoufflé, qu’il me l’a appris.
    Quelqu’un toqua alors à la porte. C’était Vesuvio. Ludivine venait de terminer d’enfiler sa robe, elle lui dit d’entrer, ce qu’il fit.
    -Il se passe quoi ? J’ai entendu des gardes parler d’un mort ?
    -Oui, entrez général, lui dit Alexia. Marcus Shaan, notre astropathe serait tombé de sa fenêtre et se serait tué, apparemment.
    -C’est une blague ?
    -Malheureusement non et nous n’avions clairement pas besoin de ce genre de problème, surtout aujourd’hui… Répondit Ludivine qui cherchait à enfiler ses bottines à la hâte. Allez vite réveiller les autres, nous allons devoir tirer cette affaire au clair.
    Il ressortit et referma la porte.
    -Vous aussi, vous écartez l’idée d’un accident ? Lui demanda la famulus.
    -C’est sans doute prématuré de l’affirmer, mais nous priver si tôt de notre astropathe est sans doute très opportun pour quelqu’un qui aurait des secrets à nous dissimuler.
    -C’est aussi ce que je pense. Vous pensez au monarque ?
    -Pas nécessairement lui. Plutôt son entourage ou ses barons. Il va nous falloir interroger l’intendant Ismael.
    -Et aussi profiter de la présence du lieutenant Lindholm pour investiguer. S’il y a des indices dans la chambre de Shaan, elle saura les trouver. Allez vous habiller, cette journée démarre sous de biens mauvais augures.
    -L’Empereur protège, capitaine.
    -Puissiez-vous avoir raison.

    Cinq minutes plus tard, toute l’équipe était réunie dans le hall de l’aile où se trouvaient leurs chambres. Ismael était là avec deux de ses gardes. Le hall central donnait sur les différentes suites, douze au total, que contenait l’étage. Il donnait aussi sur quatre volées d’escaliers donnant vers les étages inférieurs. Selon Ismael et ses gardes, tous les escaliers étaient gardés de nuit et personne n’était passé par là. Le corps, quant à lui, se trouvait en contrebas du bâtiment, sur des rochers qui jouxtaient la côte, donnant sur la mer à une trentaine ou quarantaine de mètres de là. Le corps était apparemment tombé du balcon de sa suite, située vingt mètres au-dessus. La mort avait été instantanée selon les premiers éléments et vu l’état des multiples fractures.
    Ludivine préféra tout de même en juger par elle-même. Elle demanda qu’on leur montre la chambre de l’astropathe. La suite en question se trouvait au bout de l’aile ouest, à l’angle nord, donc bien au-dessus de l’endroit où le corps avait été retrouvé. Ils se dirigèrent dans la suite, Säde et Ludivine en tête, au moment où Syulf leur intima de ne plus bouger.
    -Evitons de laisser des traces, nous entrons sur une possible scène de crime.
    Ludivine se retourna.
    -Et comment allons-nous procéder ?
    -Je suggère que seul, un d’entre nous, deux tout au plus, y entrent mais avec la plus grande précaution. Si des traces de pas ou autres indices sont au sol, nous risquerions de les piétiner.
    -Il a raison, confirma Säde. J’ai quelques expériences en la matière, je peux m’en occuper.
    -Je vais l’aider, ajouta Vesuvio. La chasse ça me connait. S’il y a des empreintes ou du sang, je saurai en tirer des conclusions.
    -Parfait, tous les deux, vous me passez la suite au peigne fin. Alexia, Syulf et moi, allons interroger les gardes et l’intendant. Ensuite, nous irons voir le corps.

    La fouille de la suite prit plusieurs dizaines de minutes. Le premier constat selon Säde était qu’il n’y avait nulle trace de lutte, nul désordre ni nulle trace de nourriture non plus. Les effets personnels de l’astropathe étaient là, encore rangés dans un sac. Sa robe d’astropathe et son bâton, posés sur un des canapés. Quant au lit, il était défait et indiquait que quelqu’un avait bien dormi dedans. Il en était de même dans le sanitorium où des affaires de toilettes étaient posées au côté d’un lavabo. Elle retourna dans la chambre, avec cette certitude d’être passée à côté de quelque chose. Elle se rejoua la scène dans sa tête. L’astropathe s’était déshabillé et s’était couché puis, à un moment dans la nuit, s’était levé, avait été sur le balcon et avait basculé dans le vite. Jusque-là, tout collait, pourtant il manquait la raison qui l’avait poussé dans le vide. Un suicide ? Personne n’y croyait. D’accord, les psykers étaient des êtres étranges et tourmentés, en proie à de nombreuses malédictions mais les astropathes possédaient une certaine force mentale qui les prémunissaient de sombrer dans la plupart des cas et Shaan n’avait jamais présenté de signes inquétants. Après tout, ils étaient une ressource importante pour un Imperium qui ne pouvait se permettre de les perdre aussi facilement. Preuve en était. Elle se remémora qu’ils avaient l’habitude de porter sur eux des amulettes et autres chapelets en guise de protection. Elle effectua un signe vers Vesuvio.
    -Aidez-moi à déplacer les meubles.
    -On cherche quoi ?
    -Un pendentif, un bracelet, n’importe quoi qui aurait été oublié ou perdu.
    Ils ne trouvèrent rien sous le lit ni sous un des canapés mais sous le deuxième canapé, Säde trouva une carte du tarot. Elle la ramassa. La lame en question représentait l’astropathe justement.
    -Tiens, tiens…
    Elle se tourna vers Vesuvio de nouveau.
    -Pas de trace du reste du jeu ? Dans son sac ?
    Vesuvio vida les affaires mais ne trouva rien.
    -Alors notre meurtrier l’a pris… Intéressant… Suivez-moi.
    Ils passèrent alors sur la petite terrasse par laquelle on pouvait accéder grâce à une porte-fenêtre qui était encore entrebâillée. Il s’y trouvait une table, des chaises et des plantes d’agrément, mais rien de plus. Säde ne nota aucune trace d’effraction. Le balcon était entouré d’une rambarde et là aussi, nulle trace ne permettait de déceler une possible lutte. Elle alla pour se pencher vers le vide mais hésita aussitôt. Son rêve de la veille venait soudain de lui revenir en mémoire où elle se vit tomber dans le vide. La coïncidence était un peu trop évidente à son goût. A ses côtés, Vesuvio se pencha, sans faire attention au malaise de sa collègue. Le vent soufflait fort mais pas au point de défénestrer quelqu’un.
    -On distingue le corps, en bas mais le jour n’est pas encore tout à fait levé. On ne voit pas grand-chose.
    Säde activa son microvox, tout en reprenant son souffle.
    -Sœur Alexia ? Vous pouvez nous assister de votre servo-crâne ? Nous avons besoin de ses services.
    -Je vous rejoins.
    Säde coupa la connexion et nota un détail sur la rambarde en bois. Quelque chose avait raclé ou griffé le bois et c’était récent vue la couleur du bois. Cela ne devait pas avoir plus de deux ou trois jours, sans doute moins. Elle le montra à Vesuvio.
    -Vous pensez qu’il aurait pu faire ça, en tombant ?
    Il observa à son tour.
    Si c’est le cas, on retrouvera surement quelque chose sous ses ongles.
    La famulus vint les rejoindre juste après, accompagnée de son petit drone.
    -Il dispose bien d’un enregistreur pix ? Lui demanda Säde.
    -Absolument, lieutenant. Vous voulez qu’il filme quoi ?
    -Le corps en bas. Je veux une vue du dessus ainsi que des images de la scène.
    Elle sortit sa tablette de données d’une de ses poches, l’activa et demanda la permission à la sœur de bien vouloir l’autoriser à entamer la procédure de liaison des esprits de la machine.
    -Ne préférez-vous pas que le magos s’en charge ? Demanda la famulus.
    -A vrai dire, non. Je connais les saintes procédures de liaison des esprits.
    Elle préleva un des câbles de connexion du servo-crâne, le brancha à sa tablette, lança la litanie d’activation et laissa la sœur entamer à son tour, la prière de sécurité, permettant aux deux esprits mécaniques de communiquer entre eux en binarique. Une fois chose faite, elle déconnecta le câble et une fenêtre s’activa sur sa tablette depuis laquelle, elle pouvait voir ce que le servo-crâne filmait. Le petit drone descendit jusqu’au niveau du sol, en contrebas, filmant le corps qui se trouvait là, les membres démantibulés et pliés dans des angles improbables.
    -Descendons, nous allons devoir vérifier cela de plus prêt. En tout cas, il est bien tombé du balcon.
    -Tombé ou poussé ?
    -Trop tôt pour le dire. J’écarterai le suicide pour l’instant. L’accident reste la thèse la plus flagrante, ce qui pourrait donc masquer un possible meurtre.
    -Un assassinat déguisé en accident donc ?
    -Possible.
    -Qui en voudrait à notre astropathe ?
    -Toute personne qui n’a aucune raison de voir un psyker trainer dans leurs pattes. Que dit l’intendant à ce sujet.
    La seigneur capitaine continue de l’interroger mais pour l’instant, nous n’avons rien de valable. Selon lui, ils n’emploient pas de psykers. Ces derniers sont chassés et tués une fois découverts.
    -Mais des psykers existent donc bien sur Bremedia ?
    -De manière clandestine dans ce cas. Ils risquent la mort, si découverts.
    -L’un d’eux aurait pu s’en prendre à notre astropathe, selon vous ?
    -N’importe qui aurait pu s’en prendre à lui. Mais le coupable a des raisons de ne pas être découvert.
    -Ou de nous empêcher de communiquer, ajouta Vesuvio.
    -Je penche plutôt pour la thèse de la sœur. Un sorcier ou une entité xenos ou en lien avec le warp me parait plus probable. Et l’astropathe risquant de le ressentir et le démasquer, avait donc tout intérêt à se faire éliminer en faisant passer cela pour un accident.
    -Nous pourrions demander au vaisseau de nous envoyer un autre astropathe pour enquêter ? Dit-il.
    -Tant que nous ignorons les raisons de sa mort, ce serait imprudent. Un second psyker ne serait pas plus à l’abri que le premier.
    Elle sortit la carte de sa poche.
    -Nous avons trouvé cela sous le canapé. Il manque le reste du jeu de tarot.
    -Intéressant, rétorqua la famulus… J’ai toujours été convaincue que ces psykers étaient source de bien des maux.
    Ils retournèrent dans le hall afin de s’entretenir avec l’intendant et le reste de l’équipe. Pendant ce temps, Ludivine demanda à Vesuvio deux choses : allez s’assurer que leur pilote et leurs gardes étaient bien présents et en vie et enfin, depuis la navette, transmettre un message à la passerelle de leur frégate, leur signalant l’incident.
    Une fois parti, elle attrapa Säde par la manche, profitant que les autres étaient tous en train de discuter.
    -Votre histoire de rêve de l’autre nuit… Vous qui passez par la fenêtre… Vous réalisez que cela ne va pas pouvoir être passé sous silence !
    -Je ne sais que dire, Madame…
    -Dites-moi déjà que ce n’est pas vous !
    Säde, généralement inexpressive, fut soudain marquée par la stupéfaction.
    -Vous en doutez ?
    -De vous, pas nécessairement. Mais rien ne me garantit que quelque chose vous a touché et vous manipule.
    Elle l’invita à entrer dans un petit salon et y convia Alexia, Syulf et Vesuvio. Elle leur exposa les faits, mettant Säde soudain très mal à l’aise.
    -Comprenez bien tous, que ce n’est pas la première fois que l’on me signale des cas de visions et hallucinations, surtout parmi les membres d’équipage du Morning Star. On sait de plus, que le warp peut être à l’œuvre et manipule aisément certains esprits.
    A ces mots, Alexia effleura la crosse de son pistolet bolter tout en égrainant les perles de son chapelet Ecclésiasticus de l’autre main. Ludivine leur parla alors de la vision de Säde ce qui mit cette dernière encore plus mal à l’aise.
    -Ce ne peut être une coïncidence. Enonça Alexia. Vous voyez souvent la mort des gens à l’avance ? Lui demanda-t-elle.
    -Non, bien sûr que non…
    Säde se cacha bien de leur dévoiler qu’elle ne dormait presque pas les nuits et cela, depuis toujours, du moins pas sans drogues, sous peine de cauchemars. Seul Altaïr le savait sur le Morning Star, car il partageait le même trouble, mais personne à bord du Daughter of Tempest ne le savait.
    Cela s’était accru ces dernières semaines, depuis au moins leur passage warp pour rejoindre le système Tartuga. Depuis, les nuits, quand elle était seule dans sa cabine, elle se retrouvait avec des morts qui venaient lui parler dans son lit. Des gens qu’elle avait connu ou juste tué. Non pas qu’ils cherchaient à lui faire du mal, mais ils étaient là et lui parlaient de tout, de rien, l’empêchant juste de dormir. Au départ ce n’était que la nuit, mais depuis l’incident d’Onidès avec la machine démon, cela lui arrivait aussi en journée. Elle avait des absences par moment. Ne sachant plus ce qu’elle faisait là, ni depuis combien de temps. Pourtant, jamais cela n’avait eu de conséquences sur son travail et cela commença à lui mettre le doute.
    -Vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que l’on fouille votre chambre ? Lui demanda Ludivine.
    -Aucun… Qu’aurais-je à y cacher ?
    -Un jeu de tarot ? Rétorqua la sœur.
    -Allez-y, je n’ai rien à cacher.
    -J’en suis persuadée, mais quelqu’un essaie certainement de vous manipuler. Magos ? Allez fouiller sa chambre, en attendant, nous allons tous descendre – vous aussi lieutenant – pour voir ce qui aurait bien pu pousser notre astropathe par la fenêtre.
    Tous lui emboitèrent le pas tandis que le magos Solutex resta là à émettre une plainte en binaire.

    Le jour était en train de se lever sur la mer des Sept Vents qui portait bien son nom. Un vent du large soufflait par bourrasque et il fallait bien prendre garde en marchant sur les rochers qui donnait vers les vagues afin de ne pas tomber. Des plantons étaient là pour garder le corps. Du moins pour empêcher que les oiseaux marins voraces ne viennent se charger de la dépouille. Son corps était nu et sa robe de chambre était un peu plus loin, coincée entre des rochers. Sans doute était-il tombé avec et s’était-elle laissé emporter par le vent. Ce fut Vesuvio qui se chargea d’ausculter l’astropathe. C’était lui qui possédait la meilleure analyse des cadavres et des causes des décès, du fait de sa longue expérience de militaire. Il savait différencier un coup de lame tronçonneuse d’un bolt et dans ce cas, son regard pouvait s’avérer précieux. Il s’accroupit et observa le corps, n’hésitant pas à soulever certaines parties afin de regarder dessous. Syulf l’assistait, prenant des notes sur sa tablette, au fur et à mesure. Ils devaient porter de la voix pour se faire entendre, à cause du bruit du vent et des vagues qui se fracassaient sur les rochers, vingt mètres plus loin. Syulf inspecta les ongles du défunt, à la suite de la remarque de Säde. Il finit par y trouver effectivement des échardes de bois et les préleva.
    -Nous pourrons toujours vérifier avec la rambarde, mais cela semble bien correspondre, leur dit Säde.
    -Il a bien une trentaine de fractures et sans doute plusieurs organes internes éclatés, déclara Vesuvio. La chute l’aurait assurément tué s’il n’était pas mort avant.
    -Il est mort avant ? L’interrogea Syulf.
    -A en juger par le manque de sang et d’éclaboussures sur les rochers, ainsi que la densité des membres, je dirais qu’il lui manque deux bons litres dans le corps. Et comme cela n’a pas été fait après sa mort, je dirais que quelqu’un ou quelque chose l’a siphonné avant.
    -Qu’est-ce qui aurait pu lui faire ça ? S’étonna Ludivine.
    -Ne me dites pas que ce seraient ces horribles écureuils aperçus hier ? Lâcha la famulus avec une grimace de dégout.
    -Et moi qui les trouvais trop mignons, ajouta Ludivine.
    -Les ptérocureuils ? S’étonna Syulf. Je ne pense pas. Ils ont bien la capacité de sucer le sang de leur victime ou de manger leur chair mais ils sont bien trop petits. Même une fois transformés en bête sanguinaire. Pour vider deux litres de sang, ils auraient dû s’y mettre à cinq sur lui, au minimum, or je ne vois pas de traces de morsure d’animal.
    Vesuvio souleva la tête de la victime et nota deux trous à la base du cou, au côté droit.
    -Et ça ?
    Syulf inspecta la trace et releva quelques mesures.
    -Cela ressemble plus à la morsure d’un grand carnivore. Un loup peut-être ou une créature buveuse de sang de taille équivalente.
    -Comme quoi ? L’interrogea Ludivine. Trône, mais quel genre de créature boit du sang ?
    -Croyez-moi, ma chère, lui répondit Alexia, vous n’avez certainement pas envie de le savoir.
    -Des sorciers ou des mutants pourraient faire cela. Précisa Syulf sans faire attention à la remarque. Des cas de nécrophilie ont été très largement documentés.
    La sœur le foudroya du regard tandis que Ludivine se retenait de ne pas vomir.
    -Ou… Ce pourrait aussi bien être un strix, continua Syulf.
    -Un quoi ? S’étonna Ludivine.
    -D’anciennes légendes parlent d’entités warp ou xenos, buveuses de sang et changeuses de formes. L’histoire leur a donné bien des noms…. Stryge, upir, vampire. Ce ne sont que de vagues légendes mais avec le warp, nous avons appris à réviser nos certitudes.
    -Trône, nous avions bien besoin de cela, ici et maintenant, maugréa Ludivine tout en voyant justement l’intendant qui approchait en prenant garde à ne pas se tordre les pieds dans les rochers. Il s’approcha mais prit garde à ne pas trop regarder le cadavre sous peine de se sentir mal.
    -Je crains bien qu’il nous faille retirer le corps de votre malheureux compagnon d’ici peu. La marée est montante et d’ici une trentaine de minutes, les vagues seront là et l’emporteront. Nous sommes en pleine marée d’équinoxe, de surcroit.
    -Qu’est-ce donc ? S’étonna Ludivine.
    -Les grandes marées. Une fois par an, notre lune se rapproche de Bremedia et à un autre moment de l’année, elle s’en éloigne. Mais tous les douze cycles, il y a les grandes marées d’équinoxe qui accentuent encore plus ce phénomène, annonciatrices d’évènements hors du commun, selon certaines superstitions encore vivaces. Mais je ne cherche nullement à vous assommer avec des questions d’astromancie. Je tenais tout simplement à vous mettre en garde sur la marée montante et aussi vous informer du…
    Ludivine indiqua à Syulf et Vesuvio de remballer leurs affaires, voyant deux gardes du palais portant une civière afin d’emmener le corps vers le palais.
    -Et aussi nous informer du ? Reprit Ludivine.
    -Ah oui… J’allais oublié le plus important… Hier soir, le Haut Monarque avait prévu de vous convier à une chasse ce matin… Et, aux vues de cet évènement tragique, il a jugé bon de la reporter à plus tard.
    -C’est fort aimable de sa part. Je le remercierai à l’occasion.
    -Eh bien justement, l’occasion se présente… Le Haut Monarque a tenu à organiser un petit déjeuner ce matin afin de vous présenter à ses barons. Il tient à ce que je vous informe que votre présence y est grandement souhaité.
    -Ce matin donc ? Vers quelle heure ?
    -Dans trente minutes, exactement.
    -Trône, je…. Très bien. Le temps pour moi de me rendre présentable et je vous rejoins. Ah, au fait, Disposez-vous d’une unité verispex ?
    -Désolé, mais j’ignore de quoi il s’agit, lui répondit l’intendant.
    -De médecins légistes de l’Arbites, ajouta Syulf.
    -Ah… Nous disposons de médecins au palais, oui, mais nul besoin ici, de l’Adeptus Arbites. Nos dirigeants savent gérer la population.
    -Et la présence d’une morgue ?
    -L’infirmerie dispose de ce genre de chose, en effet. Nous allons y déposer le corps là-bas.
    -C’est d’accord, mais mon équipe assistera votre légiste.
    -Fort bien capitaine. Si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je vais faire enlever le corps.
    -Faite.
    Elle les laissa prélever le corps et s’éloigner avec, avant de se tourner vers Alexia et les autres.
    -Hâtons-nous d’aller nous changer, et par tous les saints, que l’un de vous aille contacter le Morning Star de toute urgence, informez le capitaine Goldberg qu’il descende nous rejoindre dans la journée avec un plan déjà bien ficelé pour l’offensive sur Onidès.
    -Aura-t-il les moyens de s’en charger, selon vous ? S’étonna la sœur, quelque peu dubitative.
    -J’ai pleinement confiance en mon futur époux, Alexia. Si je suis la plus diplomate des deux, lui, il est assurément le plus porté sur l’action.
    -Alors une chance que ce soit nous qui allions rencontrer ces barons bellicistes en premier. Seul le Trône sait en quel bain de sang cela aurait tourné dès la première heure si votre futur époux avait pris le petit déjeuner avec eux.
    Ludivine lui lança un regard désapprobateur. Elle marqua une pause avant de répondre avec un petit sourire.
    -Je ne peux vous donner entièrement tort.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 22/01/2025 à 23:48 Citer ce message

    Strategium du Morning Star, au même moment.

    Jocasta, après avoir effectué une séance de tarot, s’était empressée de rejoindre les autres officiers dans le strategium, en courant. Elle leur montra les cinq lames qu’elle venait de tirer et les disposa sur la table.
    -Et que sommes-nous censés y voir, Mademoiselle Jenassis ? Lui demanda Uriah qui terminait sa tasse de café. La cartomancie reste une science assez cryptique, vous savez ?
    -Il est question de ces portails sur Bremedia, vous vous rappelez ?
    -On s’en rappelle parfaitement. Vous avez donc leur localisation précise ?
    -Ce n’est jamais aussi simple, ni aussi précis, vous savez…
    -Vous avez au moins un indice ? Quelque chose ?
    -Au moins deux, je pense. Passons la carte située au centre du schéma… Elle me représente et sa position est plutôt positive. Mais passons à la seconde, situé au-dessus. Le 4 de la suite de Mandatio, la carte de l’Adepte. La lame est ascendante, elle apporte donc une solution à la question. En revanche, la troisième lame, située au-dessous… Représente le 8 de la suite de Discordia, l’Heretek. Elle est en position descendante et en rapport avec la lame centrale, elle l’informe que cette menace est déjà présente et pourrait clairement menacer la carte d’Adeptio… Celle de l’Adepte. La quatrième lame, située à gauche est le 19 d’Arcanes majeurs. La lame de la Guerre. Elle montre un guerrier géant de métal, brandissant deux haches, trônant sur des ruines xenos écrasées, devant un temple à degrés. Sa bannière indique « Unending Warmonger ». La dernière, enfin, placée à droite de la carte centrale est le 9 de la suite de Discordia. Le Kraken, qui indique un danger encore non identifié. Elle prend l’apparence d’un scorpion. Descendante, elle signifie que le danger est déjà présent.

    Uriah semblait encore moins avancé avec toute ces élucubrations. En revanche, Altaïr les observait avec le plus grande attention, prenant soin d’observer les détails, qui comme toujours avec le tarot, étaient des paraboles.
    -Dis-moi Jocasta, ta carte à droite, là, c'est bien un scorpion ?
    -En effet…
    -Parce que si l’on regarde le plan de Bremedia, dans la région sud-ouest, il y a l'oriflamme de la famille Sahida qui représente justement un scorpion non loin d’une sorte de pyramide... et qu'est-ce que l'on a juste en dessous, au nord ? L'oriflamme de la maison Orloaf qui représente deux haches entrecroisées, comme porte ce géant sur ta carte. Et là aussi, nous avons une sorte de pyramide non loin de là… Ma belle, bravissimo ! Je crois que tu as tapé dans le mille, encore une fois.
    -Et toi, la Science qui démontre encore une fois tes talents en discernant la signification de ce tarot, lâcha la Brute, impressionné.
    Le sénéchal eut un sourire faussement modeste
    -Simple question de logique…
    C’est alors qu’il revient sur la carte de l’Adepte, qu’il avait à peine survolé jusque-là. Il la prend soudain et la fixe.
    -Non, pas elle… Ce n'est pas possible !
    Il se tourne vers Jocasta.
    -Tu me joues un tour, Jo ? Ou bien c'est toi Djoko, qui lui a soufflé l'idée ? Pourquoi Ephèse est représentée sur cette carte ? C’est une blague ?
    -Oh là, du calme, la Science ! J’aime beaucoup les blagues mais là tu fais fausse route, répondit Djoko depuis le fauteuil où il était tranquillement posé, occupé à boire un tana bien chaud.
    -Nan, mais regarde, c'est bien elle pourtant ! Qu'est-ce qu'elle foutrait ici ? Et surtout, comment est-elle arrivée là ? Insista Altaïr.
    Ni Jocasta ni Uriah ne comprennent un traitre mot à ses allusions. La Brute lança alors un regard vers Djoko.
    -Il nous fait quoi là ? Le mal du warp ?
    -Ephèse, bon sang la Brute, ne me dis pas que tu ne te souviens pas d'elle ?
    -Je me souviens très bien d'elle, et tu dis que tu la vois sur la carte là ?
    Altaïr lui montra la carte.
    -Elle a changé… Je la voyais plus…
    -Cela remonte à dix ans.
    -Il a raison, bordel, lâcha Djoko qui s’approcha de la carte.
    -C'est bien elle, finit par reconnaitre la Brute.
    -Par le warp, mais c'est qui cette Ephèse, enfin ? Demanda Uriah.
    -Une des ex d'Altaïr. Une archéotechnologue croisée sur Badab. Tu connais l'histoire des fausses reliques de Sebastian Thor que notre ami la Science avait cherché à refourgué et pour lesquelles il s'était fait chopper par l'Arbites ?
    -Oui... Tu penses bien… Qui n’en a pas entendu parler ? C'est donc cette adepte qu'il avait escroqué à l'époque ?
    -Tout juste. Et on l’avait donc recroisé sur Badab des années après. De mémoire, elle a des connaissances sur les aeldari, là où on l'avait croisé, c'était des ruines aeldari, d’ailleurs.
    -C’était le cas, confirma Altaïr.
    -Nan, mais on ne peut pas faire deux pas dans cet univers sans tomber sur une de ses ex ? Et moi qui croyais que le spécialiste dans ce domaine, c’était Djoko. Et en plus, tu n’es pas en odeur de sainteté auprès d'elle. Et pourquoi elle serait sur cette foutue planète, selon toi ? Je croyais que Bremedia était perdue pour l'Imperium. Entre les pirates et tes ex, on va finir par y croiser qui encore ? Le Primarque ?
    -Au moins, mes ex n’ont jamais porté préjudice à cette équipe ou à ce navire que je sache, clarifia Djoko. Et ce n’est pas moi qui fricote avec une drukhari à l’heure actuelle…
    -On en parle de la fois où tu as dragué cette marshal alors que tu étais recherché ?
    -Jusqu’à présent, mes histoires n’ont jamais interféré avec la sécurité du Morning Star.
    Et il fixa Uriah et Sylmann en le disant.
    -Enfin revenons à notre affaire, lâcha Uriah. Pourquoi cette Ephèse serait notre solution, elle possède des connaissances qui pourraient nous aider dans ce cas ici présent ?
    -Il faut croire que oui, souffla Altaïr.
    -Et du coup si je comprends bien, la Science et Jocasta, vous avez trouvé les portails. Ce qui ne nous arrange pas c'est qu’il y en a deux. On n’a pas plus de précisions sur celui qui pourrait nous intéresser ?
    -Un seul des deux pourrait suffire, répondit la Brute.
    -Et pourquoi pas demander à ceux qui connaissent plus le coin ? Comme Naazarith justement ? Proposa Altaïr.
    -Va la chercher, lui dit alors Uriah.

    Quelques dizaines de minutes plus tard, le sénéchal était de retour avec la drukhari.
    -Vous m’avez fait demander, capitaine ? Lui dit-elle.
    -Vous avez mis du temps.
    Djoko nota qu’Altaïr saignait un peu de la lèvre ou peut-être de sa langue. Naazarith avait elle aussi, un peu de sang sur elle.
    -Votre intendant a besoin de discipline. C’est justement ce que je lui inculque, lui dit-elle.
    Elle se dirigea vers la table et se servit un verre de vin, malgré l’heure très matinale.
    -Nous en reparlerons… Mais je souhaitais que vous nous éclairiez sur la présence de deux portails situés sur Bremedia. Sauriez-vous où ils se trouvent ? Notre sénéchal ici présent pense qu’ils se situeraient ici et ici, près de ces pyramides.
    Elle observa la carte tout en goûtant à son vin avant d’effectuer une petite grimace.
    -Il a raison. Ah tiens… je pensais qu’ils ne fonctionnaient plus depuis bien longtemps ces deux-là…
    Uriah resta sidéré par la remarque.
    -Quoi ?
    -C’est bon, je peux y aller ? Je suis assez occupée en réalité… J’ai encore besoin de lui, dit-elle en désignant Altaïr.
    -Alors non. On a des questions sur ces portails justement, vous savez où ils mènent ?
    -Allez donc savoir où ils pourraient mener ? Ici, ailleurs, partout…
    -Par quel moyen pourrions-nous les repérer précisément ? Et ne me dites pas qu’il vous faut venir sur place.
    -Je pourrais bien venir sur place, en effet…
    Elle effectua un geste théâtral en direction de Jocasta.
    -De mémoire, l’un d’eux est détruit de longue date. Mais vos petites sorcières peuvent peut-être les repérer, j’imagine.

    Uriah et ses officiers se mirent à discuter entre eux, à part.

    -Au fait… quelqu’un a écouté ce que j’ai dit ? Ajouta la drukhari qui gouta un verre d’amasec avant de le recracher aussitôt. Parce qu’on parle là de portails et c’est pas comme si Krieger n’avait pas déjà des informations à leur sujet.
    Uriah se tourna vers elle. Les autres restaient à bonne distance, voyant à quel point Naazarith aurait pu être un fauve lâchée dans la pièce.
    -Attendez comment ça il a déjà des informations dessus ?
    Elle tourna lentement autour de la table en laissant ses ongles tranchants racler dessus en crissant, visiblement agacée de devoir expliquer des détails aussi triviaux à un jeune mon-keigh.
    -S’il projette d’utiliser le portail sur cette lune, c’est qu’il sait exactement où il veut arriver… S'il compte arriver là où il veut, c’est qu’il en maîtrise déjà ses secrets. Ou croit les maîtriser…
    Uriah se prit alors la tête entre les mains ...
    -D’accord, bon on reprend depuis le début car là j'ai un peu de mal à suivre. Donc Krieger a trouvé un moyen de fabriquer ses machines hérétiques et en plus de ça, il a trouvé le temps de se renseigner sur cette technologie xenos et d'en percer les secrets alors que même vous, vous ne connaissez pas tout sur votre propre xenotech ?
    Elle s’arrêta net et riva son regard sur lui.
    -Je n’ai pas dit que je ne connaissais pas. Notre… technologie, comme vous l’appelez n’a pas été conçue pour être utilisée par d’autres races. Et il le sait. Il y travaille depuis vingt ans… Voilà pourquoi il avait besoin de cette tablette et de gens comme moi… Sans les deux, il va devoir user de moyens, bien plus… radicaux.
    -Vous venez pourtant de nous dire que vous ne savez pas où les portails pourraient mener.
    -J’ai dit : Allez donc savoir où ils pourraient mener. Ici, ailleurs, partout… Et c’est le cas. Ils ne mènent pas que vers cette lune.
    -Pour moi, être aussi vague en présence d'alliés, ne serait-ce que temporaire, est le signe que soit on ne sait pas mais que l'on tente de faire bonne figure, soit que l'on essaie de les doubler. Je n'arrive pas encore à savoir dans quel camp vous êtes. Mon sénéchal a l'air d'apprécier votre compagnie mais pour ma part je suis plus circonspect. Alors effectivement vous nous avez sauvé d'une bien mauvaise situation mais là, j'ai l'impression que vous essayez plutôt de gagner du temps. Vous êtes dans quel camp, Naazarith ?
    -Son camp à elle, déclara Djoko. On a autant besoin d’elle qu’elle de nous. Quoi qu’elle puisse en dire. Si elle reste, c’est certainement par intérêt, mais elle me corrigera si l’envie lui prend de le faire. Mon petit doigt me dit qu’elle s’amuse beaucoup et que tant qu’elle s’amusera, elle nous lâchera bien deux ou trois os à ronger si on peut lui foutre la paix derrière. Je me trompe ?
    Naazarith esquissa un léger sourire carnassier.
    -Mon propre camp serait une réponse appropriée, oui… il a raison.
    -Si vous pouviez éviter de trop nous esquinter notre sénéchal, on vous en sera très reconnaissant, ajouta Djoko.
    -Votre camp… c’est quoi votre camp après tout ? Vous roulez pour vous, vous aussi, non ? Donc on a un même intérêt, lui dit Uriah.
    -J’ai ouvertement trahi Krieger car il incarne ce que nous combattons. Je pense qu’il est plutôt courroucé, me concernant, vu les dégâts que je lui ai causés… Je pourrai déjà m’en contenter. Mais comme la partie n’est pas terminée et que j’aime jouer… Montrez-moi votre carte.
    Uriah lui posa la carte sur la table.
    -Là au nord, se trouve l’ancien portail. Il est endommagé et en partie détruit, raison pour laquelle Krieger vise celui situé au continent sud… Mais si je ferme celui du sud, celui du scorpion… et que je crée une dérivation. Ceux qui l’emprunteront vont se retrouver redirigés vers celui du nord, celui de la double hache. Celui endommagé… Et là, ils seront pris dans un nœud temporel… Propulsés dans le warp. Ce n’est pas propre et mes cousins détestent ça mais j’aime ce genre de plan. C’est un piège qui pourrait fonctionner. Il y a toujours un risque cependant.
    -Ah ! Ce serait un solution intéressante à notre problème effectivement. Et que vous faudrait-il pour vous aider à réaliser cette fermeture ?
    -Il faut que je sois sur place. Là où est le scorpion. Comme je lai dit, il y a un risque. Le risque est une implosion du portail nord au moment de leur translation et qu’une partie des troupes parviennent à passer.
    -Si ce plan fonctionne et considérant votre participation active je serai enclin à vous demander ce que vous souhaiteriez comme récompense, dans la mesure du raisonnable, évidemment.
    -Mes demandes sont tout, sauf raisonnables… capitaine Goldberg. Mais peut-être tenterais-je de faire un effort.
    -D’ailleurs pour cette histoire de change-forme, avez-vous progressé ?
    -Ah oui, au fait… C’est un strix.
    -Et c'est quoi un Strix ?
    -J’en étais sûr, marmonna Altaïr occupé à essuyer le sang sur sa bouche.
    -Une puissante entité qui contrôle les esprits faibles et qui se nourrit de leur essence vitale…Répondit Naazarith. Même nous autres drukhari, nous les trouvons dangereux. Ils sont un véritable défi à traquer. Un vrai plaisir…
    -J’imagine qu’une personne aussi extraordinaire que vous ne recule jamais devant un défi ? La nargua Djoko.
    -Si, détrompez-vous. Je ne relève que les défis qui m’amusent.
    Elle s‘arrêta justement devant la momie xenos exposée dans le strategium. Celle en forme de cocon insectoïde.
    -Intéressant. Vous les appelez bourdonneurs, dans votre langue, je crois. Leur véritable nom ne pourrait d’ailleurs se prononcer avec votre simple dialecte. Ces insectes avaient beau avoir l’air primitifs, ils connaissaient l’origine de notre univers ainsi que celui du warp. Ils se sont pourtant éteints à l’époque où vos ancêtres primates mangeaient encore des bananes dans les arbres, avant qu’on ne vous fasse un peu évoluer. J’ai toujours trouvé cela terriblement fascinant…

    Un officier junior vint se présenter à la porte du stratégium et salua.
    -Un message de la passerelle, seigneur-capitaine.
    La Brute alla récupérer la missive et congédia l’officier. Il parcourut la lettre puis la remit à Uriah qui la lut à son tour.
    Il releva le nez du message.
    -Ludivine a pu s’entretenir avec le Haut Monarque de Bremedia. Elle rencontre les barons dans la journée.
    -Bonne nouvelle, répondit Altaïr.
    -Notre présence est requise rapidement. Visiblement, leur monarque veut connaitre notre stratégie dans la journée.
    -Je vais lancerles préparatifs, annonça la Brute.
    -Attends… Leur astropathe est mort.
    -Mort ? Un accident ? Demanda Djoko.
    -Justement, elle n’en sait rien…
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 24/01/2025 à 21:25 Citer ce message

    Uriah se tourna vers Altaïr.
    -Tâche de contacter Säde. Elle est sur place, elle saura sans doute nous renseigner.
    Le sénéchal hocha la tête et se dirigea vers la console vox qui communiquait avec la passerelle. Déjà, la Brute venait d’enclencher la rune et d’obtenir la connexion. Il lui passa le combiné afin qu’il puisse s’entretenir avec l’officier vox de la passerelle, un des subalternes de Bonnet, justement. Il lui demanda de les mettre en liaison avec leur navette sur Bremedia. Cela prit quelques minutes pendant lesquelles Uriah en profita pour réunir les informations dont ils disposaient.
    -Bien… On doit donc se présenter à ce monarque avec un plan de bataille.
    Il se tourna vers la Brute.
    -Qu’a-t-on à leur proposer ?
    -Pour l’instant… Rien.
    -Je ne dirais pas ça, annonça Jocasta. On vient d’apprendre la présence de deux portails. En théorie, nous avons là, deux options. Soit une façon de lancer un assaut depuis Bremedia vers Onidès, avant que Krieger ne passe à l’offensive, soit nous suivons le plan de la drukhari et Krieger et ses troupes tombent dans son piège.
    -On parle là, d’un monde Chevalier, répondit la Brute. Je doute qu’ils acceptent l’emploi de technologie xenos pour remporter un conflit.
    - Ça s’est pourtant déjà vu, ajouta Altaïr.
    -Sans doute, mais je ne parierai pas sur le fait de les convaincre de passer par un portail aeldari.
    -On a cependant un problème de délai, leur dit Jocasta.
    Elle tourna son regard vers la drukhari étendue avec nonchalance et ennui sur un des sofas.
    -Naazarith nous a confirmé que Krieger travaille à une solution… Radicale. Il va donc finir par trouver le moyen d’activer son portail sur Onidès.
    -Elle a raison, Praxx l’avait évoqué, répondit Altaïr.
    -Très bien… On a une idée du temps qu’il va lui falloir pour y parvenir ? Questionna Uriah.
    -Quelques jours, je dirais, se hasarda Jocasta. Elle se tourna vers Antinoé, restée jusque-là silencieuse. Une idée du temps qu’il lui faudrait, selon vous ? Lui demanda la navigator. L’astropathe resta songeuse quelques instants avant de répondre.
    -Il va devoir employer un rituel puissant et très certainement profiter d’une date probable du calendrier lunaire. Ce ne sera pas avant une semaine… Dix jours, tout au plus.
    -Ce qui nous laisse un peu de temps, mais pas tant que ça. Tablons sur le fait qu’il lui faut maximum une semaine.
    -Côté troupes, nous disposons de quoi, en cas d’assaut au sol ? Demanda Djoko. Deux mille hommes ?
    -Environ mille cinq-cents fusiliers à bord, pour être précis, compléta la Brute. Mais ce sont des troupes de marine, pas un régiment de l’Astra Militarum. Ils sont taillés et équipés pour de l’abordage. On l’a vu sur nos derniers assauts. Et puis, je n’ai pas envie de les perdre dans un conflit au sol. Nous n’avons pas de possibilité d’obtenir des renforts dans la région.
    -Je croyais qu’après la Croisade, on nous avait laissé ces troupes qui venaient justement de l’Astra Militarum ?
    -Oui, la compagnie du lieutenant Haxton. Moins d’une centaine de vétérans. Ils ont quelques véhicules légers avec eux, parfait pour de la reconnaissance, de la guérilla ou de l’escarmouche mais ils sont bien trop peu nombreux pour être projetés sur tout type de conflit.
    -Merci du rappel, compléta Uriah. Ils pourront potentiellement avoir un rôle à jouer, en fonction de la tournure des évènements, mais pour l’heure, nous devons déjà prévoir et leur proposer un plan d’ensemble.
    -Nous avons Säde en ligne, le coupa Altaïr.
    -Capitaine, vous vouliez me parler ? Lui dit la jeune femme à travers le combiné vox. Uriah demanda à Altaïr d’activer le porte-vox.
    -Oui, lieutenant. Je voudrais un rapport de situation. C’est quoi cette histoire avec l’astropathe ?
    Säde Lindholm lui fit alors part des dernières informations, mais à ce stade, ni elle ni Ludivine ne possédaient encore la moindre piste, le corps n’ayant pas encore été inspecté. Elle leur parla de l’autopsie à venir ainsi que de la réunion avec le monarque et les barons.
    Uriah la remercia et lui demanda de le rappeler dès qu’ils auraient plus d’informations. Il coupa la connexion.
    -Bien, revenons à notre problème de portails. Donc si on suit le plan proposé par Naazarith, en bloquant le portail sud de Bremedia, nous aurions la possibilité de warper Krieger et son armée, sans nécessairement devoir tous les affronter. Ce serait très intéressant.
    -Dans l’hypothèse où ce plan fonctionne bien, ajouta la Brute. De toute manière il nous faudra poster des troupes au portail nord. Si des ennemis passent quand même, on les atomise. On aura des Chevaliers pour cela, nos deux vaisseaux et au besoin les troupes d’Haxton en soutien.
    -C’est entendu. Il nous restera à planifier l’attaque sur Onidès pour faire taire leur centre de commande des batteries orbitales. Elles sont protégées par un bouclier, ce sera peut-être une mission pour Haxton et ses hommes, justement.
    Il consulta l’heure avant de poursuivre.
    -Préparons-nous à descendre, nous avons un monarque à rencontrer.

    Ludivine et ses officiers venaient d’entrer dans le dinatorium où petit-déjeunaient le Haut-Monarque, l’oratrice, l’intendant et les six barons. Le monarque leur demanda d’approcher et de prendre place tandis que l’intendant fit les présentations. Pour ce type de réunion, l’intendant les avait informés que nulle arme n’était acceptée. Ils durent donc se soumettre à la règle. De toute manière, des gardes munis d’un auspex les contrôlèrent avant et tout objet jugé dangereux leur fut retiré.
    Le Haut-Monarque rappela les faits pour ses barons, notamment l’information sur une attaque prochaine initiée par Onidès. Tandis que les barons, à tour de rôle, y allaient de leurs questions insistantes, Ludivine et son équipe en profitèrent, tout en tentant d’y répondre, pour analyser les différentes personnalités qui se trouvaient face à eux. Ils notèrent assez rapidement que le vieux baron Octus Florentine lançait des regards noirs en direction du baron Corvin Zlhane tout comme envers le Haut-Monarque puisque ce dernier était aussi un Zlhane. Le fait qu’il ait été écarté du pouvoir devait clairement lui en coûter face à ses rivaux. La baronne Heldreda Sahida, elle, avait l’air de n’avoir que mépris pour tout ce que disait le baron Ratisbore Orloaf. En dehors de cela, elle restait plutôt attentive à tout ce qui se disait. Orloaf, lui, incarnait véritablement le général d’armée, massif, dans la force de l’âge, sûr de sa puissance de feu supérieure que rien n’allait ébranler. Il n’avait pas l’air de tenir ni Sahida, ni Ordil en grande estime. De leur côté, Eberhard Tourlaine et Fredegard Ordil étaient deux barons qui paraissaient en constante rivalité. Ils n’arrêtaient pas de s’invectiver et de se chamailler comme deux gamins, malgré leur grand âge, ce qui avait l’air de devenir un jeu chez ces deux rivaux. Zhlane, enfin, donnait cette impression de vouloir se tenir au-dessus de la mêlée, sans aucun doute à cause de sa proximité avec le monarque. Même l’attitude de l’oratrice fut observée. Ludivine décela chez elle une certaine enviez d’ambition pourtant refoulée par un manque de confiance. Ismael était un homme intelligent et elle doutait qu’il puisse se compromettre, cependant il était au courant de tout et devait clairement en savoir bien plus qu’il ne voulait le dire. Quant au monarque, c’était un homme direct, un peu bourru voire sarcastique, pourtant il n’avait pas l’air bien lucide des problèmes qui l’entouraient. Ces années d’isolationnisme avaient sans doute eu raison de sa vigilance.
    Les discussions durèrent ainsi quelques dizaines de minutes durant lesquelles, le Haut-Monarque n’hésitait pas à écorcher très légèrement, mais de manière toute délibérée, la libre-marchande. La reprenant lorsqu’elle n’avait pas de réponse à apporter ou encore s’impatientant quant à cette guerre à venir qui paraissait toujours aussi abstraite. Ses barons, heureusement trop occupés à se quereller, restaient encore dans l’interrogation. Orloaf, Tourlaine et Ordil étaient les plus curieux au niveau martial. Même si la baronne Sahida avait tout aussi l’air intéressée, elle cherchait à ne pas le montrer.
    A un moment de la discussion, le sujet de la projection des troupes de Krieger vers Bremedia fut abordé et notamment, sur le comment allait-il procéder. Il avait été question de portail – A ce moment, Ludivine ignorait encore la présence des deux portails ainsi que leur localisation.
    -Comment cela, un portail sur Bremedia ? S’étonna Tourlaine. C’est ridicule, nous serions au courant, non ? Dit-il en se tournant vers le reste de l’assemblée. Les autres barons se mirent à rire ou à vociférer.
    Pourtant, ce fut Säde qui releva un léger détail. Orloaf ne riait pas, pas plus qu’il ne paraissait étonné. Pire, il avait même l’air mal à l’aise. Elle comptait passer l’information à Ludivine mais cette dernière n’était pas à côté d’elle. Discrètement, elle sortit son stylus, griffonna quelques mots sur un coin de sa serviette puis fit mine de faire tomber sa fourchette par terre. Elle se glissa sous la table, profitant que le débat était houleux pour se diriger vers Ludivine. Là, elle lui passa la serviette et refit le chemin en sens inverse, reprenant sa place, couverte par Alexia qui comprit la situation. Un laquais lui remplaça aussitôt sa fourchette, sans avoir noté son manège. Ludivine qui avait la serviette sur ses genoux, lut le message rapidement. « Orloaf sait pour le portail ».
    Ce dernier était justement en train de subir les quolibets de ses confrères, pour avoir évoqué le fait qu’il était un meilleur chef de guerre qu’eux. Ce à quoi ils lui demandèrent à quelle guerre avait-il bien pu participer ces dernières décennies puisque Bremedia n’en avait plus connut depuis bien avant la naissance de leurs pères, voire de leurs grands-pères.
    Ludivine reprit aussitôt part à la conversation et en profita pour interroger Ordil afin de détourner l’attention. Ordil était un homme d’âge mûr. Grand et sec, il incarnait un certain aspect chevaleresque, fait de bravoure et de témérité. Elle ne doutait pas, en revanche, qu’Orloaf aurait une réaction.
    -Sans doute, ignorez-vous à quoi pourrait ressembler un tel portail ? Dit-elle.
    -En effet, capitaine Spinaiser, répondit Ordil. Eclairez donc cette noble assemblée de vos si grandes connaissances…
    D’un geste élégant, elle passa la main à Syulf.
    -Je vais laisser mon sénéchal vous répondre.
    Comme à son habitude, Syulf fit étalage de ses connaissances encyclopédiques, ce qui eut au moins le mérite de calmer les ardeurs guerrières de l’assemblée.
    Ludivine allait justement en profiter pour enfoncer le clou avec Orloaf, cherchant à le mettre en défaut. Elle capta son regard et pourtant, au dernier instant, préféra ne rien dire. Il savait des choses mais préférait clairement les taire en public. Elle jugea préférable de régler cela à part, à un meilleur moment. Parfois la patience et la subtilité étaient préférable à l’attaque frontale. Elle avait failli s’en mordre les doigts avec Kysnathian, des mois auparavant justement. Elle ne comptait pas commettre la même erreur.

    Le Haut-Monarque vida son verre, jeta sa serviette sur la table et se leva. Les convives se levèrent à leur tour.
    -Bien, je dois me retirer mais ce soir, j’organise une réception au palais. J’y attends le capitaine Goldblum ou Goldman. Qu’importe. Qu’il nous livre un plan de bataille avant que ces fils de grox d’Onidès ne débarquent. Je compte sur vous.
    Il se retira, aussitôt suivit de l’oratrice, de l’intendant et du baron Zlhane. Tous les autres quittèrent aussi la pièce en petits groupes. Tourlaine et Orloaf, même si Ordil tentait bien de les rejoindre, ce qui agaça Orloaf. Sahida échangea quelques mots avec Florentine avant que partir eux aussi, chacun de leur côté.
    L’intendant revint alors et vint trouver Ludivine.
    -Ah, capitaine, j’ai failli oublier… Vous comptiez vous rendre à la morgue pour votre malheureux astropathe…
    -En effet, nous comptions justement y aller.
    -Je vais vous accompagner, si vous le souhaitez ?
    -Volontiers.
    Il les conduisit jusqu’au bâtiment où des gardes en armes en bloquaient les accès pour des mesures de sécurité. Voyant l’intendant, ils les laissèrent entrer.
    -Je vous laisse ici ? J’ai quelques affaire à régler.
    -Oui, merci, Ismael.
    Elle le laissa partir et fit signe à son équipe, notamment à Suylf et Alexia qui avaient de bonne notions medicae.
    -Bien allons-y. Nous devons savoir ce qui a réellement tué notre astropathe.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 30/01/2025 à 22:04 Citer ce message

    Ils descendirent au sous-sol du bâtiment dans lequel se trouvait la morgue, une large pièce qui servait de laboratoire et en même temps de salle permettant d’autopsier des défunts. Un médecin se trouvait là, c’était un homme âgé, aux cheveux blancs, portant de petites lunettes. Son bras gauche était une prothèse augmentique rudimentaire mais utile à ses fonctions, car bardée de petits scalpels et de seringues afin d’effectuer des prélèvements. Il était affairé à préparer des instruments chirurgicaux lorsqu’ils pénétrèrent dans la morgue. L’air y était glacé et ils perçurent tout de suite la soudaine chute de température ne serait-ce qu’à la vapeur que produisait leur respiration. Malgré l’odeur forte de détergent, il y planait toujours une odeur tenace et plus rance, de viande avariée.
    -Ah, vous devez être la capitaine libre marchande, c’est bien cela ? Dit-il.
    - Capitaine Frae Spinaiser. En effet, lui dit Ludivine en plissant les yeux et en se couvrant le nez de sa main gantée. Alexia n’avait pas l’air très à l’aise, elle non plus.
    -Je suis le docteur Borman, c’est moi qui vais réaliser l’autopsie de votre… Astropathe. Ceux qui ne sont pas à l’aise avec cela, peuvent toujours s’écarter un peu, même s’il ne risque pas de vous mordre, dit-il avec un petit rire… Ou peuvent sortir, au besoin.
    Personne ne sortit ni ne partagea son humour macabre mais lorsqu’il retira le drap du cadavre, Ludivine et Alexia préférèrent prendre un peu de recul. Vesuvio et Syulf allaient assister le légiste et s’approchèrent de la table où était étendu le corps. Vesuvio en tant qu’ancien militaire, avait eu plus que son lot de cadavres dans la vie. De plus, il avait quelques notions de premiers soins. Quant à Syulf, il avait quelques années de pratique de la médecine à son actif. Cela ne le dérangea donc pas plus que cela. Même Säde approcha, par curiosité. Elle ne s’y connaissait pas en médecine mais son passé plutôt trouble dans la pègre, tout comme sa curiosité, lui donnaient une certaine confiance.

    L’autopsie dura quasiment une bonne heure, durant laquelle ni Borman, ni Syulf ou Vesuvio ne notèrent plus d’éléments notables qu’ils n’avaient déjà constaté. Une trentaine d’os brisés, plusieurs organes éclatés, occasionnés par une chute qui aura été assurément fatale. L’impact sur les rochers aura malheureusement effacé toute autre possible blessure, à l’exception de cette étrange morsure dans la cou. Le légiste resta circonspect.
    -C’est d’origine animale, à n’en pas douter, mais je n’arrive pas à en identifier la nature, dit-il tout en feuilletant ses vieux bestiaires.
    -Cela pourrait être un autre type de créature, non ? Lui demanda Syulf.
    -Vous pensez à quoi ? Lui dit le légiste de derrière ses lunettes.
    -Une sorte de mutant… Une entité hybride, un strix, que sais-je ?
    Le légiste eut un petit rire.
    -Tout est évidemment possible… Mais croyez-moi, nous n’avons rien de tout cela par chez nous. La dernière fois que l’on a eu une recrudescence de mutants, cela doit bien remonter à vingt ou trente ans… Et Dieu soit loué, ils ont été purgés manu militari. Il n’est pas forcément nécessaire de chercher très loin, parfois. N’avez-vous pas envisagé la possibilité que cette créature provienne tout simplement de l’un de vos vaisseaux ? Un animal ?
    -Nous y pensons, répondit Ludivine, mais préférons ne pas écarter si vite, la piste locale. Vous disposez d’une faune sauvage ici aussi.
    A peine eut-elle finit sa phrase que le mort sur la table se redressa d’un coup et se jeta sur le médecin légiste qui était situé juste à ses côtés. Ce fit si soudain et si surréaliste que tout le monde sursauta ou resta figé par une telle scène. Dans la pièce, deux autres corps étaient eux aussi étendus sur des tables d’autopsie et se redressèrent à leur tour. Les cadavres se mirent à marcher en direction de Ludivine et de ses compagnons. Vesuvio se recula d’instinct et se trouva acculé contre un meuble, soudain, le souffle coupé par une telle situation. Ils n’avaient aucune arme avec eux. Le protocole de sécurité faisait qu’ils ne pouvaient se déplacer armés dans certaines ailes du palais.
    Alexia, Syulf et Ludivine se précipitèrent, eux, droit vers une console où se trouvaient toute une batterie d’instruments chirurgicaux et empoignèrent des scalpels et tout ce qu’ils trouvèrent de pointu ou tranchant. Säde, effrayée mais pragmatique, se précipita vers la porte. En entrant dans le bâtiment, ils avaient été accueillis par des gardes, elle allait devoir les ramener ici et vite. Borman n’avait pas pu voir l’attaque venir. Personne d’ailleurs ne l’avait vu venir. Un mort n’était pas censé se relever. Syulf et Alexia avaient, bien sûr, déjà lu des histoires qui en parlaient et même à bord des navires, il pouvait arriver que des morts marchent lors de problèmes de translations warp, mais c’était heureusement rare. Pour Borman, c’était tout bonnement impossible. Il se mit à hurler tandis que le cadavre de l’astropathe venait de lui mordre le bras, celui encore valide et ne comptait pas le lâcher. Syulf chercha à le repousser et lui planta un scalpel dans l’épaule et vit que cela ne lui causa aucune réaction. Il se rappela alors qu’il fallait les toucher à la tête pour les tuer. Il cria l’information à tous ses compagnons.
    Les deux autres morts se jetèrent sur Alexia et Ludivine. La jeune libre marchande prit son courage à deux mains et surtout un long scalpel qu’elle planta dans la tempe du premier qui se jetait sur elle. Le mort-vivant tituba puis s’affala aussitôt au sol, inanimé.
    -La tête ! Syulf a raison !
    Alexia appliqua la même sentence et planta le sien en plein front, le renvoyant en arrière. De son côté, le medic et Syulf ne parvenaient pas à se débarrasser du dernier et ce fut Vesuvio qui tira le cadavre par derrière par un bras, lui empoigna la tête et la lui fracassa à plusieurs reprises sur le coin de la table en métal. Le crâne finit par éclater et il se retrouva couvert d’une matière sanguinolente, au moment où le corps sans tête de l’astropathe glissa au sol. Le légiste tituba tandis que son bras pissait le sang et que Syulf se précipitait pour l’aider.
    A ce moment, la porte s’ouvrit et les deux gardes entrèrent suivis de Säde. Leur première vision fut de voir une scène de carnage. Trois corps au sol, un bain de sang, le légiste blessé et des étrangers avec des scalpels à la main. Ils pointèrent aussitôt leurs fusils automatiques vers eux. Ludivine et les autres posèrent leurs lames et elle prit la parole, cherchant à se disculper, mais les apparences jouaient cruellement contre eux.
    Ce fut Borman qui les tira de ce mauvais pas.
    -Messieurs, baissez-vos armes, je me porte garant de la capitaine et de ses officiers. Ils m’ont sauvé la vie contre cette attaque.
    Un des gardes prit la parole, ne comprenant pas bien la situation.
    -Mais qui vous a attaqué ?
    Le légiste effectua un geste vague vers le sol.
    -Eux…
    -Mais ils étaient morts en arrivant, je ne comprends pas…
    -Eh bien il faut croire qu’ils n’étaient pas tout à fait morts, caporal.
    -Vous me dites que des morts qui n’étaient pas tout à fait morts, vous ont attaqué ?
    -Cela parait surréaliste, mais c’est bien le cas.
    Le caporal se tourna vers son collègue.
    -Va chercher le lieutenant, cette histoire n’est pas claire.
    L’autre garde obtempéra et ressortit.
    -En attendant, personne ne sort d’ici avant que l’on ait une explication claire à tout ce merdier.

    Syulf avait beau chercher à arrêter le saignement de la plaie du médecin, il jeta un regard à Alexia. Elle avait compris la même chose. Il risquait une infection qui risquait bien de le transformer à son tour dans les prochaines heures, lui aussi en mort-vivant. Il allait falloir agir et vite. Elle lui demanda de la laisser faire. La foi en l’Empereur-Dieu produisait parfois des miracles. Elle se chargea de la blessure en y appliquant un bandage enduit d’eau bénite.
    -Vous disposez d’un protocole de confinement en cas d’exposition à une infection ? Lui demanda-t-elle.
    -En effet… Et tant que l’on ne connait pas la nature de ce risque, je pense que nous allons tous être confinés dans ce bâtiment en quarantaine.

    Alexia venait de terminer son cataplasme et récitait une prière. Le légiste doutait un peu d’une telle pratique et, par acquis de conscience, la laissa terminer puis alla chercher sur ses étagères quelques cocktails antiseptiques à mélanger et à s’administrer. Ludivine en profita pour assembler son équipe, un peu à part et loin des oreilles du garde.
    -Personne d’entre vous n’est blessé ?
    Tous firent non de la tête. Elle jeta un regard à Vesuvio.
    -Vous êtes couvert de sang, général. Allez donc vous débarbouiller, cela risque de faire mauvaise impression.
    Elle reporta son attention vers Syulf, lui disant à voix basse.
    -C’est quoi cette histoire de quarantaine ?
    -On pourrait rester coincé dans le bâtiment, tant qu’on n’est pas sûr qu’on n’est pas contaminés, nous aussi.
    -Coincés ici ? Combien de temps ?
    -Je ne sais pas… Il faut entre six et huit heures pour que l’infection incube et transforme le patient. D’abord une fièvre dans les quatre premières heures, puis dans les six à huit heures, cela s’aggrave et finit par plonger le malade dans le coma. Il finit par en mourir puis se relève après cela, mais le délai varie parfois de quelques heures.
    -Vous voulez dire que ce qui est arrivé à… Notre astropathe et à ces deux malheureux, pourrait nous arriver, aussi ?
    -Je ne pense pas…
    -Il faudrait avoir été mordu ou griffé par ces morts-vivants pour cela, ajouta Alexia. Apparemment ce n’est pas notre cas.
    -Le légiste a été mordu… Il va lui arriver quoi ?
    -Il pourrait se transformer comme eux. Mais j’ai espoir que mes soins puissent le guérir, répondit Alexia.
    -Mais ce n’est pas certain ?
    -La foi est une certitude, capitaine. Dons ses effets le sont tout autant. Croyez-moi.
    Ludivine hocha la tête, ne pouvant pas lui donner tort.
    -Cela soulève quand même un point, ajouta Säde. Qui leur a fait ça ?
    -Qui est donc le patient zéro ? Répondit Syulf.
    -Certainement pas un de ces trois-là, lui dit Alexia.
    Syulf en profita pour se pencher sur les deux autres corps, désormais étendus sur le sol carrelé. Il finit, là aussi par trouver la même trace de morsure. Un au bras, l’autre à l’épaule.
    Ludivine interpela de nouveau le légiste.
    -Docteur Borman, qui sont ces deux autres victimes ? Quand ont-elles été amené ici ?
    Il se dirigea vers son bureau et préleva un dossier qu’il parcourut.
    -Deux serfs qui travaillaient aux abords du château. Des jardiniers, je crois… Leurs corps ont été retrouvé cette nuit et amenés ici. Je n’avais pas encore commencé leur autopsie. Selon les gardes, ils étaient morts, ce qui me pose un réel problème désormais.
    -On sait dans quelles circonstances ils ont été retrouvés ?
    -Leurs corps flottaient dans un bassin du château. Il n’y a pas d’autres éléments. Je devais justement déterminer la cause de leur mort mais là…
    Ludivine vint le trouver, lui parlant à voix basse.
    -Il est question de quarantaine à ce que j’ai cru comprendre. Combien d’heures cela dure-t-il ?
    -D’heures ? Ah non, il s’agit de jours. Une semaine, pour le moins.
    -Une semaine ? Cela ne va pas être possible, nous sommes attendus par le monarque ce soir.
    -Et si vous étiez malades, vous aussi ?
    -Nous n’avons pas été mordus, c’est cela l’origine de chaque contamination. Les deux autres ont aussi été mordus, comme notre astropathe.
    -Et comme moi…
    -Nous devons absolument sortir d’ici.
    Elle fit signe à ses officiers de la suivre vers la sortie, laissant le légiste totalement abattu sur son fauteuil. Vesuvio venait de terminer de se laver le visage, les bras et le devant de sa veste. Le garde à la porte leur fit cependant signe de s’arrêter, pointant son arme.
    -Personne ne sortira.
    -Et vous comptez faire quoi, caporal, tous nous abattre ? Lui dit Ludivine. Nous venons de sauvez le vie de votre medic et je suis actuellement attendue par votre monarque, je doute fort qu’il apprécie qu’un soldat un peu trop zélé aura empêché une telle entrevue et contrarié son précieux agenda.
    Elle toisa le regard du caporal. Ce dernier hésita mais comprit qu’il n’allait clairement pas pouvoir argumenter face à de tels propos. Il s’écarta et les laissa sortir.
    -Dépêchons-nous de vite appeler la passerelle du Daughter mais aussi celle du Morning Star. La situation commence à se compliquer.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 06/02/2025 à 18:24 Citer ce message

    Dans sa suite, Ludivine rongeait son frein car l’attente lui devenait tout bonnement insupportable. Cela faisait plus de trois heures maintenant qu’elle attendait avec ses officiers l’arrivée d’Uriah. La mort de l’astropathe et le massacre de la morgue étaient encore frais à leur esprit et cela soulevait bien des questions. Pour l’heure, elle avait demandé à s’entretenir avec le Haut Monarque mais ce dernier était occupé par des entretiens protocolaires avec ses barons. La mort, bien que suspecte d’un astropathe hors-monde et donc étranger était certes de nature à intriguer mais devait assurément être déléguée. Elle comprit que, dans l’immédiat, ce drame passerait donc au second plan. Ses sombres pensées furent soudain interrompues par Alexia.
    -Le lieutenant Lindholm nous informe qu’il arrive enfin.
    Il était évidemment question d’Uriah. Ludivine se leva d’un bond et réajusta sa tenue. Son équipe se tint prête, à ses côtés.
    Il fit alors son apparition, montant les escaliers, suivi de ses hommes. Sans plus de cérémonie, il se dirigea droit vers Ludivine, l’air grave. Devant leurs officiers ainsi réunis, il employa le ton protocolaire.
    -Ma chère, je vous présente mes sincères condoléances pour votre astropathe. Cette affaire n’a cessé de me faire poser des questions qui…
    Il s’interrompit devant le regard surprit qu’elle lui lançait, se mordillant un peu la lèvre.
    -Vous ne m’embrassez pas ? Dit-elle.
    -Oh… Mais si, bien sûr, dit-il en jetant un regard vers sœur Alexia qui se tenait en retrait. Cette dernière fit mine de ne pas y prêter attention. Uriah savait qu’il n’en était rien, mais en cet instant, il s’en contrefichait.
    Il prit le visage de sa fiancée dans ses mains et lui posa un délicat baiser sur les lèvres. Ludivine prolongea l’instant, le serrant dans ses bras.
    -Vous m’avez manqué… Lui dit-elle. Surtout avec ces derniers évènements.
    -Le Monarque et ses barons… Comment sont ces gens avec vous ? Ils vous traitent bien, j’espère ?
    -Oui, rassurez-vous, mais nous devons parler. Un dîner est organisé ce soir… Nous avons trois heures pour mettre en place un plan à leur soumettre.
    Uriah effectua un signe vers Altaïr.
    -Voyez avec le personnel pour que l’on installe nos affaires dans les suites.
    -Je m’en occupe, capitaine.
    Uriah reporta son attention vers Ludivine.
    -Où pouvons-nous nous installer pour travailler ?
    Elle lui désigna un salon qui se trouvait à l’extrémité de l’aile où ils se trouvaient.
    -Le Monarque a demandé que nous soyons présents tous les deux à ce dîner, lui dit-elle. Quatre personnes pourront nous accompagner. Je souhaite que sœur Alexia soit présente. Je vous laisse le choix des autres convives.
    -Parfait… Dans ce cas, Altaïr, Lysander et ma navigator complèteront notre délégation. Avant cette réception, je vais avoir besoin de tout savoir sur ce monarque et ses barons.

    Ils s’installèrent dans le salon en question et comme demandé, Ludivine et son équipe dressèrent un tableau des protagonistes. L’attitude suffisante de Zhlane, la dualité entre Ordil et Tourlaine, le côté martial d’Orloaf, le côté effacé mais attentif de Sahida ou encore la rivalité non voilée de Florentine à l’égard de Zhlane et du monarque. En échange, Uriah et ses officiers en profitèrent pour relater les derniers indices recueillis, que ce soit à propos des deux portails xenos, mais aussi du risque que pourrait présenter un possible heretek qui serait présent et pourrait réactiver un des portails. Il était aussi question de la présence étrange de cette archéotechnologue, déjà sur place, elle aussi. A la mention d’Ephèse, ce fut Syulf qui réagit soudain.
    -Vous ne parleriez pas du docteur Ephèse Solaris, par hasard ?
    -Vous la connaissez ?
    -C’est une chercheuse reconnue. Disons que je connais bien ses ouvrages, oui. Après je ne dirais pas que je le connais bien, mais j’ai eu l’occasion de la croiser il y a des années sur Eshunna.
    Uriah lança un regard amusé vers Altaïr.
    -Décidemment, tout le monde connait cette docteure Solaris, ici. Qu’a-t-elle de si exceptionnel pour se trouver ici, au beau milieu de la galaxie ?
    -Pour en avoir été témoin, elle a giflé Altaïr, ce qui est déjà exceptionnel, marmonna Djoko.
    Cela produisit quelques petits rires, sauf pour l’intéressé.
    -Ephèse Solaris est surtout une experte en linguistique, xenotech et culture aeldari, ajouta Syulf.
    -Je suis aussi en train de travailler ces sujets de mon côté, ajouta Altaïr, avec un léger sourire désinvolte.
    -Ah oui ? Répondit sincèrement Syulf, ignorant qu’il était sujet là d’une drukhari. Il faudra que vous me montriez ce que…
    -Non, croyez-moi, le coupa Uriah. Vous n’avez pas vraiment envie de savoir.
    -Mais si je puis me permettre une question… Reprit Ludivine. Que fait ici une archéotechnologue ? Ce monde n’est-il pas censé être coupé de l’Imperium ?
    -C’est bien là le sujet, répondit Uriah. Nous l’ignorons.
    -Elle a cette fâcheuse habitude d’étudier les portails aeldari, précisa Altaïr. C’est comme ça que nous l’avions rencontré la dernière fois, un peu par hasard.
    -Si cette thèse est correct, vous sous-entendez qu’elle aurait pu… Passer par un de ces portails ? Lui demanda Syulf.
    -C’est une possibilité, en effet.
    -Cela validerait l’idée qu’au moins, un des portails serait bien fonctionnel…
    -C’est bien là, tout le sujet, conclut Uriah. En tout cas, Krieger semble le croire. On doit donc prendre cette hypothèse très au sérieux.
    -Bien… Où se situent ces portails ? On doit les localiser et trouver un moyen d’en parler au monarque.
    Altaïr activa sa tablette de données et afficha la carte de Bremedia.
    -Selon notre navigator ici présente et les indices qu’elle a recueilli, nous aurions deux portails. Un au nord dans cette région, dans les terres des Orloaf et l’autre au sud dans les déserts des baronnies de Sahida.
    -La baronne Sahida reste difficile à cerner pour l’instant. Elle a peu parlé, lui dit Ludivine. En revanche, le baron Orloaf nous parait prompt à mener une guerre à lui tout seul.
    -Unending Warmonger, ce nom vous évoque-t-il quelque chose ? Ce pourrait être le nom d’une de leurs machines de guerre en lien avec cette menace.
    -Non, cela ne nous dit rien… Mais nous pouvons demander.
    -Je suis d’accord pour en parler au monarque mais je propose qu’on en parle d’abord au baron Orloaf. En fonction de ses réponses, nous pourrons en parler alors à Sahida et au monarque.
    -Je suis d’accord.
    -Comment peut-on l’approcher ?
    -Il loge, lui et sa délégation dans une autre aile du palais, comme tous les autres barons.
    -Il va falloir faire cela en toute discrétion, ajouta Uriah. Nous allons lui fixer un rendez-vous dans le jardin botanique du palais, loin des oreilles indiscrètes.
    Il se tourna vers Altaïr, lui désignant Säde.
    -Voyez pour que votre maitre espion s’en charge en toute discrétion. Nous allons préparer un message à transmettre à Orloaf.

    Une heure plus tard, comme convenu dans le message délivré par Säde, Uriah et Ludivine se tenaient près d’un bosquet de miraculites incarnadines odorantes, toutes en fleurs. Merveilles d’archéotechnologie d’un âge oublié, des oiseaux en cristal de synthèse multicolore virevoltaient entre les fleurs afin de les polliniser et d’en chasser les insectes indésirables. Plus loin, se tenaient la Brute, Altaïr, Alexia et Jocasta, aux aguets, sous les ombres de cyprès sanguinala. Les autres membres de leurs équipes étaient restés dans le salon, à l’étage de leurs suites. Les deux libres-marchands avaient demandé à Djoko d’organiser une petite mission non officielle. Accompagné de Vesuvio, Syulf, Säde et du magos Solutex, ils allaient devoir se rendre en navette, cette nuit-même afin de localiser la Docteure Solaris et la soustraire au danger auquel elle s’était peut-être déjà exposé. Nessa devait les accompagner mais préféra rester au palais, estimant qu'elle allait plus les encombrer qu'autre chose.

    Ces quelques minutes de relative quiétude étaient un leurre et Ludivine le savait pertinemment. Même si elle savourait ce moment au bras de son amoureux dans ce cadre enchanteur, ils ne pourraient pas en profiter. Entre la mort suspecte de son astropathe et la menace d’une guerre imminente, elle ne pouvait pas se sentir sereine. Uriah était nerveux, lui aussi, surtout lorsqu’ils virent approcher la délégation Orloaf. La Brute les contacta par vox discrètement, leur signalant à l’avance l’arrivée de leur interlocuteur.
    Le baron Ratisbore Orloaf portait une armure de combat qui aurait presque pu passer pour une armure énergétique, tellement elle était puissante et élaborée. C’était un homme dans la force de l’âge, au visage carré, puissamment bâti et au profil de combattant. Il incarnait tout autant la puissance martiale que le charisme d’un homme de pouvoir et d’un chef de guerre. Les sires Wulfram et Bertram, ses bras-droits et cousins de sa maisonnée, étaient tout autant parés pour la bataille que l’était leur baron, engoncés dans leurs armures de combat, patinées par le temps et des batailles qu’ils n’avaient pas pu connaitre. Tous deux devaient être pilotes de Quaestoris, des machines de guerre capables de renverser le cours d’une bataille. Ses propres filles jumelles Aelwinka et Reinwinka les accompagnaient. Les deux jeunes femmes étaient presque la symétrie parfaite l’une de l’autre. Le même visage dur et déterminé, les mêmes cheveux blonds coupés courts. Elles ne devaient pas être bien plus âgées que Ludivine et Uriah, pourtant, tout en elle les désignaient comme des combattantes assurées. Il n’y avait bien que chez des sœurs de bataille que Ludivine avait déjà vu une telle lueur dans le regard. Les cicatrices que les Orloaf arboraient avec fierté témoignaient au moins de la dureté de leurs entrainements et de leur détermination. Toutes deux étaient écuyères et donc pilotes d’armigères, ces Chevaliers légers, chassant en meute et qui servaient d’éclaireurs et de soutien aux plus gros Quaestoris. Rapides et moins blindés, les armigères n’en demeuraient pas moins capable de pulvériser un blindé léger, si besoin.
    L’escorte d’Orloaf se déploya selon un schéma défensif que la Brute nota pour lui. Ils se déplaçaient et se positionnaient très certainement à l’identique de leurs machines, selon des routines établis par des générations de batailles. Le baron approcha et vint se tenir devant les deux libres-marchands qu’il dominait d’une tête. Il présenta le carton d’invitation que Säde lui avait fait parvenir.
    -Vous souhaitiez me parler ? Soyez brefs, ce palais a ses propres espions.
    -En effet, Baron. Nous aimerions aborder un point avec vous avant la réception de ce soir.

    Cinq minutes plus tard, Orloaf leur tournait les talons, signalant à sa suite de lui emboiter le pas.
    -Vous m’avez fait perdre mon temps. Vos informateurs auront été mal renseigné. Je vous l’ai dit, il n’existe plus nul portail actif sur mes terres et ce depuis l’aube de ce monde.

    Uriah venait soudain de comprendre sa méprise. Le tarot était un art mystique des plus cryptiques et chaque indice pouvait donner lieu à deux interprétations ou plus. Par une simple association d’idées, il avait été persuadé que la docteure Solaris ne pouvait se trouver que là-bas, dans les ruines xenos des terres désolées qui bordaient la partie occidentale de sa baronnie. Non seulement Orloaf venait de leur confirmer que les ruines existaient bien sur ses terres mais que c’étaient ses propres ancêtres qui avaient jadis, écrasé les xenos qui s’y trouvaient, eux, leurs armées, leur culture infame et leurs maudits portails. Tout avait alors été rasé, broyé, éradiqué, comme il se devait. Lorsqu’Uriah évoqua le nom d’Unending Warmonger, vu dans le tarot et demandant au baron si ce nom lui évoquait quelque chose, ce dernier avait émis un petit rire.
    -C’est ma machine, leur avait-il dit. Un rarissime Dominus de classe Castellan. Sur Bremedia, seul le Chevalier du Haut-Monarque peut rivaliser avec sa puissance de feu qui domine, de très loin n’importe quel Chevalier Quaestoris. L’Unending Warmonger est la fière monture de mes ancêtres. Celle qui, à l’aube de notre civilisation, ici sur Bremedia, aura écrasé ces maudits xenos. Aussi, je puis vous garantir que mes terres sont plus que bien gardées, jeunes gens. La Maison Orloaf produit les meilleurs guerriers de ce monde, formés, entrainés et toujours parés à la guerre. N’allez même pas imaginer un seul instant que des étrangers arpentent ainsi mes terres en toute quiétude. Il n’en est rien et pour cela, je me porte garant de chacun de mes hommes. Vous ne cherchez pas votre heretek ou je ne sais quelle pilleuse d’archéotechs au bon endroit. Vous avez évoqué les terres Sahida, vous auriez mieux fait de questionner cette intrigante, plutôt que de me soupçonner, moi !

    Uriah et Ludivine venaient juste de comprendre que leur piste à suivre n’était pas sur les terres d’Orloaf.
    -Baron… Juste une question… Si nous découvrons le lieu par lequel les hérétiques d’Onidès comptent arriver sur Bremedia, pourra-t-on compter sur vos troupes ?
    Orloaf se figea puis se retourna vers eux, un sourire carnassier sur son visage.
    -Nous sommes déjà prêts à les accueillir, vous pouvez me croire. Qu’ils viennent, nous n’attendons que ça.
    -Une dernière chose… Par intrigante… Qu’avez-vous voulu dire à propos de la baronne Sahida ?
    Orloaf se rapprocha d’eux, au point d’être tout proche. Il se pencha un peu pour que ses paroles soient à peine audibles.
    -Qu’elle est bien à l’image de son héraldique. Un scorpion. Voilà tout ce que je peux vous dire.
    À la suite de quoi, il se retira, lui ainsi que ses aides de camp, laissant Uriah et Ludivine, un peu sonnés.

    -On doit impérativement aller voir le Haut Monarque, souffla Ludivine, une fois Orloaf parti.
    -Maintenant ? Lui répondit Uriah.
    -Oui, avant le diner. On doit lui parler.
    -De quoi ? Sur la baronne Sahida ?
    -Non, ce serait trop imprudent. Mais je tiens à ce qu’il te voit avant la réception. Il faut que tu gagnes des points à ses yeux. Tu es attendu et il verra cela comme une marque de respect de ta part. Crois-moi, ce genre de protocole, je le connais par cœur.

    Ils laissèrent passer quelques minutes, afin de ne pas rejoindre le palais juste après Orloaf et ses gens. Une fois dans les ailes du palais, Säde fut envoyée en avance afin d’identifier l’itinéraire du monarque qui allait se rendre au dîner. Cela permit à Uriah et Ludivine de pouvoir le croiser avant la réception, comme si c’était un pur hasard. Il se déplaçait avec sa suite, d’un pas décidé lorsqu’il vit Ludivine approcher, au bras d’un jeune homme. Il effectua un geste de la main. Lui et sa suite s’arrêtèrent alors que Ludivine effectuait une révérence impeccable.
    -Votre altesse.
    Pour toute réponse, il se contenta de dévisager Uriah. Ce dernier le salua à son tour. Le Haut Monarque devait bien avoir l’âge d’être son grand-père.
    -Je vous présente le Seigneur-Capitaine libre-marchand, Uriah Goldberg, Sire, ajouta Ludivine.
    -Fort bien… Vous savez que vous étiez très attendu, capitaine Goldberg ?
    -J’ai cru comprendre, Altesse. La capitaine Frae Spinaiser m’a fait part de vos attentes.
    -Et vous avez des réponses à nous apporter, jeune homme ?
    -Tout à fait, votre Altesse.
    -Parfait… C’est une jeune femme intelligente que vous avez à votre bras, capitaine Goldberg. Intelligente et fort habile. Elle ne se laisse pas déstabiliser par nos méthodes… Disons, quelque peu provinciales et parfois directes.
    -J’en suis fort conscient. Vos compliments nous touchent, Altesse.
    Le Monarque signifia alors à tout le monde d’avancer.
    -Trèves de flatteries. Un énième dîner protocolaire nous attend et vous allez être le centre du débat, mon garçon. Un simple conseil. Prenez exemple sur votre future épouse qui a su distiller des informations avec un certain tact. Mes barons ne sont pas tous des gens aussi subtils que vous autres libres-marchands. Si je n’étais pas là pour les tenir, ils se sauteraient à la gorge. Nous autres, sommes des gens de la terre. Nous pataugeons dans la boue, tandis que vous avez la tête dans les étoiles. Ne l’oubliez pas.
    Uriah hocha la tête et emboita le pas du monarque, avec Ludivine à son bras.

    Passés le protocole et les présentations, Uriah leur exposa les dernières informations qu’ils avaient récolté. Ils disposaient d’un délai d’une semaine tout au plus avant que Krieger ne soit prêt à lancer son attaque. Ludivine en profita pour aborder un point qui restait en suspens, à savoir le transport des Chevaliers. Les soutes de leurs frégates pouvaient aisément les accueillir, en revanche ils ne pouvaient pas poser leurs vaisseaux à la surface de Bremedia. Il leur fallait donc disposer de lourdes navettes atmosphériques capables de transporter les Chevaliers en orbite. Et ni elle, ni Uriah ne disposaient de telles navettes.
    -Une chance que nos sacristains aient continué de perpétuer les rites d’entretien sacrés de toutes nos machines, durant toutes ces années, répondit le monarque. Chaque maison dispose d’un certain nombre de navettes prévues à cet effet. Elles n’ont plus servi depuis des lustres mais sont toujours maintenues en parfait état de marche, tout comme nos montures.
    -Voilà qui est parfait… Nous pourrions alors transporter vos vénérables machines et leurs pilotes.
    Plusieurs voix s’élevèrent autour de la table. Ceux qui étaient enthousiastes à l’idée de participer enfin à un conflit, à l’inverse de ceux qui étaient plus modérés à l’idée de s’associer avec leurs rivaux.
    La Brute profita du brouhaha pour glisser à Uriah.
    -Nous pourrions arrêter de tourner autour du pot et être un peu plus direct avec eux ?
    -Comment cela ?
    -Leur dire pour ces satanés portails xenos encore actifs.
    -On ne peut pas leur dire comme ça… Tu as vu la réaction d’Orloaf pour Sahida ? Tu veux qu’on provoque une crise entre eux ?
    -Uriah à raison, ajouta Ludivine qui se tenait à côté. Nous allons devoir en savoir plus de la part de notre équipe envoyée sur place. Evoquer dès à présent la présence d’un portail actif sur une des baronnies va créer un incident diplomatique. Nous devons impérativement aborder ce sujet avec la plus grande prudence. Evoquer le fait que Krieger risque de projeter ses troupes à un endroit précis, mais sans parler de portail déjà actif… Je pense.
    Au bout de quelques instants, le monarque coupa court aux invectives que se lançaient ses barons. Il frappa la lame de son couteau contre son verre en cristal afin de réclamer le silence. Il allait parler pour dire quelque chose mais se figea soudain avant qu’il ne s’affaisse sur la table, le visage en plein dans son assiette. Il ne bougeait plus.
    Le silence saisit alors toute l’assemblée pour de bon.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 14/02/2025 à 19:55 Citer ce message

    Djoko était heureux de reprendre enfin les commandes d’un aéronef. Cela faisait un bon moment qu’il n’en avait plus piloté car cela remontait au moins à avant la grossesse d’Alisabeth. Même là, de nuit, tous feux éteints, en rase-mottes au raz des flots de la Mer des Sept Vents, il était heureux de piloter cette simple navette Aquila. Même si cette mission n’avait rien d’exceptionnel, il pouvait au moins sentir de nouveau les commandes de Marabella Gloria, l’ancienne navette personnelle d’Isabella. Cela lui permettait déjà de ne pas oublier la libre-marchande et d’espérer un jour la libérer des mains de ces salauds de pirates et de la retrouver. Il allait en parler dans le vox interne mais se rappela que pour une fois, il ne faisait pas équipe avec ses deux compères, la Science et la Brute mais juste avec leurs clones, ces deux énergumènes de Syulf et Vesuvio. Cette fine équipe était complétée par Solutex, le magos de Ludivine et comme pour tous les magos, Djoko avait appris à traiter avec eux le moins possible. Dans le meilleur des cas, c’était comme chercher à argumenter avec un moteur capricieux et dans le pire des cas, ils rêvaient de vous remplacer tous les organes par de la ferraille. L’équipe était complétée par Säde et elle, même si elle était du Morning Star, il avait toujours eu du mal à la cerner. Cette fille savait clairement se montrer efficace sur bien des sujets et il n’allait pas la blâmer pour son passé d’ancienne criminelle. Pas lui. Mais d’un autre côté, elle était le maitre espion d’Altaïr et le sénéchal aimait à s’entourer d’une bande de fieffées canailles de la pire espèce. C’était pour dire à quel point la Science aimait jouer avec le feu depuis qu’il trafiquait le Trône savait quoi avec cette drukhari.
    Il sortit de ses pensées tandis qu’ils approchaient de leur objectif. Déjà ils ne survolaient plus les flots mais la terre-ferme. Du moins, il était plutôt question de désert. Il contourna un récif montagneux sur son aile bâbord et fila droit vers la structure triangulaire qui se détachait à quelques kilomètres de là.
    -Pyramide en visuel, lui dit Syulf depuis le dôme d’observation. Van Bergen, prenez garde à ne pas voler trop bas.
    Djoko allait répondre quelque chose d’insolent mais se contenta de lever les yeux au ciel. Prendre garde à sa façon de piloter… Nan, mais il savait à qui il parlait, l’universitaire avec ses airs de prince des bibliothèques ?
    -Atterrissage dans trente secondes, tenez-vous prêts, se contenta-t-il de répondre.
    Il posa la navette Aquila à deux kilomètres au sud de leur objectif, comme cela avait été convenu. Pour cette petite escapade, ils avaient emmené quelques armes avec eux, du moins de quoi répondre à toute éventualité. Djoko s’amusait à les voir se déplacer avec un tel attirail. Säde portait un bolter et un fusil de précision, Syulf, un fusil radiant, Vesuvio, une mitrailleuse jumelée – rien que ça et le magos avait évidemment tout un arsenal laser sur lui.
    Toujours de nuit, ils firent les deux kilomètres à pied, dans le sable, ce qui leur prit quarante-cinq bonnes minutes. Ils prirent position derrière quelques rochers, une fois parvenus à deux-cents mètres de la pyramide. Ils avaient eu le temps de se familiariser quelque peu avec leur environnement et avec l’obscurité, même si une partie d’entre eux étaient équipés de vision nocturne. Dans le ciel, Onidès était pleine et éclairait suffisamment le désert et les faces de la pyramide pour y voir suffisamment.
    -Cette pyramide est sans doute très ancienne et ses origines sont clairement xenos. Leur dit Syulf dans un murmure.
    -Quel genre ? Aeldari ? Lui demanda Djoko.
    -Oui, je peux reconnaitre certains glyphes, même d’ici. Et puis Ephèse Solaris est une grande experte en linguistique aeldari. Raison pour laquelle elle doit être ici et je pense qu’ils ont dû lui mettre la main dessus à cause de cela…
    -Pourquoi ? Parce qu’elle sait lire l’aeldari ?
    -Parce qu’elle saurait activer un portail…
    Des véhicules étaient stationnés là mais aussi des hommes armés. Ils purent distinguer un Cargo-8, deux tous-terrains, certainement des Ridgerunners modèle Achilles. Il y avait aussi un étrange marcheur qu’ils ne reconnurent pas. Plus gros qu’une Sentinelle et disposant de quatre pattes articiulées.
    -C’est un Dunecrawler, leur répondit le Magos Solutex de sa voix métallique. Loué soit l’Omnimessie, il s’agit de véhicules du Mechanicus.
    Depuis la lunette de son fusil de précision, Säde le confirma.
    -Il y a bien la rune du Mechanicus sur leurs véhicules.
    -Qu’est-ce qu’ils font là ? Lui demanda Vesuvio.
    -Ce sont des skitarii… Les troupes de leurs magos, sans doute ceux de cette baronnie. Je pourrais aller les voir et leurs demander ? Proposa Solutex.
    -On ne s’emballe pas… Répondit Djoko. Il n’était pas question d’un éventuel heretek qui rode dans le coin ?
    -Ils n’ont pas l’air d’être des hérétiques… Lui dit Syulf. Sans doute le cherchent-ils aussi ?
    -Disons que cela ne se repère pas toujours au premier abord, répondit le magos. Mais là, ces troupes et ces véhicules sont parfaitement standards. Ce sont certainement les unités Mechanicus de la Maison locale, rien de plus. Le sénéchal a sans doute raison.
    -On peut savoir s’ils portent leur héraldique ? Demanda Syulf.
    -Je confirme, lâcha Säde entre ses dents, concentrée à observer à travers sa lunette. Les véhicules portent le symbole du scorpion, l’emblème des Sahida.
    -Donc, ils sont bien là en mission officielle, ajouta Syulf.
    -Et nous, à leur tomber dessus, nous risquons clairement l’incident diplomatique, leur dit Djoko.
    -Pas si nous déjouons un complot, précisa Vesuvio.
    -Oui, mais pour prouver cela, il va falloir marcher sur des œufs et la jouer très fine, compléta Djoko. Si on y va comme ça, avec toute votre artillerie, non seulement nous allons paraitre suspect à sortir de nulle part mais en plus nous serons très clairement perçus comme une menace.
    -Je peux y aller, dans ce cas, émit le magos. De moi, ils ne devraient pas trop se méfier.
    -Vous allez leur dire quoi ?
    -Que nous sommes envoyés par nos libres-marchands pour visiter ces ruines ?
    -Ah oui ? Et pourquoi donc ? Cela ne fait pas partie de cette visite de protocole.
    -Je vais y aller avec lui, répondit Syulf, je suis archéotechnologue à l’origine, tout comme la Docteure Solaris. Cela aurait donc du sens si j’allais leur parler. Disons que ce sera une simple visite entre spécialistes. Au moins, on pourra en apprendre un peu plus sur leur présence.
    -Que quelqu’un vous accompagne dans ce cas. Nous autres, on reste en couverture.
    -Je vais avec eux, ajouta Vesuvio. Sans garde du corps, vous n’allez pas être crédibles.
    -Entendu, lui dit Syulf. Allons-y.
    -Et puis c’est pas comme si nous étions une menace et qu’ils allaient nous tirer dessus, ajouta le magos.
    -Oui, bin je ne serai pas aussi confiant que vous sur ce point, précisa Djoko.

    Lui et Säde restèrent derrière un rocher à observer la scène à distance. Säde suivait la scène depuis la lunette de son fusil de précision et en profita pour observer les premiers skitarii qui gardaient l’entrée de la pyramide ainsi que leurs véhicules. Sur les cent derniers mètres, ils virent leurs compagnons approcher tandis que les skitarii commencèrent à se déployer et à pointer leurs armes. Ils étaient cinq. Tous armés de fusils étranges de deux modèles différents. A moins de quarante mètres, les skitarii leur demandèrent de s’arrêter. Syulf, Vesuvio et Solutex levèrent leurs mains afin de montrer leurs intentions pacifiques. En revanche, ils portaient tous leurs armes en bandoulière. Au cas où et de toute façon, arpenter un désert sans arme serait tout aussi suspect.
    Les skitarii parlaient dans leur langue binaire faite de sons électroniques. Seul le magos parvenait à les comprendre et devait faire la traduction pour Syulf et Vesuvio. Djoko et Säde pouvaient suivre à distance, depuis leurs microvox. Comme ils pouvaient s’y attendre, les skitarii leur demandaient la raison de leur présence et leur interdisaient formellement l’accès. Malgré les tractations lancées par Syulf, Djoko réalisa soudain que la situation n’allait pas tourner à leur avantage. De façon synchrone, les skitarii armèrent leurs fusils, les pointèrent et ouvrirent le feu. Il eut juste le temps de crier dans le vox, les avertissant de se mettre tout de suite à couvert. Syulf fut le premier à réagir et évita un premier tir de justesse. L’alerte donnée par Djoko permis à Vesuvio et Solutex de se mettre à couvert juste à temps, sous une grêle de tirs, mêlant projectiles et tirs d’énergie qui éclatèrent les pierres et le sable autour d’eux mais miraculeusement sans parvenir à les toucher. Ils se répartirent de chaque côté d’une rampe en pierre qui encadrait une volée de marches qui donnait sur l’entrée située un peu plus haut. Djoko se précipita pour les rejoindre, cherchant à se mettre à couvert derrière le camion Cargo-8.
    Pendant ce temps, Syulf, Solutex et Vesuvio avaient basculé leurs armes et ripostaient déjà. Vesuvio fit pleuvoir des dizaines de projectiles depuis sa mitrailleuse jumelée mais entre le couvert et la précipitation, il manqua toutes ses cibles. Syulf et le magos blessèrent deux skitarii de leurs fusils radiant plus précis mais pas suffisamment pour s’en débarrasser. Ces derniers étaient équipés d’armures carapaces légères et de nombreux augmentiques ce qui n’en faisait pas des troupes conventionnelles. La douleur ou l’effroi ne les affectaient pratiquement pas et cela changeait la donne. Säde fit mouche de son fusil de précision. La cellule pleine bourre pouvait être dévastatrice, mais le M36 était une arme longue à recharger bien que précise et silencieuse. Elle manqua la tête et toucha sa cible au bras, endommageant l’arme du tireur au passage. Le skitarii tituba et elle crut l’avoir éliminé, pourtant ce dernier était encore là, avec son bras augmentique et son fusil en partie détruits. Les skitarii ripostaient, toujours de façon synchrone et parfaitement mécanique, comme les pièces d’un rouage qui agissaient en harmonie. Nul doute qu’en nombre, ils devaient présenter une réelle menace. Mais à cinq… Désormais quatre, il était clair qu’ils avaient du mal à improviser et anticiper les mouvements adverses sans l’appui d’un magos capable de gérer ces types de paramètres. Leurs tirs manquaient de précision, tout comme leur stratégie. Ils n’obéissaient qu’à des routines programmées, à des protocoles gravés à l’avance dans leurs schémas synaptiques. Garder l’entrée et empêcher tout intru d’approcher devait être la consigne. Répondre à un feu nourri ne devait pas faire partie des ordres.
    Vesuvio finit par lâcher la mitrailleuse, trop encombrante et trop imprécise. Il dégaina ses deux pistolets bolter et fit feu, explosant deux skitarii d’une volée de bolts. Ça, au moins, il maitrisait, se dit-il avec un franc sourire de satisfaction. Säde avait, elle aussi laissé de côté le fusil M36. L’arme était puissante mais prenait bien trop de temps à recharger. Elle bascula son bolter, visa et ouvrit le feu, terrassant un troisième skitarii au passage. Le magos et Syulf finirent les deux restant, ceux déjà touchés. Ils étaient en train de se replier en hâte vers l’entrée de la pyramide, dans doute pour donner l’alerte mais n’en eurent pas le temps. Ils tombèrent, criblés de tir de radiant.
    Ils se retrouvèrent tous au niveau des marches, devant la pyramide. Cinq corps gisaient là désormais. Leurs augmentiques étaient à moitié démembrés tandis qu’un mélange de sang et d’huile coulait sur escaliers.
    -C’est une catastrophe… Annonça le magos.
    -Qui a dit qu’il n’y avait aucune raison qu’ils nous tirent dessus ? Lâcha Djoko, tout en le regardant avec un air où planait une pointe de sarcasme.
    -La logique voulait qu’ils soient de notre côté…
    -Ah, bin si on avait juste dû se fier à la logique, moi je serai dans un bon bain chaud avec deux demoiselles plutôt que de me farcir vos âneries de ruines xenos.
    -S’il y a du monde à l’intérieur, ils doivent être au courant à présent, leur annonça Säde qui passa devant Djoko, tout en vérifiant le chargeur de son bolter.
    -Elle a raison, on ferait bien d’aller jeter un coup d’œil à l’entrée, idée qu’ils ne nous tombent pas dessus, annonça Vesuvio.
    -On ferait bien surtout de prévenir tout de suite le Daughter pour qu’ils nous envoient des renforts, ajouta Syulf.
    -Bonne idée, mais ils ne pourront pas être là avant quatre heures, au moins, précisa Vesuvio.
    -Quatre heures, c’est trop, on va devoir les prévenir mais se débrouiller seuls en attendant, compléta Djoko.
    -Il a raison, leur dit l’archimilitant. Commençons par leurs véhicules. On devrait les saboter.
    -Je propose qu’on garde un des Achilles en état. On pourra en avoir besoin si on doit décamper d’ici en urgence.
    -Pas bête. Je peux m’en occuper et bousiller leurs moteurs, leur dit Vesuvio.
    -Certainement pas ! Glapit le magos. Huile consacrée ! Vous n’allez tout de même pas détruire de saintes machines !
    -Je voulais juste les saboter…
    -Alors dans ce cas, je m’en occupe. Je sais comment déconnecter une machine sans l’endommager…. Allez plutôt surveiller que personne ne nous tombe dessus.
    -Et le message pour le Daughter ? Demanda Syulf.
    -Envoyez-moi votre message par vox et je le ferai transmettre par le biais de notre navette vers l’orbite.
    Djoko hocha la tête.
    -Parfait. On fait une rapide reconnaissance des lieux et on vous tient au courant, magos.
    Il fit un signe au reste du groupe, son pistolet bolter à la main.
    -Allons voir ce qu’ils trament dans cette pyramide.

    Ils empruntèrent le long couloir obscur qui menait droit vers l’intérieur de la structure. Il leur parut clair que du sable avait été excavé récemment, ici, comme à l’extérieur, au niveau des volées de marches. Le sable avait dû recouvrir toute cette partie et pourtant, tout récemment cela avait été excavé. Parvenus au centre de la structure, de récents travaux avaient percé les dalles du sol, ce qui donnait sur un large passage donnant sur des escaliers en pierre qui descendaient vers les profondeurs. De là où ils étaient, ils pouvaient entendre des bruits de machinerie industrielles depuis les niveaux inférieurs.
    -Descendons, leur dit Djoko. Le bruit qui vient d’en bas doit couvrir les sons. Voilà pourquoi ils n’ont sans doute pas entendu la fusillade.
    Ils descendirent les escaliers puis débouchèrent sur un long couloir dallé qui donnait sur une ouverture à quelques dizaines de mètres de là. De la lumière diffuse en émanait. Ils approchèrent prudemment et découvrirent une vaste cavité dans laquelle travaillaient une petite armée de servitors aidés d’engins de chantier qui continuaient d’excaver le sable et des centaines de mètres-cubes de terre. Sous la pyramide, une très ancienne structure xenos se trouvait là depuis sans doute des millénaires. Depuis avant l’arrivée des premiers colons humains. Des skitarii armés gardaient les lieux et plus loin, à l’autre bout de la cavité, ils purent deviner la structure immense d’un portail d’apparence xenos auquel était connectés des générateurs. Deux magos supervisaient les opérations, accompagnés d’une femme que Syulf reconnut, même de loin.
    -Ephèse Solaris…
    -Elle est avec eux ? Lui demanda Djoko.
    -Je ne pense pas, vu comment ils ont l’air de la presser ou de la menacer.
    -Ce sont eux les hereteks ?
    -On dirait bien. Et ils ont clairement l’air de vouloir activer ce foutu portail.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 27/02/2025 à 17:47 Citer ce message

    L’état de choc était total et la sidération venait de figer la scène dans une véritable stupeur. Sur un geste de l’oratrice, les gardes fermèrent les portes. L’intendant se mit à crier dans la salle : « Un médecin, vite ! ». La stupéfaction céda la place à la confusion parmi les barons qui se mirent à s’invectiver et à s’écharper avec véhémence. Altaïr en profita pour tenter d’analyser leurs propres réactions, cherchant à y déceler un simple détail, une attitude qui pourrait désigner un possible coupable, mais comprit que tout le monde était en train de s’accuser. Ludivine s’était levée et criait à l’attention de l’intendant de faire boucler le palais alors que la Brute et Alexia cherchaient à s’approcher afin de voir quel était l’état du monarque.
    Ils n’eurent que moins d’une minute pour réaliser qu’il était en arrêt cardiaque, mort très certainement empoisonné. Alexia profita de l’agitation générale et du fait que l’on annonçait l’arrivée de l’équipe medicae du palais pour attraper Ludivine et Uriah en douce.
    -Il vient d’être empoisonné, mais je peux peut-être faire quelque chose pour lui. Je ne garantis rien vu le peu de temps, mais c’est maintenant qu’il faut se décider.
    Uriah échangea un regard avec Ludivine.
    -Oui, faite-le !
    -D’accord. Gardez cela secret pour l’instant, leur dit la famulus qui revint vers le corps du Monarque.

    Au même moment, les portes s’ouvrirent et les gardes laissèrent passer en trombe l’équipe medicae. Tout le monde s’écarta. L’oratrice cria pour se faire entendre.
    -Sortez tous ! Laissez les médecins effectuer leur travail.
    L’Egide et le Maitre de Justice profitèrent de cet instant pour ajouter leurs consignes.
    -Le Monarque est souffrant et va être évacué. En attendant, vous êtes tous consignés au palais. Interdiction formelle d’en sortir et interdiction formelle d’utiliser des moyens de communication vers l’extérieur du palais. La sécurité du Haut Monarque est notre priorité. Une enquête va être diligentée par nos services afin d’éclaircir ces circonstances. Vous pouvez disposer.
    Tous les convives, à l’exception des membres du Haut Conseil, des médecins et des gardes, quittèrent alors la salle. Uriah et Ludivine tentèrent de retrouver Alexia, mais elle était dans les derniers à sortir, avec Altaïr. Ils étaient alors dans l’impossibilité de savoir si la famulus était parvenue à faire quoi que ce soit. Jocasta en revanche vint les rejoindre, un air inquiet sur son visage couturé et blafard.
    -J’ai ressenti quelque chose qui a tenté de percer mon esprit.
    -Comment cela ? Un psyker ? S’étonna Uriah. Ludivine eut un instant de recul à l’évocation d’une telle menace.
    -Non… C’était autre chose, répondit la navigator. Je pense que c’était plutôt une entité warp un peu comme…
    Ludivine se signa aussitôt, encore plus inquiète à cette terrible évocation.
    La Brute vint aussitôt l’interrompre en faisant mine de la bousculer, profitant de la confusion.
    -Quoi ? Lui dit-elle en se massant les côtes.
    -Y a des mots qu’il vaut mieux éviter de prononcer en public, petite, lui dit-il tout en désignant un garde et un des valets qui dévisageaient Jocasta avec de l’effroi dans le regard. Ils avaient clairement entendu ses paroles. Partons vite d’ici et retournons à nos suites. On avisera, une fois la tension retombée.
    -Nous n’avons pas de temps à perdre, ajouta Ludivine qui attrapa Alexia au passage. Alors ?
    -Alors, le Monarque est décédé, ajouta la famulus dont le visage était livide mais empli d’une certaine assurance. Je pense cependant qu’ils ne vont pas l’annoncer aussi tôt.
    -Mais dite-moi que vous avez pu tenter quelque chose !
    -Ayez la foi, ma douce enfant. L’Empereur-Dieu guide ma main et j’ai une foi absolue en lui. Si Sa volonté l’exige, alors le Monarque vivra. Mais pour l’heure… Rien n’est encore certain. Il m’aurait fallu rester un peu plus longtemps à son contact.
    -Nous devons rencontrer les barons, leur dit alors Uriah.
    -Pourquoi cela ? Demanda Jocasta.
    -Parce que mort ou non, quelqu’un ici a tenté d’assassiner le monarque et si son projet échoue, il recommencera. De plus, vous avez décelé cette présence psychique… Vous êtes bien sûre que cela provenait d’une entité warp ?
    -Oui, j’en suis certaine.
    -Cela pourrait-il être ce strix donc Altaïr nous parlait ?
    -J’ignore ce qu’est un strix… Mais ce que j’ai ressenti n’a rien d’humain. C’est la première fois que je ressens une telle chose. Elle a tenté d’entrer dans mon esprit et… Je… Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cet astropathe.
    -Raison de plus pour rester tous vigilant, ajouta Uriah.
    Il se tourna vers Altaïr.
    -Ce strix possède des pouvoirs psychiques, c’est bien cela ?
    -En effet. Ce sont des créatures psychiques.
    -Et c’est aussi un changeur de formes ?
    -Il semblerait que oui.
    -Donc, ce pourrait être potentiellement n’importe qui…
    -Et proche d’une invasion imminente, précisa Ludivine, cela ne pouvait pas tomber au pire moment. La division règne parmi les barons alors qu’il leur faut l’unité. Voilà pourquoi nous allons devoir trouver le coupable ou ce… Strix par nous-mêmes, car je doute fort qu’ils disposent dans ce palais d’enquêteurs dignes de ce nom.
    -Je partage votre avis, ma chère, répondit Uriah. Je déplore juste que Säde Lindholm ne soit pas présente en ce moment. Tant pis, nous ferons sans.
    -Et sans moyens de communication, impossible de la joindre elle et Djoko, lui dit la Brute.
    -En effet… Mais chaque chose en son temps. Nous allons devoir faire vite. Il désigna Altaïr, la Brute et Jocasta. Tous les trois, vous allez profiter que tout le monde est consigné au palais pour aller fureter dans les couloirs. Tâchez d’écouter les conversations, de parler à des gens et de prendre la température. Il nous faut savoir qui pourrait être dans le coup.
    -A commencer par les Sahida ? Proposa Altaïr.
    -Exactement, on commence par le scorpion. Eux et les Florentine, ce sont les principaux suspects pour l’instant.
    Il se tourna alors vers Ludivine et Alexia.
    -Quant à nous, nous allons rencontrer de nouveau le baron Orloaf. Si quelqu’un a les épaules ici pour reprendre le contrôle si jamais le monarque venait à décéder, ce pourrait être lui. Une guerre approche et quelqu’un tente de saper toute possible défense de ce monde.
    -Ce qui pourrait signifier que l’ennemi n’est peut-être même pas en ces murs, leur dit Ludivine.
    -J’y ai pensé. Et plus j’y pense, plus je me dis que c’est fort probable.
    -Ce qui n’empêche pas qu’un ennemi extérieur ne puisse pas disposer de complices au sein d’une des baronnies, compléta Alexia.
    -Très juste. Voilà pourquoi j’aimerai que l’on interroge tous les barons avant d’aller parler au Haut Conseil.
    -Leur parler ? S’étonna Ludivine. Mais vu comment le Maitre de Justice me soupçonne avec cette histoire de quarantaine, cela va être compliqué.
    -Moi, je peux aller leur parler, lui répondit Uriah. Je n’étais pas présent à la morgue. Ils devront bien m’écouter.
    -Ils pourraient tout autant nous soupçonner de trahison et d’être les coupables de toute cette manigance.
    -Et je pourrai tout aussi bien leur envoyer quelques ogives nucléaires idée de tous les calmer.
    Ludivine prit un air horrifié.
    -Uriah, vous n’êtes pas sérieux ?
    Uriah prit un instant avant de répondre. Au fond de lui, l’idée ne le chagrinait pas plus que cela.
    -Rassurez-vous… Mais personne ne vous menacera devant moi, ma douce.

    Par l’entremise d’un valet du palais, ils avaient fixé un autre rendez-vous au baron Orloaf, cette fois-ci sur la jetée qui donnait directement sur la mer. La vue était magnifique, avec une côte torturée par les éléments. Des oiseaux marins carnassiers, bleus et blancs tournoyaient au-dessus des flots en piaillant en cette saison de reproduction. Orloaf les y retrouva à l’heure convenue.
    -Soyez brefs, comme vous pouvez le deviner la situation est explosive. Et les messes-basses n’amènent que suspicion.
    Uriah et Ludivine lui exposèrent leur plan, à savoir que si le monarque venait à décéder, il leur faudrait compter très rapidement sur l’appui d’un baron capable militairement et aux épaules suffisamment larges pour endosser la responsabilité du nouveau monarque. Leur choix s’était naturellement arrêté sur lui, car Orloaf leur paraissait être taillé dans ce roc qui façonne les seigneurs de guerre, or, Bremedia avait besoin plus que tout d’un nouveau général capable d’écraser la face de Krieger.
    -Et vous-même… Pourriez être un candidat tout désigné, ajouta Alexia.
    Oloaf eut un petit rire.
    -Evidemment que j’ai la capacité d’endosser ce rôle. Mais moi et la majorité des barons, en sommes parfaitement capables. Bon, sauf peut-être un ou deux mais tout cela reste dans nos cordes. Je vois ce que vous voulez mais ici, cela ne fonctionne pas comme ça. Si le Monarque décède, nos codes nous imposent d’en désigner un nouveau par un vote entre barons. Seule l’unanimité peut désigner un tel candidat.
    -Et vous avez bien des soutiens ? Des alliés au sein des autres barons ? Nous pourrions leur en toucher un mot.
    -Je vois bien où vous voulez en venir, mais notre ordre ne va pas déroger à la règle selon vos propres besoins.
    Ludivine lui demanda un instant et prit Uriah et Alexia à part afin d’échanger en privée sur la teneur de leur discours. Il n’était pas question de commettre les mêmes erreurs que ce matin-même avec Orloaf. Ils comptaient évidemment s’assurer qu’il puisse être un candidat possible, le cas échéant. Mais, leur manœuvre était double, car ils voulaient aussi connaitre les intentions des autres barons. Si un coupable était parmi eux, ils devaient le démasquer. Ils revinrent lui parler.
    -Nous comptons bien évidemment laisser vos codes de loi dicter la volonté de vous autres barons et ne comptons pas faire ingérence, précisa Uriah. En revanche, nous voyons qu’il y a urgence à agir. Perdre des jours à débattre autour d’un vote ne ferait que laisser Bremedia en position de faiblesse.
    -Nous aimerions au moins pouvoir en toucher un mot à votre Haut Conseil, compléta Ludivine. Peut-être même au Maitre de Justice, il pourrait intercéder en votre faveur, vue les circonstances et l’urgence ?
    Orloaf eut de nouveau un léger petit rire.
    -Le Maitre de Justice ? le vieil Alwin est mon oncle et en tant qu’Orloaf il serait honoré de me voir sur le trône mais vu comment il vous a à l’œil, ma chère, n’allez pas vous faire trop d’illusions. Lui, tout comme moi, sommes des hommes d’honneur, comme tous les Orloaf. Si notre Monarque devait décéder et qu’un vote avait lieu, il n’usera d’aucun passe-droit pour me faciliter la tâche, même s’il le voulait. C’est ainsi dans le code de la chevalerie.
    -Et c’est tout à votre honneur, croyez-moi baron, lui dit Ludivine.
    -Disons que vue notre position indépendante et notre statut d’émissaires, nous serions tout disposés à émettre certains conseils, compléta Uriah.
    -Je n’en doute pas, mon garçon.
    -Nous savons déjà que certains barons sont prêts à vous suivre, nous pourrions alors intercéder –en tant qu’ambassadeurs externes et neutres, pour ainsi dire – auprès des indécis, ajouta la famulus. Encore une fois, Baron, nous ne cherchons qu’à préserver les intérêts de Bremedia et de l’Imperium. Mais pour cela nous allons devoir compter sur un homme fort et connaitre très clairement ses soutiens et ses rivaux.
    -Oui, un homme tel que moi, j’avais bien saisi. Et ne croyez pas que j’approuve les querelles interminables que mes pairs cherchent à alimenter. Nous agirons selon nos propres règles. En revanche…
    -Oui ?
    -Vous n’êtes ni des barons locaux, ni même des brémediens. Votre statut d’émissaires vous permet de prodiguer certains conseils de manière plus ou moins officieuse, en effet. Comme vous le faites là.
    -Qui donc, en dehors de vous, aurait une oreille attentive à nous prêter, baron ?
    -Tourlaine c’est certain, mais il m’est déjà acquis. Ordil et Zhlane sont encore indécis. Ils ont leurs propres ambitions, mais j’aimerai les convaincre.
    -Ces informations nous sont déjà précieuse, croyez-nous.
    -Les deux maisons restantes y seront opposées, j’imagine ? Ajouta Uriah.
    -C’est certain. Sahida n’est qu’une intrigante pour qui la guerre est un terrain qu’elle préfère éviter, cherchant plutôt à exposer les autres. Quelle pitié que cette garce d’Heldreda ait entrainé ses trois fils dans cette voie. Quant aux Florentine, leur amertume est leur seul argument aujourd’hui. Le vieil Octus et sa peste d’épouse feraient bien de passer la main. Voilà ce que je pense. Corvin Zhlane, lui, est un ambitieux pétri de morgue et de prétention mais au moins il connait son affaire, comme ces deux fanfarons de Tourlaine et Ordil. Eux, au moins, je saurais les gérer au cœur de la bataille.
    -Alors, nous allons intercéder auprès d’eux et voir comment opérer avec les Sahida et les Florentine, lui dit Uriah.
    -Eh bien, bonne chance, mon garçon. Je vous laisse, nous avons un monarque qui rend l’âme et je ne compte pas passer pour un comploteur à leurs yeux.

    Uriah et Ludivine le laissèrent retourner auprès de ses hommes avant de s’échanger un regard.
    -Nous allons devoir contacter Altaïr, ces révélations sont précieuses, même si le monarque devait vivre, lui dit Uriah.
    -Il va vivre, capitaine Goldberg, ayez donc la foi, pour l’amour du Trône, souffla la famulus.
    -Oui, mais vivant ou non, il nous reste un complot à déjouer, compléta Ludivine. Et pour cela, nous devons absolument rencontrer le Haut Conseil.
    -Je vais contacter Altaïr, je veux qu’il surveille les Sahida en priorité, lui répondit Uriah.
    -Il y a cependant un détail qui me chiffonne avec la baronne Sahida, ajouta Ludivine.
    -Lequel ?
    -Orloaf nous a dit que de façon générale, elle préférait éviter la guerre…
    -Oui, et ?
    -Et tous les éléments qui se jouent ici et maintenant vont en déclencher une. Or, je vois mal quelqu’un comme elle, provoquer une guerre justement.

    Au même moment, Altaïr, la Brute et Jocasta avaient parcouru les couloirs du palais, mais en vain. Les Florentine étaient introuvables mais ils finirent par mettre la main sur les Sahida dans un des jardins d’hiver du palais, entres les arbres exotiques et des volières peuplées de sublimes oiseaux rares et multicolores, aux ailes toxiques. Ils menaient un petit conciliabule aussi Altaïr et les deux autres firent mine d’arpenter les volières comme si de rien n’était. A une quinzaine de mètres de là, Jocasta en profita pour chercher à déceler toute potentielle activité psychique mais ne repéra absolument rien. Ce qu’elle confirma aux deux autres. Altaïr leur demanda de faire silence et prêta l’oreille, afin d’entendre la conversation des Sahida. Au bout de quelques instants, il fit mine de poursuivre son chemin, indiquant à Jocasta et la Brute de le suivre.
    -Eh bien ? Lui demande Jocasta à voix basse.
    -Ils sont en train de s’interroger sur un possible assassin parmi les barons. Eux aussi réalisent que cela tombe au pire moment et comprennent qu’ils vont être dans le collimateur de certains.
    -Donc cela pourrait totalement les disculper ? Lui dit Altaïr.
    -A moins qu’ils soient de bons acteurs et jouent les innocents ? Leur répondit la Brute.
    -Je ne pense pas. Quel intérêt entre eux de dire cela s’ils étaient réellement impliqués… Non, cela confirme plutôt que les Sahida pourraient être innocents, et ce, malgré les apparences, ajouta Jocasta.
    -Dans ce cas, allons leur parler, les coupa Altaïr.

    Ils allèrent les voir et Altaïr entama la conversation avec la baronne. Il évoqua un possible conseil qui pourrait se tenir en cas de décès de l’actuel monarque.
    -Pour cela, il faudrait trouver rapidement un nouveau monarque, dit-il, car… Cela ne vous aura pas échappé, mais une guerre est imminente et un nouveau baron va sans doute être élu. Bremedia risque fort d’avoir besoin d’un baron, disons… avec une certaine affinité martiale.
    Elle le toisa avec une certaine dureté.
    -Pourquoi un baron ? Et pourquoi pas plutôt une baronne ? Pourquoi diable vous imaginer que ce va-t-en-guerre de Ratisbore Orloaf serait le meilleur des choix. Il serait bien trop heureux de déchainer sa fureur belliciste tel un enfant gâté impatient. Ils sont bien tous pareil, les Tourlaine et les Ordil, des idiots qui n’implorent que la guerre sans l’avoir jamais menée. Et cet imbécile de Corvin Zhlane croit qu’il peut déjà danser sur le corps encore chaud de son oncle et qu’il va tous les mener à la baguette. Peuh… Que savent-ils de la stratégie à mener à part foncer dans le tas comme de vulgaires Peaux-vertes ? Rien !
    La baronne Heldreda Sahida fit un signe de la main et s’éloigna, suivie par ses fils chevaliers et son écuyère. Ces derniers lancèrent un regard plein de défi à Altaïr, en partant.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 07/03/2025 à 16:43 Citer ce message

    Les libres-marchands réunirent le reste de leurs équipes et en profitèrent pour partager les derniers éléments recueillis. Il paraissait clair désormais que les Sahida, perçus jusque-là comme des coupables idéals, ne l’étaient sans doute pas. Cela laissait planer le doute sur les Florentine et plus que jamais il allait falloir rencontrer le Haut Conseil et notamment le Maitre de Justice afin de faire accélérer l’enquête d’un côté et s’assurer qu’un monarque soit aux commandes en cas d’invasion par Onidès.
    Ludivine et Alexia, accompagnées de Jocasta allaient devoir investiguer sur les autres familles tandis qu’Uriah, la Brute et Altaïr iraient solliciter une entrevue avec le Haut Conseil. Ce qu’ils firent par l’entremise de conseillers jusqu’à être reçus par l’Intendant Ismael. Uriah lui exposa ses inquiétudes mais Ismael leur indiqua de le suivre dans un salon privé, à l’abri des regards.
    -Je tenais justement à vous parler, Capitaine Goldberg. Le Conseil a une révélation a vous faire. Suivez-moi.
    Uriah lança un regard intrigué vers Altaïr qui haussa les épaules, étonné et vers la Brute qui resta impassible mais concentré et attentif. Uriah repensa alors à Alexia la famulus qui lui avait demandé de croire aux miracles de la foi. En temps normal, il était vrai qu’il n’était que très rarement versé dans les dogmes du Crédo et toutes ses bondieuseries. Alors oui, il croyait évidemment en l’Empereur-Dieu, comme tout le monde. L’Empereur c’était une certitude, comme l’était Sainte Terra. C’était la lueur qui faisait que l’Humanité n’avait pas encore totalement sombré dans la noirceur de cet univers. C’était l’astropathe qui pouvait communiquer avec le système solaire perdu ou sa navigator capable de voir la lueur de l’Astronimican dans l’obscurité de l’Immatérium. Mais la foi, c’était aussi le champ de Geller qui séparait la fragilité de l’être humain de sa propre folie. Il croyait en l’Empereur-Dieu, bien évidemment, comme tout le monde, même si – contrairement à Ludivine, qui était plus pieuse que lui, il lui arrivait rarement de se signer. Pourtant là, c’est justement ce qu’il fit en voyant la Brute effectuer le signe de l’Aquila devant le Haut Monarque.
    Il était vivant et se tenait dans la salle du Conseil, entouré de l’Oratrice, de l’Egide, du Maitre de Justice et du Haut Technaugure Clodwig.
    Uriah et ses hommes restèrent sans voix devant lui. La Brute et Alexia avaient constaté son décès, alors victime d’une tentative d’assassinat par empoisonnement quelques heures auparavant, il en avait finalement réchappé par miracle.
    -Altesse, mais comment est-ce possible ? Bredouilla Uriah.
    -Il faut croire que ceux qui souhaitent ma mort, m’ont enterré un peu trop vite. Mes médecins ne l’expliquent toujours pas mais justement par la grâce du Trône, je suis toujours debout et je compte bien ne pas en rester là.
    -Nous avions justement commencé à rencontrer les autres barons, craignant le pire et ce, afin de préserver l’avenir de Bremedia… J’ai ainsi pu m’entretenir – en compagnie de la capitaine Frae Spinaiser - avec le baron Orloaf et sommes rassurés que vous pouvez compter sur un tel soutien. Nous envisagions même de devoir anticiper une prochaine élection. Il n’en sera rien, fort heureusement.
    -Je le sais. Ne croyez pas, capitaine que ce qui se passe ici, dans ce palais, m’échappe entièrement. Vous et votre chère consœur avez d’abord été perçu avec une certaine défiance. Je ne tiens en rien à excuser quoi que ce soit, vous êtes étrangers à ce monde et venez d’Onidès de surcroit. C’est la raison pour laquelle nous avons aussi nos réseaux d’informations qui circulent et écoutent certaines conversations. Et voyez-vous… mon instinct de vieux dirigeant me suggère de vous faire confiance à tous les deux. Les barons, j’en fait mon affaire mais dans un premier temps, je dois faire tomber un traitre et pour cela, j’aimerai vos avis.
    -Je vous écoute, Altesse.
    -Pour l’instant, vous tous ici présent, êtes les seuls dans cette pièce à me savoir en vie. Je me suis déjà entretenu avec mon Conseil sur le sujet et nos avis divergent sur un point. Je souhaiterai justement avoir votre avis, vu votre regard extérieur dans cette affaire.
    -Bien sûr. Nous serions honorés de pouvoir vous apporter notre aide. De quel sujet est-il question ?
    -Dois-je continuer de feindre ma mort pour laisser le coupable se dévoiler ou dois-je au contraire me montrer publiquement et prouver que son complot a échoué ?
    Uriah échangea un regard avec Altaïr et la Brute.
    -Cela mérite réflexion…
    -Prenez quelques minutes pour en parler entre vous. Je voudrais justement que votre consœur se joigne à cet entretien.
    Il effectua un signe vers son intendant.
    -Trouvez la capitaine Frae Spinaiser, nous allons avoir besoin de ses lumières à elle aussi.
    -Laissez, lui dit Uriah. Nous allons la chercher. J’ai besoin de quelques instants avec elle avant de vous donner notre réponse.

    Quinze minutes plus tard, Uriah était de retour, en compagnie d’Altaïr, la Brute mais aussi de Ludivine, Alexia et Jocasta. Il avait pris le temps de leur expliquer la situation. Le Monarque les reçut tous dans la salle du conseil où ils prirent place autour de la table. Seule Jocasta resta debout, derrière Uriah. L’Intendant prit congé à la demande du Monarque, ce dernier lui confia la tâche de ne pas laisser les barons seuls en attendant. Une fois qu’il fut sorti, Uriah prit la parole.
    -Nous en avons discuté avec mon équipe…
    Il se corrigea tout seul, sentant le talon de Ludivine lui écraser soudain le pied.
    - …Avec nos équipes… Nous pensons aussi qu’il serait préférable de continuer de simuler votre mort. Même si cela ne garantit pas que le ou les coupables cherchent systématiquement votre place.
    -Et que chercheraient-ils sinon ?
    -A déstabiliser ce monde, répondit Ludivine. L’ennemi vient peut-être d’Onidès et n’aurait alors pour seul but que d’affaiblir vos défenses et vos capacités de réaction en semant la confusion avant de lancer leur invasion. Des élections seraient alors le cadet de leurs soucis.
    -C’est pertinent, en effet. Après cela n’exclu pas pour autant une possible complicité parmi mes barons.
    -Cela ne doit pas l’exclure, Altesse, en effet. Voilà pourquoi, maintenant que vous êtes passé pour mort, nous n’aurons que peu de temps pour déjouer tout éventuel complot, lui dit-elle.
    -C’est aussi ce que je pense…. Vous auriez un début de piste ?
    -Nous avons peut-être quelque chose, ajouta Uriah. Nous savons que des structures pyramidales sont situées sur deux de vos baronnies. Une chez les Orloaf et une chez les Sahida. Ces structures prédatent l’Imperium et seraient très certainement de nature xenos. Ils auraient apparemment un lien avec ces portails que cherchent à activer Krieger et son armée. Selon ce que nous avons appris du baron Orloaf, les structures situées sur ses terres auraient été en partie détruites par ses aïeux lors de l’Age de la Fondation. Il y a donc peu de chance que l’invasion arrive par là. En revanche, côté Sahida, le portail pourraient être de nouveau fonctionnel.
    -Comment le savez-vous ?
    -Pour l’instant, nous n’en avons encore aucune certitude mais, afin de nous en assurer, nous avons justement dépêché une équipe sur place. A l’heure qu’il est, ils doivent déjà être en reconnaissance des lieux et devraient nous transmettre par vox, leurs premiers éléments.

    Jocasta, restée en retrait, juste derrière Uriah, en profita pour laisser fureter ses sens warp dans la pièce afin de détecter la moindre présence, comme celle du strix qu’elle avait pu ressentir un peu plus tôt dans la matinée. A sa grande surprise, elle ressentit quelque chose, mais quelque chose de différent. Le warp était actif dans cette salle, mais de façon très ténue. Elle ne parvint cependant pas à en reconnaitre la nature ni l’origine, cependant sa signature était encore différente de celle du strix.
    Elle se pencha discrètement vers Uriah et l’en informa.
    -Tente de trouver d’où cela provient, lui dit-il dans un léger murmure avant de reprendre la conversation, comme si de rien n’était.

    -Les Sahida, vous dites ? S’étonna le Monarque. Heldreda avait pourtant l’air étonnée, selon vos dires.
    -Nous ne savons pas encore quel pourrait être son degré d’implication ni même si elle est réellement impliquée. Cela pourrait tout aussi bien être un membre de son entourage, précisa Uriah.
    -Il semblerait qu’un heretek soit impliqué, en tout cas, ajouta Ludivine.
    -Un heretek ? Mais d’où diable viendrait-il ? Certainement pas de chez nous !
    Jocasta en profita pour affiner son analyse psychique, notamment sur le Maitre de Justice, étant donné que ce dernier donnait l’air de fortement les suspecter. Il possédait un esprit relativement hermétique à toute lecture aethérique et parut même percevoir la nature de cette intrusion, comme sentant qu’il était soudain surveillé. Il secoua la tête, cherchant à chasser une telle nuisance, comme on chasserait un moustique un peu trop tenace. Elle perçut soudain comme un pic d’activité psychique. Quelque chose ou quelqu’un venait de déceler sa vision warp.

    Les détonations et les tirs qui zébrèrent la pièce les surprirent tous, au point qu’ils en furent pris de stupeur, tellement c’était inattendu. L’Egide et le Maitre de Justice furent frappés par des éclairs d’un bleu éclatant et furent projetés tous deux au sol. Un des tirs toucha Alexia et la fit tomber de son fauteuil. Tout le monde se jeta au sol ou sous la table alors que des décharges passaient au-dessus de leur tête et éclataient le mobilier, projetant des éclats de bois et de métal en tous sens. En une fraction de seconde, le Haut Technaugure Clodwig venait de déployer quatre mécadendrites de combat de sous ses robes écarlates, dont deux équipées de lames. Il venait de prendre le Haut Monarque en otage, s’en servant comme d’un bouclier humain. Deux de ses mécadendrites tiraient des rafales laser en continu tandis que ses deux servo-crânes, restés discrets au plafond jusque-là, se mirent à tirer des salves de plasma. Ceux-là même qui venaient de tirer à bout portant sur l’Egide et son confrère. Pour couronner le tout, les deux gardes armés, dans la salle, firent feu à leur tour de leurs fusils d’assaut Mastoff, des armes compactes mais équipées de munitions de gros calibre éclatant. L’Oratrice, blessée, se traina dans un coin de la pièce, cherchant à se mettre à l’abri.

    Ludivine avait dégainé son pistolet à plasma, bascula le sélecteur sur puissance maximale et allait pour faire feu mais se ravisa, au risque de toucher le monarque. La Brute n’eut pas la même réserve, il bondit de sa place et sauta sur le magos, ayant dégainé son pistolet bolter et son épée énergétique en même temps. Il fit feu mais son tir manqua de précision, en revanche son coup d’épée toucha et déstabilisa suffisamment le magos. Ce dernier réagit d’instinct pour parer le coup, à l’aide d’une de ses lames ; mais ce faisant, il relâcha le monarque qui tomba lourdement au sol. Altaïr se précipita pour le couvrir et le mettre à l’abri sous la table. Uriah avait aussi dégainé son pistolet à plasma et tira sur un des servo-crâne, l’explosant en plein vol. Altaïr détruisit le deuxième d’un tir bien ajusté de son pistolet bolter. De son côté, Jocasta tenta de foudroyer un des deux gardes grâce à son œil warp, mais le coup manqua de peu. Ce qui laissa le temps à Alexia de se relever malgré sa blessure, elle chargea le second garde tout en dégainant son épée tronçonneuse et le frappa de plein fouet, l’empêchant de faire usage de son fusil d’assaut. Son coup manqua cependant de puissance et ne lui infligea qu’une légère entaille au niveau du bras.
    Dans la fusillade, Jocasta, Altaïr, la Brute et Uriah furent touchés par les éclats ou tirs indirects qui frappèrent leurs plastrons et leurs occasionnèrent plusieurs blessures légères, entre les balles des Mastoff et les tirs radiant du magos. La Brute était toujours au corps à corps contre ce dernier et lui assenait coup sur coup à l’aide de son épée énergétique, ouvrant et lacérant son épais blindage. Ce dernier ripostait et parvint à placer deux tirs sur le monarque, manquant de peu de le tuer sur le coup, et ce, malgré la protection d’Altaïr. Ludivine venait de tirer et toucha le magos de son arme à plasma, ce qui le déstabilisa un peu plus, pourtant il tenait encore bon.
    Blessée, Jocasta finit par foudroyer le garde qui tirait en rafale et lui explosa le crâne. Elle se recula et, sautant sur la table, prit son élan à l’aide de son bâton à décharge pour se ruer vers le magos et le frappa de toutes ses forces avec mais sans plus d’effets. Uriah en fit de même, son épée à la main mais manqua sa réception, trop courte pour frapper le magos. Alexia, de son côté, venait d’embrocher le dernier garde, à l’aide de sa tronçonneuse qu’elle lui entra à deux mains en plein ventre, sentant craquer les os de sa colonne avec une véritable satisfaction. Elle le traversa de part en part, dans une gerbe de sang qui la recouvrit. Le garde mourut sur le coup, parcourut de spasmes.
    Profitant que les tirs s’étaient enfin arrêtés, Ludivine bondit de derrière son couvert et se rua vers la porte, entendant les coups répétés qui étaient frappés depuis l’extérieur. La porte était verrouillée et elle ne parvint pourtant pas à l’ouvrir. Derrière, elle pouvait entendre les gardes qui s’acharnaient à tenter de défoncer la porte. Elle cria aux gardes, à travers la porte, de se pousser immédiatement. Elle se recula d’un pas, visa la serrure avec son arme et fit feu.

    A quelques mètres derrière elle, la Brute venait de finir de démembrer le magos qui s’effondra tel un tas de ferraille démantibulé, recrachant une huile noire et des fluides verts et blancs par gros bouillons. Ses processeurs internes ne parvenaient plus à maintenir ses systèmes actifs et se coupèrent, en partie détruits. Alexia, ignorant totalement ses propres blessures plutôt graves, venait de se précipiter sur le monarque et lui prodiguait déjà des soins d’urgence.
    Les gardes pénétrèrent enfin dans la salle en défonçant les restes de la porte, accompagnés de medics et de l’intendant. Ils prirent tout de suite en charge le monarque, prenant le relais et remerciant la sœur. L’Oratrice fut aussi prise en charge, tout comme l’Egide et le Maitre de Justice qui n’étaient pas passé loin de se faire tuer. Leurs blessures étaient graves mais prises à temps, leur vie allait être sauvée.

    Tandis que les medics s’occupaient du Monarque et de ses conseillers, Jocasta se pencha sur les restes fumants du Haut Technaugure réduit en pièces. A ses côtés, la Brute était en train d’essuyer la lame de son épée avec soin, avec un morceau de la robe du magos.
    -C’est de lui que vient l’écho warp que j’ai ressenti, lui dit-elle.
    -De ce magos ?
    -Oui, dit-elle en se penchant sur la carcasse et cherchant à y trouver quelque chose.
    La Brute se pencha et l’aida, en arrachant à main nue une plaque de blindage pectoral.
    -Là ! Leur dit Altaïr qui s’était penché à son tour.
    Il préleva une sorte de cristal violine qui pulsait légèrement et qui semblait greffé au transformateur de puissance du magos. Il coupa les connexions et préleva le cristal de la taille s’un œuf mais en plus allongé. Il décela des runes gravées dessus.
    -Aeldari… Intéressant. Très intéressant. Il devait s’en servir comme une sorte de matrice aethérique.
    -Malifica extremis… Saloperie d’heretek, cracha la Brute.
    Uriah prit soudain le cristal des mains d’Altaïr et le plaça dans la poche de sa veste.
    -Assez joué avec ces artefacts xenos mon vieux, surtout si c’est pour ta drukhari.
    -Mais pas du tout, c’est pour la science ! Répondit-il, alors avec un air faussement offensé.
    -C’est ça… Trouve plutôt une idée pour que l’on récupère les données de ses circuits céphaliques.
    -Je veux bien mais il nous faudrait le concours de notre magos pour cela. Je n’ai pas de connaissances suffisantes dans ce domaine.
    -On fera appel à Solutex, mon propre magos, répondit Ludivine.
    -Sauf qu’il est actuellement sur les terres Sahida et nous n’avons que peu de temps. Reprit Uriah.

    Avant d’être évacué, le Monarque demanda un instant. Il se tourna vers Uriah et Ludivine.
    -Je vous dois la vie… Je ne l’oublierais pas, soyez-en assurés. Jamais je n’aurai pu pensé que le traitre était ici… Au sein même du Haut Conseil…
    -Ne crions pas si vite victoire, Altesse, lui répondit alors Uriah à voix basse. Votre magos était un heretek mais il n’est clairement pas seul dans cette conspiration. J’en ai la quasi-certitude. Du moins, pas avant de savoir ce qui se trame dans les déserts des terres des Sahida. Il va me falloir contacter mes hommes sur place.
    Le Haut Monarque reporta son attention vers l’Intendant et l’Oratrice.
    -Que les troupes du palais se tiennent prêtes. Et faites convoquer les barons. De toute urgence. Il n’est plus temps de simuler quoi que ce soit.

    Merelda Kane releva ses grands yeux clairs où brûlaient un reflet rouge violacé et riva son regard vers celui d’Edward Kenway. Ils étaient étendus, tous deux dans la cabine de Merelda, à bord du Daughter of Tempest où il avait décidé de la rejoindre. Cette fille le rendait fou. Définitivement. Il avait passé les deux derniers jours enfermé ici, à ne faire que l’amour à cette petite diablesse. Elle remontait avec ses baisers le long de son torse et se glissa d’un coup jusqu’à ses lèvres et sa langue qu’elle mordilla.
    -J’ai besoin de ton sang… Encore un peu…
    Il avait le souffle court, vidé de ses forces vitales, littéralement mais ne pouvait que succomber par envie et par un désir total de lui plaire. La petite, quel que fut sa véritable nature se nourrissait d’une partie de son énergie, sous quelque forme que ce fut. Le sexe était un bon carburant, bien meilleur que la nourriture insipide de ce navire. Mais son sang était bien plus riche, bien plus puissant. Et contrairement à Cole, elle répugnait à tuer pour se nourrir. Lui c’était un prédateur, un tueur de psykers. Oui, il avait son charme aussi mais elle, elle se définissait plus comme une esthète, un être différent de sa lignée. Sans doute parce qu’elle était à moitié humaine contrairement à son frère. Lui, c’était un strix, un vrai, un chasseur Alpha dénué d’empathie. Avant Edward, elle n’avait connu que lui et désormais elle ne voulait plus jamais revenir à cette ancienne vie.
    Elle n’aimait pas tuer les humains et enviait justement ce que son espèce ignorait le plus : Les émotions et les sentiments. Deux sensations qu’elle avait commencé à éprouver ici avec cette jeune libre-marchande mélancolique comme elle. Devenir son amie, lui avait-elle proposée. Elle qui ignorait encore ce qu’était l’amitié, elle avait tellement envie d’apprendre…
    Surtout avec Edward. Son instinct l’aurait juste poussé à le vider de son sang pour se nourrir, telle une drogue vitale. Mais elle avait découvert tout autre chose qu’elle ne parvenait pas encore à comprendre totalement et cela lui procura une sensation des plus étranges.

    Elle releva son regard vers lui de nouveau. Le regard rieur d’une enfant mêlée au charme envoutant d’une succube. Elle l’embrassa de nouveau.
    -Mais je ne voudrais en rien te forcer… Je sais que tu me donnes déjà beaucoup et je m’en veux de te forcer à faire ça.
    Il secoua la tête, l’embrassant en retour.
    -Non… Tu sais que je le fais pour toi. Ce n’est qu’un peu de sang, cela ne me dérange même pas. Tu en as tellement besoin.
    Elle se redressa d’un coup et s’assit sur la couchette, portant sa main à sa tempe, tout en fermant se yeux, comme prise d’une forte migraine. Il se redressa à coté d’elle et le prit dans ses bras.
    -Qu’as-tu ?
    -Rien… Je… C’est Cole…
    -Comment cela ? Tu sais où il est ? Il a fait quelque chose de mal ?
    Elle riva de nouveau son regard dans le sien. Une larme coula de ses yeux devenus humides. C’était tellement nouveau pour elle. Pendant tous ces siècles, jamais elle n’avait encore pleuré.
    -Je ne veux pas te perdre… Lui dit-elle d’une voix étranglée.
    -Mais pourquoi devrais-je te perdre ? Je t’aime de tout mon cœur, Merelda…
    Elle déglutit avant de répondre.
    -Désormais, je vais être en grand danger à bord de ce vaisseau. Ils vont découvrir ce que je suis et ils ne vont pas aimer ça… Il va falloir que tu m’aides à partir, au plus vite.
    -Alors, je viens avec toi. Personne ne te fera de mal, je peux te l’assurer.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 16/03/2025 à 16:30 Citer ce message

    A la demande d’Uriah, Altaïr et la Brute étaient retournés à la navette de Ludivine, afin de demander au pilote de transmettre un message à Djoko qui devait se trouver plein ouest, à plus de six-cents kilomètres de là en plein domaine Sahida. L’objectif était de l’informer sur la situation ici, au palais mais aussi de faire un point sur ce qu’ils avaient découvert sur place, lui et le reste de l’équipe. Ils en profitèrent aussi pour appeler la passerelle du Morning Star et faire un point de situation.
    Pendant ce temps, Uriah et Ludivine avaient demandé une audience auprès du Haut Monarque, le temps que les derniers d’entre eux qui avaient été blessés, soient soignés. Cela laissa aussi le temps à Jocasta pour sonder psychiquement les barons alentours. Malheureusement, à cause très certainement de ses récentes blessures, elle ne parvint pas à déceler quoi que ce soit.
    Altaïr et la Brute vinrent les rejoindre après vingt minutes et attrapèrent les deux libres-marchands à part.
    -Alors ? Leur demanda Uriah.
    -Alors, on a quelques petits problèmes, commença la Brute.
    -Non, tu crois ? On a déjà un portail warp d’où une armée démoniaque risque de passer à tout instant et on a le Monarque qui a failli se faire assassiner deux fois aujourd’hui… Donc, c’est quoi l’autre bonne nouvelle ? Ironisa Uriah.
    -On a pu s’entretenir avec Djoko, reprit la Brute. Ils sont au niveau de cette pyramide, comme prévu. Cette archéotechnologue, la copine de la Science est bien sur place mais elle est aux mains d’hereteks. Ils ont des moyens lourds et tentent visiblement d’activer un portail xenos. Du coup, Djoko et leur équipe seule ne pourra pas gérer ce problème. Ils ont besoin de renforts.
    -D’accord… Je pense qu’on peut voir ça avec le Monarque justement. On pourrait y aller avec des troupes. Nous allions justement lui en parler.
    -Il y a autre chose, ajouta Altaïr à voix basse. Et c’est plutôt urgent.
    Uriah plissa les yeux, craignant encore le pire avec son satané sénéchal.
    -Quoi donc ?
    -Nous avons eu la passerelle du Morning Star. Nessa a été retrouvée à bord, dans un état critique. Elle est actuellement en soins intensifs au bloc. Celle qui est descendue avec nous il y a deux jours, n’est certainement pas la vraie Nessa, mais peut-être bien le strix que l’on recherche . Voilà certainement pourquoi il se serait débarrassé de leur astropathe, sans doute l’avait-il démasqué.
    -Quoi ? Mais Nessa était censée partir avec Djoko, non ?
    -Elle devait, oui, mais elle a préféré rester ici, au palais.
    -Et là, elle a disparu, évidemment ?
    -J’ai fouillé sa chambre. Un corps y a été retrouvé. Un des gardes visiblement. Sans son uniforme.
    -Ce serait donc Cole, sous les traits de Nessa, qui aurait tué mon astropathe ? S’étonna Ludivine.
    -C’est plus que certain désormais, reprit Uriah… On a donc sa nouvelle apparence ? On pourrait lancer son signalement.
    -On peut, oui, mais cela m’étonnerait qu’il reste ici sous la forme d’un simple garde du palais. Il est à parier que le strix a déjà changé plusieurs fois d’apparence, continua Altaïr.
    -Et qu’il pourrait être, en théorie, n’importe qui, souffla Ludivine.
    -On sait que c’est une entité psychique, je devrais pouvoir la repérer. Proposa Jocasta. Il faut qu’il soit assez proche, cela dit.
    -Raison de plus. Tu es blessée, il vaudrait mieux que tu prennes un peu de repos, lui proposa la Brute.
    Uriah souffla, tout en réfléchissant.
    -Comme si l’incident avec le Monarque ne suffisait pas, on a ce strix de malheur qui se balade dans la nature, à présent, fulmina Uriah. On a bien la confirmation qu’il s’agit de Cole Kane ?
    -On en est quasiment certain, ajouta la Brute. Dès le départ, je me doutais que lui et sa sœur allaient nous poser des problèmes.
    -Sa satanée sœur, justement… Lâcha Uriah. On sait où est Merelda ? Il se tourna vers Ludivine. Dis-moi qu’elle est bien sur ton vaisseau, sous une étroite surveillance !
    -Elle y est, oui, mais jusque-là, elle y était comme une émissaire et non comme une captive. Merelda n’a jamais eu le moindre comportement suspect sur mon navire, ni avec moi. Mon astropathe… Paix à son âme… N’avait rien décelé en elle…
    Ludivine allait poursuivre mais Altaïr l’interrompit.
    -Justement, dit-il. Ce n’est pas tout. On a perdu la trace du lieutenant Kenway et je suspecte qu’il se soit enfui avec elle.
    Uriah accusa le coup et effectua un geste de la main, réclamant un temps mort.
    -Attends, attends… Comment ça, on a perdu la trace de Kenway ?
    -La passerelle nous a informé qu’il s’est rendu sur le Daughter of Tempest avec une de nos navettes et serait reparti avec un pilote en direction d’Onidès, prétextant une mission officielle. Mais quand la passerelle du Daughter a demandé confirmation au Morning Star, il n’y avait aucune trace de mission officielle.
    -Bordel de Trône ! Je suis fatigué, là… Souffla Uriah.
    Ludivine attrapa Alexia et lui demanda discrètement de contacter immédiatement la passerelle de son vaisseau.
    Uriah se prit le visage dans la main et accusa le coup avant de poursuivre.
    -Putain… Encore cette Merelda…. Mais pourquoi sur Onidès ? C’est quoi encore cette trahison ?
    -Je ne pense pas, se risqua Altaïr. Je crois bien connaitre Kenway. Ce ne serait pas le genre à nous trahir. Du moins pas volontairement. Il cherche surement à protéger la petite Merelda, d’où le fait de s’enfuir avec elle.
    -Je pense plutôt qu’il est sous son influence, non ?
    -Ou bien cet idiot est tout simplement amoureux. Ce qui n’est pas tellement différent, lâcha nonchalamment Altaïr.
    -D’une entité warp ou xenos, c’est une blague ? Autant me donner une corde et un tabouret, que je me pende tout de suite plutôt que d’écouter de telles bêtises !
    Altaïr préféra regarder ses chaussures et ne rien répondre.
    Jocasta leur montra une carte de son tarot, comme si la réponse était évidente.
    -Eh bien quoi ? Lui dit Uriah.
    -Je suis de l’avis de votre sénéchal, capitaine. Il est plus que probable que le lieutenant Kenway cherche à protéger cette… Merelda. Volontairement. La carte du Fidèle associée à celle de l’Emissaire et celle du Warp me laissent à penser qu’il a raison.
    -Alors pourquoi l’emmener sur Onidès dans ce cas ?
    -Parce que si elle se sait désormais démasquée, elle ne prendra pas le risque de venir ici où nous sommes sur Bremedia, se hasarda la Brute.
    -Je ne vois pas en quoi ils seraient plus en sécurité sur Onidès.
    -Kenway est malin, c’est un de nos meilleurs espions, ajouta Altaïr. Il sait passer totalement inaperçu et devrait savoir la cacher.
    Uriah eut un geste nerveux de la main.
    -Admettons que vous ayez raison. Déjà, suis-je le seul ici à m’inquiéter qu’un de mes officiers déserte pour protéger je ne sais quelle entité du warp ? Cet acte, au minimum pourrait passer pour de l’insubordination, sinon pour de la pure trahison. Il a plutôt intérêt à rester bien caché avec sa créature et très longtemps avant que je ne lui mette la main dessus ! Non, mais, vous réalisez que l’Inquisition les brûlerait non seulement tous les deux, mais certainement nous avec !
    -En attendant, Cole présente une menace plus directe, ici-même, répondit Altaïr.
    -Ah oui ? Et si cet imbécile de Kenway tombait entre les mains de l’ennemi, dévoilant tous nos plans à Krieger ? Ce ne serait pas une menace directe ? Tu y réfléchis, des fois ?
    Altaïr et la Brute préférèrent ne pas répondre.
    -Sérieux, ça me fatigue ces histoires…. Reprit Uriah. Et ta drukhari n’était pas censée retrouver Cole, en attendant ?
    -Si… Mais s’il est descendu avec nous il y a deux jours, sous les traits de Nessa, elle ne risquait pas de le retrouver à bord.
    -Bref… Ta satanée drukhari ne me sert à rien dans l’immédiat.
    Ludivine revint à ce moment-là avec Alexia.
    -J’ai eu la passerelle du Daughter. Il n’y a plus aucune trace de Merelda. Elle a bien quitté mon navire avec une de vos navettes en compagnie visiblement du lieutenant Kenway qui l’avait rejoint à bord. Elle a même laissé un mot. J’ai demandé une enquête afin d’avoir plus d’éléments.
    -Comme c’est charmant… En attendant, on va devoir laisser ces strix de malheur de côté, on a un portail qui est l’urgence principale, trancha finalement Uriah.
    -Le monarque ne devait-il pas préparer des troupes ? Le questionna la Brute.
    -Si, en effet. Ludivine et moi ferions bien d’aller lui parler tout de suite de cette pyramide et ses troupes vont être mises à contribution, justement. Vous allez venir avec nous, on va devoir accélérer les évènements.

    L’entretien se déroula durant l’heure suivante, dans le bureau privé du Haut Monarque, lui-même en compagnie de l’Intendant et de l’Oratrice. Uriah et Ludivine lui présentèrent la situation – du moins ce qu’ils savaient sur la situation sur les terres Sahida, à savoir l’urgence d’intervenir en rapport au portail. La présence confirmée d’hereteks sur place renforçant évidemment l’urgence de la situation.
    -Je peux envoyer des troupes et deux Chevaliers Armigères en soutien, dans un premier temps. L’équivalent d’une compagnie de gardes palatins est paré à faire mouvement, mais nous ne disposons pas de navettes, juste des transports terrestres et maritimes. D’ici… Même en se hâtant, il faudra une bonne quinzaine d’heures, au minimum pour que mes hommes parviennent sur place.
    -Ce sera beaucoup trop long, Altesse, répondit Uriah. Il nous faudrait intervenir dans l’heure ou dès que possible. Nous avons des hommes sur place mais ils ne sont qu’une poignée et l’ennemi est au moins quatre fois plus nombreux.
    -Vos Armigères ne disposent-ils pas de leurs propres transports ? Le questionna la Brute.
    -Si, mais ces navettes n’ont plus été utilisées depuis plus d’un siècle.
    -Vous aviez dit qu’elles étaient entretenues et toujours en état, non ?
    -En effet… Je vais demander à les déployer et à préparer les autres machines. Vous-mêmes disposez d’une navette Aquila, n’est-ce pas ?
    -Oui, elle est actuellement dans une des cours du palais.
    -Je peux déjà mettre à votre disposition une escouade de mes propres gardes. Ils pourraient ainsi rejoindre vos hommes plus rapidement. Combien de temps faut-il à votre navette pour se rendre sur place ?
    -C’est à six-cents kilomètres, au moins. Cela devrait prendre moins d’une heure, tout au plus.
    Uriah leva une main et demanda un instant. Il s’entretint alors en privée avec Ludivine, la Brute, Altaïr, Jocasta et Alexia à ses côtés.
    -C’est une excellente idée, ses troupes. Mais j’enverrai quand même bien, au moins l’un d’entre nous avec eux.
    -J’en suis, répondit aussitôt la Brute.
    -Colonel Lysander, je n’en attendais pas moins de vous. Monsieur Altaïr va vous accompagner dans ce cas. J’ai besoin de votre expertise à tous les deux sur le terrain.
    Il désigna Jocasta.
    -Je vais avoir besoin de vous ici, Miss Jenassis. Si le strix est toujours dans les parages, nous allons devoir le débusquer au plus tôt. Il pointa alors Ludivine et Alexia. Quant à nous trois, nous allons devoir nous assurer que nul baron ou magos ici présent ne fait encore partie de ce complot. Et si c’est le cas, nous les ferons tomber. Je tiens à ce que ce monde soit totalement sûr, une fois que nous le ramènerons dans le giron de l’Imperium. Raison pour laquelle nous devons nous assurer impérativement de la loyauté de ces maisons.
    Tous validèrent ses propositions. Ils se tournèrent de nouveau vers le monarque.
    -Altesse, la baronne Sahida dispose bien de troupes, exact ? Demanda Ludivine.
    -En effet.
    -Nous pourrions alors lui demander de contribuer à cette opération.
    Le monarque hocha la tête lentement, tout en réfléchissant à ses options. Il effectua un geste vers son intendant.
    -Faites-la venir.
    Quinze minutes plus tard, la baronne Heldreda Sahida écoutait attentivement ce que le monarque lui exposait et lui demandait. Ludivine les observait aussi avec attention, voyant que le monarque en faisait de même avec la baronne. Ce qu’elle vit la surprit en même temps que cela la rassura. Non seulement la baronne Sahida semblait étonnée en même temps que rassurée de ne pas se faire fortement rabrouer par le monarque. Au contraire, alors qu’elle se voyait en parfaite disgrâce, ce dernier lui demandait personnellement son soutien. Elle sût contenir sa surprise mais Ludivine, attentive, observa sa réaction, comprenant qu’il y avait un coup à jouer avec la baronne. De plus, cela pouvait confirmer qu’elle n’était en rien impliquée dans ce complot avec les hereteks. Du moins, elle. Ce qui n’excluait pas certains membres de sa suite d’en faire partie.
    -Je vais mettre les troupes de ma Maison à votre disposition, Altesse, bien entendu. Si des traitres se sont introduit sur mes terres, je tiens à voir leur tête rouler au sol.
    -C’est entendu, baronne. Vous vous coordonnerez alors avec les deux seigneurs-capitaines, ici présents. Voyez ce dont ils ont besoin.
    Elle hocha la tête, soudain ravie de pouvoir enfin être remise au centre du jeu.

    Depuis la navette qui filait droit vers les terres Sahida, la Brute observait les huit gardes palatins qui les accompagnaient. Tous portaient l’uniforme gris aux couleurs du Haut-Monarque sur une armure ancienne faite d’un alliage métallique. Ils étaient équipés d’armes d’une autre époque mais qui paraissaient parfaitement fonctionnelles, comme des mitraillettes modèle Zayth équipées de balles qui se déchiraient à l’impact. Ces armes n’étaient guère précises mais disposaient d’une cadence de tir élevé, ce qui les rendaient mortelles à courte portée. C’était déjà ça, mais au-delà, ces armes étaient sans grand intérêt, leur manque de précision faisait que l’on vidait des chargeurs dans le vide. Au moins, il y avait trois spécialistes dans l’escouade, en plus du sergent et de son sabre monomoléculaire. Un des hommes portait un fusil de précision, un Westingkrup modifié avec lunette de visée et sa carcasse en bois d’origine. L’arme avait dû servir sur plusieurs guerres et la Brute espérait au moins que son porteur connaissait son affaire. Avec des balles tueuses et un bon tireur, cette arme bien que dépassée, pouvait au moins coucher un homme à cinq-cents mètres. Ce qui n’était pas négligeable. Le deuxième était un porteur de lance-flammes qui se trimbalait un lourd modèle Hadès avec réservoir dorsal. Au moins, comparé au modèle Mézoa avec son chargeur intégré, la capacité en mélange inflammable était plus grande. Mais soit c’était une véritable bombe ambulante, soit son porteur pourrait faire du nettoyage en cas d’assaut. Lui, il faudrait peut-être le surveiller. Enfin, le dernier d’entre eux portait une mitrailleuse Thresher à bande de cartouches, équipées de balles à fragmentation, à en juger par les pointes des balles peintes en rouge. La Thresher manquait elle aussi de précision, comme toutes les mitrailleuses d’ailleurs, mais au moins, elle était réellement capable d’hacher menu les troupes les plus récalcitrante à une bonne portée. En soutien, lui et le tireur de précision pouvaient être des atouts décisifs.
    Altaïr, assit à ses côtés, se pencha soudain vers lui, donnant de la voie afin de couvrir le bruit des turbines de l’Aquila.
    -Tu te rappelles ce que Ludivine et son équipe nous on dit sur ce qui s’était passé à la morgue ?
    -De quoi, leur astropathe qui n’était pas vraiment mort ?
    -Exact. Il était non seulement bien mort, mais avait été tué par le strix. Mais quelques heures plus tard, il est revenu à lui, mais il était devenu mort-vivant. Et ça me faisait justement penser à un détail là, le garde mort dans la chambre de Nessa, tué aussi par le strix... Il faut qu’on prévienne le capitaine de s'en occuper !
    La Brute écarquilla alors ses yeux vers Altaïr, comprenant soudain.
    -Et c’est maintenant que tu dis ça ? Y a des fois où tu es vraiment une triple buse la Science !
    La Brute tendit alors le bras en direction du sergent qui les accompagnaient, employant un dialecte militaire avec lui.
    -Sergent, vous auriez la fréquence et les identifiant pour appeler le palais de toute urgence ? J'ai un message prioritaire à transmettre !

    Moins de vingt minutes plus tard, la Brute, Altaïr et l’escouade de gardes palatins qui les accompagnaient avaient rejoint le magos Solutex qui les attendait à l’entrée de la pyramide. Cinq corps de skitarii gisaient dans les escaliers et au pied de véhicules tous-terrains. Ils leur jetèrent un rapide coup d’œil avant de suivre la magos.
    -C’est quoi leurs armes ? Elles m’ont l’air anciennes, je ne les reconnais pas. Demanda la Brute.
    ++Ce sont des fusils galvaniques et des électrofusils. Ne vous fiez pas à leur apparence, colonel, ces armes sont parfaitement capables de vous assommer et réduire vos armes et implants au silence si elles ne vous tuent pas++
    -Bin, en tout cas, les tireurs ne devaient pas être très efficaces, dans ce cas.
    Le magos ne répondit pas et activa son vox, afin de prévenir les autres de leur arrivée.

    Depuis le large couloir en pierre où ils étaient retranchés, Corvin Vesuvio observait le chantier de fouille qui s’étendait dans cette vaste cavité souterraine. Au loin, des luminateurs au phosphex éclairaient certaines zones, ce qui permettait, depuis la pénombre où ils étaient dissimulés, de pouvoir repérer certains détails intéressants. Il avait demandé à Djoko, à la Brute et au magos Solutex de se tenir à ses côtés afin de leur présenter la situation.
    -Les barils que l’on voit là-bas sur la droite, c’est bien ce que je crois ? Demanda la Brute voix basse.
    ++J’ignore ce que vous croyez, colonel Lysander, mais je puis vous certifier qu’il s’agit là, de barils de prométhéum++ Répondit le magos de sa voix métallique.
    -C’est bien ce qui me semblait. Et l’engin de levage juste après, ça se manœuvre comment ?
    ++Par un servitor dédié et un rituel approprié très spécifique++
    -Il y a des commandes manuelles ? Quelqu’un comme moi pourrait faire bouger cette satanée grue en dehors de ce servitor ?
    ++Ce ne serait absolument pas orthodoxe, cela au contraire, risquerait fort de causer un accident++
    -Parfait, c’est justement ce qu’il nous faut !
    ++Parfois, votre logique m’échappe, colonel++
    -Ne vous en faites pas, magos, je sais exactement ce que je fais. Le servitor d’armes, monté sur chenilles, là-bas, de quelle arme dispose-t-il ? Un autocanon ?
    ++C’est un multilaser, voyons !++
    -Alors lui, il faudra le faire taire rapidement. Et justement la grue va nous y aider. Et de l’autre côté, le générateur que l’on voit, tout à gauche, il fonctionne à quoi ?
    ++Il s’agit d’un générateur à plasma qui une fois…++
    -D’accord ! Et si on le coupe, il se passe quoi ?
    ++Omnimessie, cela plongerait toute cette cavité dans le noir le plus complet et arrêterait tous les engins de chantier de fonctionner. Ce serait une rupture du protocole de…++
    -D’accord, oublions… Ces hereteks voient dans le noir, pas nous. Donc mauvais plan
    -Mais on pourrait désactiver les autres générateurs qu’ils ont installé au pied du portail ? Demanda Altaïr. Le but étant, je le rappelle de ne surtout pas les laisser l’activer.
    ++Ils peuvent être coupés depuis le générateur principal, oui++
    -Cela pourrait-il est fait rapidement ?
    ++Je pourrais m’en occuper, une fois devant++
    -Parfait, ajouta la Brute. Voilà le plan tel que je le vois. On va se séparer en trois groupes. Les gardes vont faire diversion et nous, nous allons contourner par les flancs. L’objectif étant, comme le rappelle Altaïr de ne surtout pas leur permettre d’activer ce satané portail.
    -Et Solaris, on en fait quoi une fois que les tirs vont fuser de partout ? Demanda Djoko.
    -On tente de l’évacuer si on peut, répondit la Brute. J’aurai bien tenté de me frayer un chemin rapidement jusqu’à l’heretek qui est là-bas avec elle, mais ce serait suicidaire. La priorité reste le portail. La fille est secondaire.

    Dans sa suite, Uriah s’était accordé quelques minutes en cette fin de matinée afin de faire le vide. Il restait là, sous la douche et les effets apaisant de l’eau chaude qui ruisselait sur sa peau. Il serait bien resté là pendant des heures mais la situation était des plus tendues et ils avaient tant à faire en si peu de temps. A croire que tout ce maudit univers se liguait contre eux au même moment. En réalité, tout cet univers n’avait jamais été un cadeau et ce, depuis la nuit des temps. La grande leçon que leur enseignait le Credo et la vie de l’Empereur, était qu’il avait toujours fallu que l’Humanité lutte et combatte pour s’y imposer. Comme si sa présence et son droit de conquête n’étaient pas naturels. Uriah eut alors un sourire carnassier tandis qu’il sortait de la douche et enroulait une serviette autour de sa taille. Il combattrait et serait prêt à faire pleuvoir des ogives nucléaires s’il ne fallait, mais par le Trône, ces mondes n’allaient clairement pas lui échapper. Quant au baron Kane, celui-là ne perdait rien pour attendre, comme pour ses deux rejetons. Une visite s’imposera, tôt ou tard, sur sa planète.
    Au moins, l’appel de la Brute, tout à l’heure leur avait évité un nouveau drame. Le garde retrouvé mort et emmené à la morgue un peu plus tôt avait été rapidement incinéré, évitant ainsi toute mauvaise surprise.
    La sonnerie de son microvox le tira alors de ses pensées et il se demande où diable avait-il laissé son appareil. A tous les coups, c’était Ludivine qui allait encore lui dire qu’il était en retard pour le déjeuner. Au diable tous leurs foutus déjeuners et protocoles alors que la guerre était presque sous leurs fenêtres. Il pesta et entendit tambouriner à la porte, reconnaissant la voix de Jocasta. Comme elle insistait, il se dirigera vers la porte et l’ouvrit d’un coup.
    -Quoi ?
    La petite navigator resta totalement médusée, les yeux écarquillés devant le torse nu et encore ruisselant de son seigneur-capitaine. Voyant pour la première fois des muscles saillants et bien dessinés, où se devinaient quelques cicatrices parmi des tatouages alors insoupçonnés. Elle rougit alors sans s’en rendre compte, se trouvant parfaitement décontenancée, avec un air, sans aucun doute totalement idiot sur son visage.
    -Je… Pardonnez-moi, capitaine… On m’envoie vous chercher… Il se passe quelque chose…
    Uriah attrapa une chemise et l’enfila à la hâte.
    -Quoi, quelque chose ? Parlez par tous les diables !
    -Une altercation entre gens des différentes maisons et les barons… Il y aurait au moins un mort et plusieurs blessés…
    -Quoi ? Et Ludivine, où est-elle ?
    -Elle est avec la sœur famulus… Elles tentent justement de désamorcer la situation, ce sont elles qui m’envoient vous chercher.
    -Putain, mais c’est pas vrai !
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 22/03/2025 à 21:03 Citer ce message

    Uriah finit par rejoindre l’immense salle du trône, accompagné de Jocasta qui courrait derrière lui. Le Haut Monarque était installé à l’autre bout de la vaste salle richement décorée et bondée de monde. Des gardes lourdement armés en protégeaient tous les accès, et d’autant plus depuis les récents drames qui venaient de se jouer. Le Haut Monarque était occupé à passer un savon à ses barons présents mais aussi aux suites qui les accompagnaient. Visiblement, il déplorait un réel manque de cohésion de ses Maisons en un moment si troublé et déplorait encore plus le fait qu’une partie d’entre eux n’avaient rien trouvé de mieux que de s’assassiner les uns les autres, faisant là, clairement le jeu de leurs ennemis.
    Uriah se faufila parmi la foule et vint retrouver Ludivine et Alexia.
    -Tu m’expliques, rapidement ? Lui dit-il à voix basse.
    -Sire Alaric, un des fils Zlhane a provoqué Dame Godlinda, l’épouse du baron Florentine et l’aurait blessé. Sire Torvin, le frère de la baronne Sahida aurait alors pris la défense de Dame Godlinda et aurait tué Sire Alaric lors de cette altercation. Cela a alors mis le feu aux poudres et le baron Florentine s’en serait alors violemment pris au baron Zlhane, le père de cet Alaric et l’aurait tué, lui aussi. La baronne Sahida a été grièvement touchée d’un coup de dague dans l’altercation, en cherchant à prendre la défense du baron Florentine.
    -Attends… Deux Zlhane viennent de se faire tuer, là ?
    -Oui, le baron et un de ses fils. Le baron étant lui-même le frère du Haut Monarque. Et on a la baronne Sahida actuellement entre la vie et la mort et le baron Florentine est actuellement aux arrêts.
    -Bordel de Trône… Mais c’est pas possible !
    -La baronne Sahida, je dois pouvoir faire quelque chose pour elle, leur dit Alexia, tout en tiquant à la dernière remarque blasphématoire du libre-marchand.
    -Allez-y, Alexia ! Lui intima Ludivine. Intercédez auprès de l’Intendant s’il le faut, mais par la grâce de Terra, si vous pouvez la sauver, les Sahida nous seront alors acquis dans cette cause.
    Alexia lui fit un petit signe de tête et se précipita vers l’aile médicale du palais, son servo-crâne flottant derrière elle.
    Ludivine se tourna vers Uriah, serrant ses mains dans les siennes.
    -Je vais aller discuter avec les Florentine, je trouve leur comportement plutôt étrange.
    -Comment cela ?
    -Je ne sais pas. Une intuition. Je les observais depuis tout à l’heure et ils n’ont pas l’air de beaucoup se mobiliser à l’appel du Monarque. Au contraire, je les trouve même plutôt très désinvolte et assez peu concernés.
    -D’un autre côté, leur baron est aux arrêts et son épouse a failli y passer.
    -Justement. Je m’attendais à plus d’implication de leur part. Je vais aller parler à ceux qui sont ici présents.
    -Tu as besoin d’un coup de main ?
    -Je te remercie, mais c’est largement dans mes cordes. Tâche plutôt d’aller secouer le monarque. Ses barons sont clairement en train de lui échapper.
    -En même temps, le Monarque vient de perdre son frère et un de ses neveux.
    Ludivine lui lança un regard déterminé.
    -On a tous perdu des proches. Mais là, il risque bien de perdre sa planète. Va lui parler, cela devient plus qu’urgent.
    Uriah resta un instant, en compagnie de Jocasta, alors que Ludivine se dirigeait d’un pas décidé en direction des Florentine, plus loin dans la salle.
    -Vous souhaitez que je vous accompagne, capitaine ? Lui demanda la petite navigator.
    -Non. Reste dans le coin et tâche de surveiller un peu tout le monde. On ne sait toujours pas à qui se fier. J’ai besoin que tes sens psychiques soient en action.
    -Je ne ressens rien de particulier pour l’instant.
    -Eh bien continue. Une sorte de vampire est toujours dans le coin et ça m’étonnerait qu’il nous laisse tranquille.

    Tandis que Ludivine s’entretenait avec la fille – parfaitement désabusée - du baron Florentine, Alexia était parvenue à l’aile médicale du palais. Elle en eut l’accès refusé et dû faire intervenir l’Intendant, par le biais de Ludivine afin de lui débloquer la situation. Les medics s’y opposèrent fermement mais devant les ordres du conseiller du Monarque, ils ne purent qu’obéir. La baronne Sahida avait reçu une blessure critique au niveau du thorax et les soignants craignaient qu’une de ses artères ne soit touchée. La sœur famulus récita une prière et enroula son chapelet ecclésiasticus autour de ses mains avant d’en appeler à sa foi en l’Empereur-Dieu. Lui seul pouvait accomplir des miracles et elle était l’instrument de Sa volonté. Ses mains s’auréolèrent d’une douce lueur blanche tandis qu’elle continuait de psalmodier le cantique de la guérison miraculeuse. La foi n’était pas une fable pour ceux qui en étaient de véritables vecteurs. Le miracle s’accomplit au bout de quelques minutes et la blessure qui aurait pu être mortelle, se résorba. Elle se recula, laissant place aux medics qui prirent le relais, totalement stupéfaits par ce à quoi ils venaient d’assister.

    De son côté, Ludivine était engagée dans une conversation qui ne débouchait sur rien de solide. Dame Gunhilde, la fille du baron Florentine et elle-même pilote de Chevalier Quaestoris, ne faisait que tourner autour du pot et ses explications ne parvenaient toujours pas à convaincre la libre-marchande. Selon ses dires, sa Maison se trouvait aujourd’hui dans une position des plus désavantageuses, elle n’était ni écoutée, ni considérée et pire encore, elle se trouvait aujourd’hui sur le banc des accusés. De plus, elle-même n’était que la « fille de » et pour cela, son avis ne comptait guère. Quant à savoir pourquoi les Florentine ne partageaient pas l’enthousiasme belliciste des Orloaf ou des Tourlaine et des Ordil, c’était une évidence à ses yeux. Cependant, Ludivine ne parvenait toujours pas à saisir les réelles motivations de la jeune femme et surtout, elle remettait clairement en cause ce peu d’enthousiasme à chercher à défendre son monde face à la menace d’une invasion. A un moment de la conversation, ce fut Sire Théodulf qui vint s’interposer. A l’instar des Florentine, il portait une livrée rouge et noire aux héraldiques de sa maison, sur son armure en adamantium, nettement plus élaborée que celle de la jeune Gunhilde. Malgré son armure impressionnante qui le désignait comme un guerrier accompli, Théodulf était un homme mûr, déjà âgé mais habité par une force sereine et un regard acéré.
    -Seriez-vous importunée, ma nièce ?
    -Nullement, mon oncle. Nous discutions de l’enthousiasme supposé de la guerre.
    Il se tourna vers Ludivine, tout en faisant signe à sa nièce de les laisser tous les deux.
    -Nous n’avons pas encore eu l’honneur d’être présentés. Etes-vous cette petite libre-marchande dont tout le monde nous parle ?
    Ludivine était parfaitement consciente de la situation et réalisait qu’elle se trouvait, sur Bremedia, en compagnie de Maisons dont les origines et les lignées remontaient à l’antique Terra elle-même. Selon les sources historiques, elles prédataient l’Imperium et avaient fondé ce monde vers le vingt-cinquième millénaire. Toutes avaient jadis guerroyé pour l’Imperium et ce, depuis l’Hérésie, ce qui forçait évidemment au respect. De plus, ces Maisons étaient désormais rares et précieuses pour l’Imperium ; il aurait ainsi été indélicat de les vexer. Cependant, Ludivine tolérait assez mal qu’on la traire comme une vulgaire petite marchande de grox venue en imposer à des généraux de salons. Elle aussi possédait une illustre lignée qui remontait à Terra et sa famille guerroyait elle aussi depuis des milliers d’années parmi les étoiles.
    -En effet, nous n’avons pas encore été présentés, Monsieur. Je suis la libre-marchande Ludivine Frae Spinaiser, Seigneur Capitaine de la frégate Daughter of Tempest de la Maison Frae Spinaiser, mon vaisseau qui se trouve en orbite. Je suis ici, en compagnie du Seigneur Capitaine Goldberg, en tant qu’émissaires des Hauts Seigneurs de Terra auprès de votre Haut Monarque. C’est donc en toute légitimité que j’interrogeais votre nièce sur le soutien que votre Maison est censée apporter au conflit qui se profile.
    -Oh… Fort bien… N’y voyez nulle offense, capitaine. Ma nièce vient de subir un terrible affront et en est très certainement affectée. Mon frère étant quelque peu… Indisponible dans l’immédiat, je serai ravi de répondre à vos interrogations dans ce cas.
    -C’est fort aimable, Sire Théodulf. Comme je le disais à votre nièce, je m’interrogeais sur le peu de cas que vous et votre maison semblez apporter aux propos de votre Monarque. Il réclame l’unité et j’ai l’impression que vous ne partagez pas son point de vue. Comment expliquez-vous cela ?
    -C’est finement observé pour quelqu’un qui ne connait les rouages politiques de Bremedia que depuis deux ou trois jours.
    -J’ai été particulièrement bien formée aux arts de la diplomatie et de la politique, chevalier. Mais vous ne répondez pas à ma question.
    -Disons… Sans trop m’étendre sur le sujet, que nous ne partageons pas toujours les effets de manches des Zlhane. Cela vaut évidemment pour notre Monarque. Cette maison nous méprise et ne nous écoute pas. Mon frère a pourtant tenté, à maintes reprises de prévenir le Monarque, sans que cela produise le moindre effet.
    -Le prévenir ? A quel sujet ?
    -De certains dangers. Et aujourd’hui, devant le fait accompli, le voilà qui s’active et qui mobilise ses troupes.
    -Cela est bien normal. Quels dangers ? Je dois en savoir plus, Sire Théodulf.
    Il se pencha vers elle.
    -Vous voulez mon avis ? Notre Monarque n’a peut-être pas les épaules, tout comme une partie des flagorneurs qui l’entourent. Il a mis bien trop de temps à réagir et n’arrive toujours pas à tenir ses barons. Voilà pourquoi ma Maison est amère, capitaine. Mon frère avait cherché à le prévenir.
    -Mais le prévenir de quoi ?
    -D’un possible complot.
    -S’il s’avère qu’il était bel et bien informé, nous saurons le découvrir et cela pourrait largement réhabiliter votre frère, dans ce cas.

    Pendant ce temps, Uriah était parti pour s’entretenir avec le Haut Monarque et ce dernier l’avait convié à l’accompagner jusqu’à son bureau personnel. Une fois sur place, il se servit un verre d’amasec et en servit un à Uriah.
    -Ils me fatiguent… Souffla le monarque.
    Uriah crut s’entendre, l’espace d’un instant et en aurait presque souri.
    -Croyez-moi, mon garçon, j’ai beau régner sur d’illustres Maisons, parfois j’ai l’impression de faire la classe à des progenia de première année.
    -Ces querelles sont-elles récentes ?
    -Vous plaisantez ? Certains ne savent même pas pourquoi ils se haïssent, ni depuis quand. Des foutaises de mariage de leur arrière-grand-tante ou des broutilles pour le duel de l’arrière-grand-père. Que sais-je ? Tous implorent à corps et à cris de participer à une bataille héroïque comme leurs ancêtres et pourtant… Face à leur destin, les voilà qui s’écharpent comme des adolescents sans cervelles.
    -Personne ne vous avait évoqué la possibilité d’un quelconque complot ?
    -Peuh… Des complots, mon cher ami, on m’en remonte un par jour, si je devais prêter l’oreille à de telles sornettes, je n’arrêterais pas.
    -Pourtant… Qui est censé vous en protéger ici ou même sur le champ de bataille ?
    -C’est le rôle conjoint de l’Egide et du Maitre de Justice. Ce sont eux qui protègent leur monarque.
    -Et vous noterez justement, qu’ils sont actuellement en soins intensifs et ont été habilement écartés de l’équation…

    Pendant ce temps, Ludivine avait laissé les Florentine et s’était finalement reportée sur les Sahida. La baronne étant aux urgences, aussi avait-elle décidé d’aller parler au reste de sa suite. Elle reporta son attention sur son propre frère, le fier et fougueux Torvin Sahida, un colosse à la peau sombre comme l’était celle de tous les Sahida. Il était accompagné de son oncle, son cousin et sa nièce. Tous pilotes de Chevaliers, comme lui. Ce dernier pointait l’accusation sur les Zlhane et aussi sur le Monarque, regrettant son manque flagrant de clairvoyance dans toute cette affaire.
    -Comment ça ? Que lui reproche-t-ton ? S’étonna Ludivine.
    -Ma sœur est aujourd’hui entre la vie et la mort. Par Terra, ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté d’ouvrir les yeux du Monarque sur les risques qui se jouaient autour de lui.
    -A quel sujet ? Quels risques ?
    Alexia vint les rejoindre juste à ce moment-là, observant les Sahida avec la plus grande attention. Elle fit un petit geste discret à l’attention de Ludivine puis attira l’attention de Sire Torvin.
    -Pardonnez-moi de vous interrompre, Messires. Mais je tenais à vous informer que la baronne Sahida est tirée d’affaire. Elle va se remettre de ses blessures, par la grâce de l’Empereur.
    Sire Torvin effectua un salut afin de la remercier, ponctué d’un réel soulagement.
    Elle se tourna alors vers le reste de la suite Sahida, Sire Luther, Sire Lamar, Damoiselle Winlanda, ainsi que le sacristain Belorophax, leur magos.
    -Rendons grâce, tous ensemble à l’Empereur-Dieu, voulez-vous.
    Tous se signèrent du signe de l’Aquila. A l’exception du magos. Bien que possédant un visage et un corps en grande partie bionique, le sacristain eut une sorte de léger mouvement de recul qui n’échappa aucunement à la famulus. Elle savait très bien que les magos n’avaient pas les mêmes croyances que les siennes. Pourtant, elle cherchait à se fier à son intuition.
    -Vous ne rendez pas grâce à l’Empereur pour votre baronne, magos ?
    Ce dernier répondit un charabia en binaire. Elle se tourna vers Torvin.
    -Que raconte-t-il ?
    -Il ne parle pas le Haut gothique, ma sœur. Juste notre langue et… La langue des adeptes de Mars.
    Elle reporta son regard vers le magos.
    -Cela ne répond tout de même pas à ma question. Magos Belorophax, rendez-vous grâce à l’Empereur pour votre baronne ?
    De nouveau, un flot binaire sortit de ses implants vocaux. Torvin approcha alors.
    -Que dit-il à présent ? L’interrogea la famulus.
    -Il a dit… Non… Notre sacristain est un adorateur de l’Omnimessie. C’est certainement ce qu’il veut dire, par là.
    Alexia lui lança un regard inquisiteur. Une main posée sur la garde de son épée tronçonneuse.
    -Vous croyez ? Le magos Clodwig a bien failli assassiner votre Monarque. Le risque que d’autres magos soient alors impliqués n’est pas exclu. Etes-vous certain de l’allégeance de votre sacristain, Sire Torvin ?
    -Que voulez-vous dire par là ?
    -Que le sacristain Belorophax devrait m’accompagner afin que l’Intendant Ismael et moi lui posions quelques questions sur son récent emploi du temps. Avec votre permission, bien évidemment. S’il n’a rien à se reprocher, ce ne sera pas long.
    Torvin effectua un geste galant de la main, ne cherchant pas à heurter l’autorité d’une sœur du Famulus.
    -Magos, veuillez donc la suivre et que l’on mette fin à cette histoire qui mérite d’être tirée au clair.

    Ludivine en avait profité pour réquisitionner, avec la permission de l’Intendant, deux gardes du palais qui la suivaient.
    -Nous allons vous accompagner, leur dit-elle.
    Alexia hocha la tête, puis effectua un geste de la main en direction du magos. Ainsi devant de nombreux témoins, il lui devenait compliqué de refuser la requête de la sœur. Il effectua un demi-tour et prit la direction de la sortie. Ils se dirigèrent alors vers une des ailes du palais menant tout droit vers le bureau du monarque.
    Tandis qu’ils empruntaient un long couloir, absent de tout témoin, Alexia vit avec stupeur que les deux gardes qui encadraient le magos furent projetés contre les murs, un flot de sang jaillissant de leur gorge tranchée. Le torse du magos pivota sur lui-même à cent-quatre-vingts degrés et de sous ses robes rouges venaient de jaillir des mécadendrites garnies de lames et un pistolet à plasma qu’il pointa droit vers le visage de Ludivine et ouvrit le feu. La jeune libre-marchande eut le réflexe de se jeter au sol au dernier instant, sentant le flux ionisé de plasma lui passer à quelques centimètres du visage. Elle roula au sol, tout en dégainant ses armes et en appelant Uriah de toutes ses forces dans son microvox. Elle fit feu de son propre pistolet à plasma en retour mais Belorophax bougeait trop vite et l’évita sans peine ; Elle le frappa de sa lame monomoléculaire mais ne fit qu’à peine érafler son blindage en céramite, dans un crissement de métal. Alexia eut alors le réflexe de dégainer son pistolet bolter et fit feu mais manqua complètement son tir dans la précipitation. Elle n’eut malheureusement pas le temps d’éviter le second tir de plasma qui la toucha en pleine tête. Elle bascula violement en arrière, le visage en feu. Ludivine était en train de se réceptionner pour parer les prochaines attaques du magos mais un puissant tir le frappa par derrière et fit fondre une partie de sa cuirasse dans une gerbe d’étincelles et de métal fondu. Il poussa un son binaire strident et discordant, puis dans un halo d’éclairs, il disparut en un instant, laissant la place à une forte odeur d’ozone et un goût piquant et métallique dans l’air.
    Uriah, toujours son arme à la main, se précipita vers Ludivine qui se relevait et se jeta dans ses bras. Il l’embrassa. Elle se retourna pourtant. Les deux gardes étaient morts et… Elle se mit à crier :
    -Alexia, non !! Un médecin, vite !
    Le servo-crâne d’Alexia était là, dans le couloir, sa lentille optique clignotant soudain à toute vitesse. Des courts-circuits parcoururent alors toute sa surface avant que la lentille ne s’éteigne. Il tomba alors au sol avec le bruit d’une coquille vide.
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  • Illuminati
    Illuminati

    le 27/03/2025 à 18:08 Citer ce message

    Devant eux, la passerelle de pierre s’étendait droit devant les escaliers vers la salle souterraine. Des gardes skitarii surveillaient les environs et les plus proches devaient se situer à vingt ou trente mètres de leur position. Malgré les lampes au phosphore des engins de chantier, une partie de la salle était plongée dans une semi-pénombre. Les bruits des excavatrices et des engins de levage couvraient tous les sons dans l’immense cavité. De plus, les interférences magnétiques causées par les générateurs à plasma qui produisaient une immense quantité d’énergie, venaient parasiter le réseau vox et très certainement la liaison noosphérique des skitarii, sans quoi ils auraient déjà remarqué que des intrus venaient d’éliminer leurs sentinelles en surface. De fait, des magos devaient répercuter les ordres directement à leurs unités cybernétiques. Cela laissa une très courte fenêtre de tir à Säde, Djoko et Vesuvio qui s’engagèrent tout de suite sur la droite de la passerelle, manquant se faire repérer de justesse par un des skitarii accompagné d’un servo-crâne. Ils descendirent le long d’un talus de terre et en profitèrent pour se positionner à l’abri juste derrière, deux ou trois mètres plus bas. De là où ils étaient, les skitarii situés plus haut sur la passerelle en pierre, ne pouvaient pas les repérer, à moins de se pencher. Ils avaient pour objectif de contourner un talus par la droite et remonter en direction d’une grue excavatrice située à côté de plusieurs barils de prométhéum à trente ou quarante mètres devant eux. Vesuvio les avait repérés et, envisageait de les faire sauter afin de créer une diversion. Il prépara deux grenades frag qu’il avait récupéré auprès des gardes qui les accompagnaient.
    Du côté gauche, à une vingtaine de mètres de là, l’autre équipe, composée d’Altaïr, Syulf, la Brute et Solutex, se trouvaient dans un autre cas de figure. Il n’existait pas de passage comme sur le côté droit. Le parapet de la passerelle donnait directement sur un fossé situé trois mètres plus bas. Pour passer, il fallait l’enjamber, se laisser glisser et sauter. Les uns après les autres, ils se laissèrent descendre grâce à l’aide de la Brute. Une fois en bas, il leur fallait encore se dissimuler derrière un talus d’un mètre de haut et ne pas se faire repérer par une des sentinelles skitarii. Manque de chance, un skitarii les repéra et approcha dans leur direction.
    C’est là que le plan venait se compléter avec l’escouade de gardes palatins qui s’étaient mis en position à l’entrée de la passerelle. L’un d’eux, celui armé du fusil de précision Westingkrup le prit pour cible et ouvrit le feu. Le tir le toucha à l’épaule mais manqua de précision, faisant pivoter le skitarii avec un son métallique d’une balle qui arrache un morceau de blindage, comme le ferait celui d’une cloche. L’équipier du tireur lui colla une rafale bien placée, à l’aide de sa mitraillette. Les cinq balles le touchèrent et le criblèrent littéralement. Malheureusement, l’alerte venait d’être donnée et les autres gardes skitarii se mirent en mouvement tel un seul homme. Les gardes palatins ouvrirent alors un feu nourrit de leur mitraillettes, appuyées par le lance-flammes et la mitrailleuse. Les tirs cumulés permirent de tenir les skitarii en respect mais aussi de créer une diversion suffisante pour permettre aux deux autres groupes de passer relativement inaperçus, du moins au début. Vesuvio lança sa première grenade sur les barils de carburant et l’enfer se déchaina à ce moment-là. L’explosion fut spectaculaire mais n’occasionna pas de réels dégâts en dehors d’un incendie qui toucha la grue. Cela fut cependant suffisant pour perturber la progression des unités armés. Les tirs combinés des gardes palatins mais aussi des groupes de Djoko et de la Brute réduisirent au silence la première vague de skitarii. Vesuvio lança sa seconde grenade, bloquant aussitôt l’approche de deux hereteks tandis que les tirs combinés de Djoko, Säde et surtout du garde à la mitrailleuse Thresher mirent hors d’état de nuire un lourd servitor de combat armé d’un multilaser. Ce dernier venait néanmoins de faucher un des soldats et en avait blessé gravement deux autres.
    La Brute escalada alors le talus et chargea droit vers un skitarii et lui colla deux bolts qui le mirent à terre. Il n’avait cependant pas vu qu’un heretek émergeait juste derrière, déployant de nombreux bras et mécadendrites qui ouvrirent le feu sur lui. Il évita un premier tir mais se prit les autres attaques qui le blessèrent plutôt sérieusement. Il riposta pour autant et parvint à coller deux bolts sur son adversaire qui esquiva le coup de gantelet énergétique qui faillit le toucher. Les bolts explosèrent une partie de son châssis blindé, le reculant net. L’heretek plaça cependant des tirs en direction d’Altaïr, Syulf et Solutex et blessa légèrement ce dernier, mais le magos approcha et ouvrit le feu de son pistolet gamma. L’arme à énergie frappa l’heretek et lui fit fondre son pectoral ainsi que tout ce qui se trouvait derrière, au point que la Brute pouvait voir au travers de son torse dévasté, en train de fondre. L’heretek, malgré les dégâts critiques qu’il venait de recevoir, tenta de le frapper mais la Brute fut plus rapide. D’un coup de gantelet énergétique, il lui décolla la tête et l’envoya, en miettes, voler à quelques mètres de là. Ce qu’il restait de l’heretek désormais dévasté, tituba encore puis s’écroula en arrière, dans un bruit de ferraille et de cafouillages binaires désynchronisés. Aussitôt, de nouveaux tirs les prirent pour cible et ils durent se remettre à l’abri. D’autres hereteks venaient de les clouer au sol avec des tirs en rafales rapides. Syulf et Altaïr ripostèrent depuis derrière le talus où ils étaient retranchés et purent les toucher mais malheureusement sans trop de gravité. La Brute et Solutex allaient pour intervenir mais un autre magos heretek se matérialisa soudain devant eux, auréolé d’une sorte d’aura. Il fit pivoter son torse, en partie brûlé, à cent-quatre-vingts degrés et se tourna vers eux, levant un pistolet à plasma et un serpentar au phosphore droit dans leur direction.
    Au même moment, alors que Djoko et Säde allaient avancer, enfin débarrassés de toute résistance, ils se trouvèrent nez-à-nez avec un autre heretek qui émergea de derrière un tas de terre. Ce dernier brandissait une épée nimbée de flammes vertes ésotériques tandis que la réalité paraissait floue et ralentie tout autour de lui. Un pistolet à plasma maudit apparut alors dans son autre main. Un code binaire corrompu et ininterrompu jaillissait de ses implants vox et donnèrent soudain mal au crâne à Djoko, Vesuvio et Säde qui sentirent du sang couler de leur nez tandis qu’ils furent saisis de stupeur.
    Sur la passerelle, là où se trouvaient les gardes palatins, une lourde machine infernale se hissa en cliquetant depuis le parapet, à l’aide de ses multiples pattes mécaniques arachnoïdes. Un servitor corrompu était greffé sur son torse, tel un pilote. Un canon ectoplasma jaillit alors de la gueule de la machine qui s’ouvrit en grand, tandis que les soldats restèrent pris d’effroi devant une telle vision de cauchemar…
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  • Illuminati
    Illuminati

    le 04/04/2025 à 23:32 Citer ce message

    Le combat était quasiment gagné, jusqu’au moment où les trois magos lancèrent leur contre-attaque, épaulés par trois skitarii hereteks et par une machine infernale qui se rua sur l’escouade de gardes. Ceux qui ne furent pas incinérés vifs par le canon ectoplasma furent taillés en pièces par les faux énergétiques de la bête de métal.
    La Brute se trouva face à une nouvelle menace et devant un dilemme. Le magos qui lui faisait face venait d’activer un champ énergétique que même ses bolts et son gantelet ne parvenaient à passer. Son adversaire en revanche, venait de pointer deux pistolets à plasma et les arrosait lui et Solutex qui se prit deux tirs que sa carapace eut toutes les peines à encaisser. Syulf et Altaïr tentaient de les aider mais s’étaient fait clouer au sol par les tirs en rafale de deux soldats hereteks armés d’éclateurs à phosphore, sorte de mitrailleuses tirant des balles incendiaires.
    Le pire était que les hereteks leur barraient le chemin pour qu’ils tentent de rejoindre le portail qui était déjà en train de s’activer à moins d’une centaine de mètres de là. Djoko qui avait contourné, furtif, s’en était approché, voyant qu’un skitarii tenait Ephèse et s’en servait de bouclier humain, lui permettant ainsi de reculer en direction du portail. Il se ravisa, préférant ne pas faire feu. A cette distance, il allait assurément toucher l’otage et préféra rester dissimulé, voxant le reste de l’équipe qui était malheureusement coincé.
    Du côté droit de la vaste cavité, Vesuvio et Säde étaient parvenus à éliminer L’archimagos qui leur était arrivé dessus. Ce dernier portait une lame auréolée d’un vert inquiétant mais il n’avait même pas eu le temps de réellement porter son attaque. Les deux bolts de Vesuvio, tirés à bout portant ainsi que le tir de pistolet Inferno de Säde, l’explosèrent complètement. Ils s’étaient finalement reportés sur la machine infernale, qui faisait la taille d’un tout-terrain et l’arrosèrent de leurs tirs tandis qu’elle continuait de démembrer les gardes qui tentaient de fuir.
    Syulf et Altaïr finirent par faire taire un des hereteks mais le second préféra les contourner. Ils décidèrent alors de reporter leur puissance de feu sur la machine. Ainsi, les tirs combinés et croisés avec ceux de Vesuvio et Säde et les leurs finirent par causer une rupture critique dans son intégrité. Un fluide incandescent s’en échappa tandis que le monstre enfla et disparut dans une explosion qui acheva presque tous les gardes restants. Seuls deux, sur toute l’escouade, bien que blessés, en rechapèrent de justesse. Une forme rose caquetante et gesticulante émergea alors des flammes et sauta sur Vesuvio.
    Pendant ce temps, le magos heretek aux prises avec la Brute et Solutex, enclencha son champ de cauchemar ce qui eut pour effet de tous les forcer à reculer de quelques mètres à cause des ondes sonores arcaniques qui leur vrillaient le cerveau. Profitant de cette occasion, il se recula et se précipita en direction du portail, comprenant le plan de ses adversaires. Le skitarii heretek restant, le couvrit et arrosa la zone de sa mitrailleuse, fauchant net Syulf et Altaïr d’une rafale de projectiles au phosphore. Les deux furent criblés d’impacts et Syulf pris feu instantanément, dévoré par des flammes d’un blanc incandescent. Altaïr eut son armure explosée et ses vêtements s’embrasèrent mais sa chute le sauva in extremis, permettant à sa cuirasse de se détacher et de fondre au sol sans le blesser encore plus.
    La Brute reprit ses esprits et se mit à courir à la suite du magos. Solutex allait le suivre mais se prit un tir de plasma qui le coucha, alors qu’il avait déjà été grièvement touché. Il resta à terre, criant à la Brute de continuer. Il tenta de tirer sur l’heretek restant mais le manqua. En retour, l’heretek pointa son éclateur à phosphore et le toucha avant de tourner son arme vers Säde et l’envoya mordre, elle aussi la poussière, d’une rafale bien placée.

    Vesuvio était désormais aux prises avec une horreur rose qui sautillait et le frappait en ricanant, tout en projetant des flammes warp bleues en tous sens. Il n’avait plus de bolt de toute façon, aussi il avait dégainé son sabre et frappait le démon avec, finissant par l’ouvrir en deux et resta sidéré de voir en émerger deux autres horreurs bleues à la place, gémissantes et caquetantes. De désespoir, il recula au moment où des tirs en rafales vinrent cribler les deux petits monstres qui éclatèrent dans des flammes multicolores. Les troupes de Sahida venaient enfin de pénétrer dans la pyramide et investissaient les lieux.
    Au fond de la caverne, face au portail, Djoko avait tenté d’intimider le garde skitarii qui détenait Ephèse en otage. La phase de négociation venait d’échouer, aussi la Brute s’élança vers lui et le frappa de son poing au visage, lui décollant le casque et la tête.
    -Occupe-toi de la fille ! Cria-t-il à Djoko tandis qu’il se retournait, dégaina son deuxième pistolet bolter, l’arma et ouvrit le feu en rafale sur le magos heretek qui lui fonçait dessus. Les bolts détonèrent sur le champ énergétique et le magos se jeta sur lui, ses mécadendrites tranchantes tentant de le lacérer.
    Djoko délaissa l’otage et ouvrir le feu dans le dos du magos qui fonçait sur la Brute, parvenant à percer son champ énergétique. Les bolts explosèrent une partie de son transformateur de puissance, ce qui le déstabilisa, mettant en panne une partie de ses fonctions. Mais loin d’être encore hors-jeu, le magos pivota, pointa un de ses pistolets à plasma sur lui et ouvrit le feu. Djoko, d’un bond, eut juste le temps de plonger derrière une console. Justement, l’une d’elles devait assurément contrôler ce fichu portail qui était en train de s’ouvrir. Il ne vit pas le dernier heretek qui arrivait dans son dos et qui relâcha un tir de son éclateur à phosphore. Djoko fut touché et bascula en avant en serrant les dents, sentant la brûlure lui mordre les chairs. Il se retourna, paré à accueillir son assaillant qui venait de dégainer une épée transsonique dont la lame se mit à vibrer à très haute fréquence, capable de trancher armure et os. Il brandit sa lame et explosa en trois morceaux dans une bruine de sang, d’implants et de fluides sombres. A moins de cent mètres de là, Vesuvio avait ramassé le bolter de Säde et venait de réaliser un tir exceptionnel, sauvant la vie de Djoko par la même occasion. L’instant d’après, la Brute profita que le magos avait été touché et déstabilisé par Djoko pour enfoncer son poing énergétique dans le bouclier vacillant. Il perça le blindage d’énergie dans un craquement de surpression et hurla de toutes ses forces afin de le plonger en plein dans la face de magos, l’explosant en une multitude de fragments. Le champ se coupa aussitôt, laissant le magos sans tête s’affaisser au sol lourdement.
    La Brute contempla les troupes qui approchaient, heureux de voir que son appel vox avait porté. Il pissait le sang mais ne s’en souciait guère. Il coinça un de ses cigares entre ses dents er se l’alluma. Il ne restait plus que lui, Djoko et Vesuvio. Vesuvio, cela ne l’étonnait pas mais Djoko cela tenait presque du miracle que ce fanfaron de pilote soit encore debout. Toujours veinard, celui-là. Il reporta son attention sur l’otage.
    C’était donc elle qu’Isa avait croisé sur Badab, dix ans auparavant. La fameuse docteure Ephèse Solaris. Une sacré petite bonne-femme apparemment. Il ne l’avait jamais vu à l’époque, lui-même était au bloc medicae à la suite d’une énième bataille contre ces maudits drukhari. Mais au moins Djoko lui en avait parlé. L’histoire de la fameuse baffe qu’elle aurait donnée à Altaïr. Après tout, il avait forcément dû le chercher. Altaïr méritait de se prendre des baffes, même encore. Il lui pointa la console du doigt.
    -Vous avez besoin d’aide ou d’un magos ?
    -Une aide pour me retirer ces satanés liens serait déjà la bienvenue, oui ! Quant à un magos ? Vous trouvez sincèrement qu’ils n’en ont pas déjà fait assez comme ça ? Non, je n’ai surtout pas besoin d’eux.
    -Vous êtes blessée ? Lui dit-il en coupant ses liens dont elle essayait de se détacher.
    -Non... Je vous remercie.
    -Oui, j’ai eu aussi ma dose de ces têtes de boulons, croyez-moi.
    Elle ne semblait pas les avoir reconnus. En, vérité, elle n’avait encore jamais vu la Brute. Quant à Djoko, elle ne l’avait croisé que rapidement dix ans auparavant et à l’époque il n’avait pas encore ses yeux augmentiques. Elle ne parut pas le reconnaitre sur le moment.
    -Qui que vous soyez, je vous remercie.
    La Brute se tourna vers Djokovitch.
    -Reste avec elle, et aide-la à fermer ce portail.
    Djoko se redressa en serrant les dents à cause de la douleur qui lui cisaillait le dos.
    -Nan mais j’ai une tête d’adepte, moi ? C’est clairement au-dessus de mes compétences de toute façon.
    -Qui vous dit que je compte fermer ce portail ? Leur dit-elle alors, tout en massant ses poignets. Il s’agit là d’une merveille de xenotechnologie antédiluvienne qui pourrait nous permette de comprendre enfin l’Urgebelach… Iam ashfar saimkiest sistau sercamBelach Slah-haii.
    Djoko chercha à comprendre ce charabia mais n’insista pas. Les langues xenos n’étaient clairement pas son truc.
    -Quoi ? Répondit la Brute qui allait rejoindre l’officier des troupes Sahida. Il se retourna au moment où Vesuvio et Solutex approchaient. Vous allez nous fermer ce portail et sans discuter !
    -Et si je refuse ? Vous allez faire quoi ? M’abattre ? Leur dit-elle avec un regard déterminé mais emplie d’émotion. Vous êtes tous inconscients ou quoi ?
    Solutex effectua un petit geste en direction de Vesuvio qui attrapa la jeune femme, la ceintura afin de l’empêcher de se débattre. Ce qu’elle fit quand même, se mettant à hurler. Solutex se dirigea vers la console, coupa tous les commutateurs puis débrancha les connectiques, afin de couper tous les générateurs branchés au portail. Il retira une fiche de la console et la glissa dans une poche. Une baisse soudaine de tension parcourut toute la caverne tandis que le portail s’éteignit, sous les cris désespérés d’Ephèse Solaris.
    Vesuvio tourna son regard vers la Brute.
    -Lysander, vous faites sécuriser la zone ? Moi je l’emmène à la navette, ça vous va ?
    -Oui, je vous laisse la gérer. Je pense qu’elle sera fort utile pour nos seigneurs-capitaines.
    Il se tourna vers Djoko.
    -Accompagne-le et voit un medic, tu as une sale mine, l’As des as.
    La Brute les laissa partir puis se tourna vers Solutex. Ce dernier lui confirma que le portail était désactivé. Il le remercia d’un signe de tête.
    -Tâchez de vous assurer qu’il n’y a plus aucun danger dans les parages. Ces hereteks étaient absolument coriaces.
    Solutex se contenta de lui tendre un boitier métallique dont il avait débranché les câbles.
    -Qu’est-ce que c’est ?
    Solutex lui désigna les restes du magos heretek au sol, un peu plus loin.
    ++C’était le magos Belorophax de la Maison Sahida. Cet artefact est une sorte de champ énergétique d’une très ancienne facture, sans doute archéotech. J’aurai aimé le garder, mais je pense qu’il devrait vous revenir.
    -Vous pensez que ça ne présente aucun danger ?
    ++Je pourrais l’analyser, si vous le souhaitez ? Cette technologie m’intrigue, à vrai dire.
    -Bonne idée. Mais pour l’instant, on a plus urgent. Je voudrais voir l’état de nos hommes et je n’ai pas encore parlé à ce capitaine qui est là-bas.
    ++J’ai déjà accès à l’intégralité de sa tablette de données ainsi qu’à ses connexions vox, si vous le souhaitez ?
    -Vous avez le droit de faire ça ?
    ++Comment ne l’aurais-je pas, colonel ? Votre sénéchal et votre maitre des murmures sont tous deux dans un état grave mais sont déjà pris en charge par les medics. Ils vont être rapatrié à bord de votre navire. Sachez que Syulf Solimar n’a pas survécu à ses blessures. Et ce, malgré les efforts des medics.
    -Quoi ? Merde…
    ++Je n’aurais pas formulé cela ainsi, mais je partage le concept, colonel. La chair est faible. Preuve que vous et moi sommes encore debout, par la grâce de la Machine. Le combat était quasiment gagné, jusqu’au moment où les trois magos lancèrent leur contre-attaque, épaulés par trois skitarii hereteks et par une machine infernale qui se rua sur l’escouade de gardes. Ceux qui ne furent pas incinérés vifs par le canon ectoplasma furent taillés en pièces par les faux énergétiques de la bête de métal.
    La Brute se trouva face à une nouvelle menace et devant un dilemme. Le magos qui lui faisait face venait d’activer un champ énergétique que même ses bolts et son gantelet ne parvenaient à passer. Son adversaire en revanche, venait de pointer deux pistolets à plasma et les arrosait lui et Solutex qui se prit deux tirs que sa carapace eut toutes les peines à encaisser. Syulf et Altaïr tentaient de les aider mais s’étaient fait clouer au sol par les tirs en rafale de deux soldats hereteks armés d’éclateurs à phosphore, sorte de mitrailleuses tirant des balles incendiaires.
    Le pire était que les hereteks leur barraient le chemin pour qu’ils tentent de rejoindre le portail qui était déjà en train de s’activer à moins d’une centaine de mètres de là. Djoko qui avait contourné, furtif, s’en était approché, voyant qu’un skitarii tenait Ephèse et s’en servait de bouclier humain, lui permettant ainsi de reculer en direction du portail. Il se ravisa, préférant ne pas faire feu. A cette distance, il allait assurément toucher l’otage et préféra rester dissimulé, voxant le reste de l’équipe qui était malheureusement coincé.
    Du côté droit de la vaste cavité, Vesuvio et Säde étaient parvenus à éliminer L’archimagos qui leur était arrivé dessus. Ce dernier portait une lame auréolée d’un vert inquiétant mais il n’avait même pas eu le temps de réellement porter son attaque. Les deux bolts de Vesuvio, tirés à bout portant ainsi que le tir de pistolet Inferno de Säde, l’explosèrent complètement. Ils s’étaient finalement reportés sur la machine infernale, qui faisait la taille d’un tout-terrain et l’arrosèrent de leurs tirs tandis qu’elle continuait de démembrer les gardes qui tentaient de fuir.
    Syulf et Altaïr finirent par faire taire un des hereteks mais le second préféra les contourner. Ils décidèrent alors de reporter leur puissance de feu sur la machine. Ainsi, les tirs combinés et croisés avec ceux de Vesuvio et Säde et les leurs finirent par causer une rupture critique dans son intégrité. Un fluide incandescent s’en échappa tandis que le monstre enfla et disparut dans une explosion qui acheva presque tous les gardes restants. Seuls deux, sur toute l’escouade, bien que blessés, en rechapèrent de justesse. Une forme rose caquetante et gesticulante émergea alors des flammes et sauta sur Vesuvio.
    Pendant ce temps, le magos heretek aux prises avec la Brute et Solutex, enclencha son champ de cauchemar ce qui eut pour effet de tous les forcer à reculer de quelques mètres à cause des ondes sonores arcaniques qui leur vrillaient le cerveau. Profitant de cette occasion, il se recula et se précipita en direction du portail, comprenant le plan de ses adversaires. Le skitarii heretek restant, le couvrit et arrosa la zone de sa mitrailleuse, fauchant net Syulf et Altaïr d’une rafale de projectiles au phosphore. Les deux furent criblés d’impacts et Syulf pris feu instantanément, dévoré par des flammes d’un blanc incandescent. Altaïr eut son armure explosée et ses vêtements s’embrasèrent mais sa chute le sauva in extremis, permettant à sa cuirasse de se détacher et de fondre au sol sans le blesser encore plus.
    La Brute reprit ses esprits et se mit à courir à la suite du magos. Solutex allait le suivre mais se prit un tir de plasma qui le coucha, alors qu’il avait déjà été grièvement touché. Il resta à terre, criant à la Brute de continuer. Il tenta de tirer sur l’heretek restant mais le manqua. En retour, l’heretek pointa son éclateur à phosphore et le toucha avant de tourner son arme vers Säde et l’envoya mordre, elle aussi la poussière, d’une rafale bien placée.

    Vesuvio était désormais aux prises avec une horreur rose qui sautillait et le frappait en ricanant, tout en projetant des flammes warp bleues en tous sens. Il n’avait plus de bolt de toute façon, aussi il avait dégainé son sabre et frappait le démon avec, finissant par l’ouvrir en deux et resta sidéré de voir en émerger deux autres horreurs bleues à la place, gémissantes et caquetantes. De désespoir, il recula au moment où des tirs en rafales vinrent cribler les deux petits monstres qui éclatèrent dans des flammes multicolores. Les troupes de Sahida venaient enfin de pénétrer dans la pyramide et investissaient les lieux.
    Au fond de la caverne, face au portail, Djoko avait tenté d’intimider le garde skitarii qui détenait Ephèse en otage. La phase de négociation venait d’échouer, aussi la Brute s’élança vers lui et le frappa de son poing au visage, lui décollant le casque et la tête.
    -Occupe-toi de la fille ! Cria-t-il à Djoko tandis qu’il se retournait, dégaina son deuxième pistolet bolter, l’arma et ouvrit le feu en rafale sur le magos heretek qui lui fonçait dessus. Les bolts détonèrent sur le champ énergétique et le magos se jeta sur lui, ses mécadendrites tranchantes tentant de le lacérer.
    Djoko délaissa l’otage et ouvrir le feu dans le dos du magos qui fonçait sur la Brute, parvenant à percer son champ énergétique. Les bolts explosèrent une partie de son transformateur de puissance, ce qui le déstabilisa, mettant en panne une partie de ses fonctions. Mais loin d’être encore hors-jeu, le magos pivota, pointa un de ses pistolets à plasma sur lui et ouvrit le feu. Djoko, d’un bond, eut juste le temps de plonger derrière une console. Justement, l’une d’elles devait assurément contrôler ce fichu portail qui était en train de s’ouvrir. Il ne vit pas le dernier heretek qui arrivait dans son dos et qui relâcha un tir de son éclateur à phosphore. Djoko fut touché et bascula en avant en serrant les dents, sentant la brûlure lui mordre les chairs. Il se retourna, paré à accueillir son assaillant qui venait de dégainer une épée transsonique dont la lame se mit à vibrer à très haute fréquence, capable de trancher armure et os. Il brandit sa lame et explosa en trois morceaux dans une bruine de sang, d’implants et de fluides sombres. A moins de cent mètres de là, Vesuvio avait ramassé le bolter de Säde et venait de réaliser un tir exceptionnel, sauvant la vie de Djoko par la même occasion. L’instant d’après, la Brute profita que le magos avait été touché et déstabilisé par Djoko pour enfoncer son poing énergétique dans le bouclier vacillant. Il perça le blindage d’énergie dans un craquement de surpression et hurla de toutes ses forces afin de le plonger en plein dans la face de magos, l’explosant en une multitude de fragments. Le champ se coupa aussitôt, laissant le magos sans tête s’affaisser au sol lourdement.
    La Brute contempla les troupes qui approchaient, heureux de voir que son appel vox avait porté. Il pissait le sang mais ne s’en souciait guère. Il coinça un de ses cigares entre ses dents er se l’alluma. Il ne restait plus que lui, Djoko et Vesuvio. Vesuvio, cela ne l’étonnait pas mais Djoko cela tenait presque du miracle que ce fanfaron de pilote soit encore debout. Toujours veinard, celui-là. Il reporta son attention sur l’otage.
    C’était donc elle qu’Isa avait croisé sur Badab, dix ans auparavant. La fameuse docteure Ephèse Solaris. Une sacré petite bonne-femme apparemment. Il ne l’avait jamais vu à l’époque, lui-même était au bloc medicae à la suite d’une énième bataille contre ces maudits drukhari. Mais au moins Djoko lui en avait parlé. L’histoire de la fameuse baffe qu’elle aurait donnée à Altaïr. Après tout, il avait forcément dû le chercher. Altaïr méritait de se prendre des baffes, même encore. Il lui pointa la console du doigt.
    -Vous avez besoin d’aide ou d’un magos ?
    -Une aide pour me retirer ces satanés liens serait déjà la bienvenue, oui ! Quant à un magos ? Vous trouvez sincèrement qu’ils n’en ont pas déjà fait assez comme ça ? Non, je n’ai surtout pas besoin d’eux.
    -Vous êtes blessée ? Lui dit-il en coupant ses liens dont elle essayait de se détacher.
    -Non... Je vous remercie.
    -Oui, j’ai eu aussi ma dose de ces têtes de boulons, croyez-moi.
    Elle ne semblait pas les avoir reconnus. En, vérité, elle n’avait encore jamais vu la Brute. Quant à Djoko, elle ne l’avait croisé que rapidement dix ans auparavant et à l’époque il n’avait pas encore ses yeux augmentiques. Elle ne parut pas le reconnaitre sur le moment.
    -Qui que vous soyez, je vous remercie.
    La Brute se tourna vers Djokovitch.
    -Reste avec elle, et aide-la à fermer ce portail.
    Djoko se redressa en serrant les dents à cause de la douleur qui lui cisaillait le dos.
    -Nan mais j’ai une tête d’adepte, moi ? C’est clairement au-dessus de mes compétences de toute façon.
    -Qui vous dit que je compte fermer ce portail ? Leur dit-elle alors, tout en massant ses poignets. Il s’agit là d’une merveille de xenotechnologie antédiluvienne qui pourrait nous permette de comprendre enfin l’Urgebelach… Iam ashfar saimkiest sistau sercamBelach Slah-haii.
    Djoko chercha à comprendre ce charabia mais n’insista pas. Les langues xenos n’étaient clairement pas son truc.
    -Quoi ? Répondit la Brute qui allait rejoindre l’officier des troupes Sahida. Il se retourna au moment où Vesuvio et Solutex approchaient. Vous allez nous fermer ce portail et sans discuter !
    -Et si je refuse ? Vous allez faire quoi ? M’abattre ? Leur dit-elle avec un regard déterminé mais emplie d’émotion. Vous êtes tous inconscients ou quoi ?
    Solutex effectua un petit geste en direction de Vesuvio qui attrapa la jeune femme, la ceintura afin de l’empêcher de se débattre. Ce qu’elle fit quand même, se mettant à hurler. Solutex se dirigea vers la console, coupa tous les commutateurs puis débrancha les connectiques, afin de couper tous les générateurs branchés au portail. Il retira une fiche de la console et la glissa dans une poche. Une baisse soudaine de tension parcourut toute la caverne tandis que le portail s’éteignit, sous les cris désespérés d’Ephèse Solaris.
    Vesuvio tourna son regard vers la Brute.
    -Lysander, vous faites sécuriser la zone ? Moi je l’emmène à la navette, ça vous va ?
    -Oui, je vous laisse la gérer. Je pense qu’elle sera fort utile pour nos seigneurs-capitaines.
    Il se tourna vers Djoko.
    -Accompagne-le et voit un medic, tu as une sale mine, l’As des as.
    La Brute les laissa partir puis se tourna vers Solutex. Ce dernier lui confirma que le portail était désactivé. Il le remercia d’un signe de tête.
    -Tâchez de vous assurer qu’il n’y a plus aucun danger dans les parages. Ces hereteks étaient absolument coriaces.
    Solutex se contenta de lui tendre un boitier métallique dont il avait débranché les câbles.
    -Qu’est-ce que c’est ?
    Solutex lui désigna les restes du magos heretek au sol, un peu plus loin.
    ++C’était le magos Belorophax de la Maison Sahida. Cet artefact est une sorte de champ énergétique d’une très ancienne facture, sans doute archéotech. J’aurai aimé le garder, mais je pense qu’il devrait vous revenir.
    -Vous pensez que ça ne présente aucun danger ?
    ++Je pourrais l’analyser, si vous le souhaitez ? Cette technologie m’intrigue, à vrai dire.
    -Bonne idée. Mais pour l’instant, on a plus urgent. Je voudrais voir l’état de nos hommes et je n’ai pas encore parlé à ce capitaine qui est là-bas.
    ++J’ai déjà accès à l’intégralité de sa tablette de données ainsi qu’à ses connexions vox, si vous le souhaitez ?
    -Vous avez le droit de faire ça ?
    ++Comment ne l’aurais-je pas, colonel ? Votre sénéchal et votre maitre des murmures sont tous deux dans un état grave mais sont déjà pris en charge par les medics. Ils vont être rapatrié à bord de votre navire. Sachez que Syulf Solimar n’a pas survécu à ses blessures. Et ce, malgré les efforts des medics.
    -Quoi ? Merde…
    ++Je n’aurais pas formulé cela ainsi, mais je partage le concept, colonel. La chair est faible. Preuve que vous et moi sommes encore debout, par la grâce de la Machine.
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 12/04/2025 à 01:11 Citer ce message

    Le reste de la journée fut consacré -pour la majeure partie - au rapatriement des blessés, à la sécurisation de la pyramide mais aussi à l’organisation d’une contre-offensive en vue de l’attaque imminente d’Onidès. Ce dernier point fut supervisé par la Brute et Vesuvio qui agirent tels des généraux en campagne, planifiant soigneusement la stratégie et le logistique, devant le monarque et ses principaux barons. Uriah et Ludivine leur laissèrent la main sur ce point car la libre-marchande était très affectée par la perte de son sénéchal. Syulf, elle le connaissait depuis qu’elle était toute jeune et il avait toujours été un de ses plus fidèles conseillers. Elle leur apprit notamment que Syulf était marié et que son épouse était une des bibliothécaires du librarium à bord de son navire. Ludivine se promit de passer la voir au plus tôt, d’autant plus qu’elle connaissait bien Lisbet depuis toutes ses années. Ils n’avaient pas eu d’enfants tous les deux mais auraient aimé en avoir. Cela l’attrista profondément. Sa perte venait s’ajouter à celle, encore récente de son astropathe Marcus Shaan mais aussi à l’état d’Alexia qui était encore entre la vie et la mort. Comme pour Syulf, Alexia était bien plus qu’une conseillère pour Ludivine. Lorsqu’elle était encore enfant, elle avait été sa préceptrice, sa tutrice, celle qui l’avait formé et façonné à devenir celle qu’elle était aujourd’hui. Ces pertes successives commençaient à faire beaucoup pour la jeune libre-marchande et Uriah préféra rester à ses côtés afin de lui apporter tout son réconfort.
    Djoko était, de son côté, tout aussi préoccupé par ce qui était en train de se passer dans les cieux. Il resta en lien avec la passerelle afin de se coordonner avec la timonerie pour que leurs deux frégates restent en retrait, les plus discrètes possible à la suite de l’approche des deux corvettes Wolfpack. L’objectif était de rester à bonne distance et de se contenter d’observer. Il n’était certainement pas question de se dévoiler trop top au risque de les voir disparaitre ou pire, de rameuter leurs renforts et de saboter tout leur plan. Djoko en profita pour s’entretenir en privé avec Alisabeth Bonnett afin de la rassurer mais aussi pour prendre de ses nouvelles ainsi que des nouvelles de leur fille Giulia.
    Lors du rapatriement des blessés vers les frégates, la Brute avait demandé qu’Antinoé, leur astropathe descende les rejoindre avec une escouade de fusiliers. Le petit groupe fut informé par Jocasta sur la raison de leur présence et sur la nature de la menace que représentait le strix. Tous avaient déjà croisé Cole Kane mais désormais il pouvait être le diable-sait-qui. La seule certitude qu’ils avaient, était qu’il était une créature du warp et qu’il préférait se nourrir de psykers. De fait, Jocasta et Antinoé pouvaient clairement se mettre en réel danger. Malgré cela, elles décidèrent de mettre en commun leurs capacités psychiques et se mirent à la recherche du prédateur, sachant que tôt ou tard, il finirait bien par se manifester.
    La soirée s’acheva dans un des salons attenant à leurs suites. Tandis que les psykers traquaient le strix en dehors du palais et que les deux archimilitants jouaient à déplacer des jetons sur des holocartes, Uriah et Ludivine en profitèrent pour s’entretenir en privé avec Ephèse Solaris autour d’un verre. Uriah s’était servi un amasec, tandis que les deux jeunes femmes avaient pris un tana bien chaud. Les deux libres-marchands n’avaient encore jamais rencontré l’archéotechnologue par le passé, même si visiblement, tout le monde ou presque sur le Morning Star, semblait la connaitre. C’était une femme étonnante, cultivée, curieuse, intelligente et possédant un charisme certain. Après sa formation à la Schola Progenium, elle fut diplômée de la prestigieuse Universaria Sainte Sabbatina d’Eshunna. Ephèse Solaris était docteure en archéotechnologie mais elle était aussi une éminente historiographe, linguiste, une xenoarcaniste reconnue, mais aussi une fervente reliquariste, ce qui ravissait Ludivine de la savoir à ce point versée dans les arts liturgiques du Crédo.
    -Et en plus, vous savez donc utiliser ces portails ? Mais comment ? C’est extrêmement dangereux de passer ainsi par le warp, non ? S’étonna la libre-marchande.
    -En vérité, la translation d’un point A vers un point B est elle-même isolée du warp par une technologie qui m’échappe. Un peu comme celle que l’on emploie pour les champs de Geller. A l’origine, ces portails ont été conçus pour justement, ne jamais être en contact direct avec le warp.
    -Et vous savez donc les faire fonctionner ? L’interrogea Uriah.
    -J’y ai consacré maintenant, un certain nombre d’années. Pourtant, je ne maitrise pas complètement certains aspects.
    -Mais vous savez les activer ?
    -Certains sont encore fonctionnels, donc si les runes sont encore en état, avec une source d’énergie, oui, en théorie, je pourrais l’activer.
    -Et pour le portail qui nous concerne plus directement… Vous sauriez donc le désactiver, ou encore le dévier ?
    Ephèse se saisit de la théière qui était sur la table basse devant eux et se resservit une tasse de tana avant de répondre.
    -Comme je l’ai dit ce matin, dans la pyramide, il y a des fonctions que j’ignore totalement, concernant ces portails et d’ailleurs, cela vaut pour toute la xenotechnologie basée sur des impulsions mentales telles que les utilisent les Aeldari encore de nos jours. Je pourrais apprendre autant que je veux, jamais je ne disposerai de leur connexion innée avec le warp et leur circuit d’infinité.
    -N’est-ce pas là une sorte de sorcellerie xenos à laquelle il a toujours été des plus avisé de ne pas toucher ? La questionna Ludivine qui se reprit, elle aussi une tasse de tana.
    -C’est en partie exact. Le commun des mortels n’est pas habilité, ni à connaitre, ni à toucher à de la xenotech, car la dangerosité est bien réelle. Pour ma part, je dispose d’une accréditation pour étudier de tels savoirs interdits. Bien des confrères, pourtant illustres, ont disparus corps et âmes dans la Toile, pensant en maitriser ses secrets. Des libres-marchands et des inquisiteurs aussi, pensant y trouver, en son cœur, ce qu’ils nomment l’uigebealach, autrement dit, le croisement d’inertie, s’y sont perdus à jamais.
    -C’est fascinant et effrayant à la fois, ajouta Ludivine, on se croirait dans un de ces romans d’aventures pour enfants d’Emil Tamburlaine. Qu’est-ce donc ?
    -Tambourlaine a justement été brûlé suite à ses ouvrages pour enfants… Mais oui, il s’agirait d’une boucle temporelle qui permet d’inverser, sur une courte période, le cours du temps. Mais seuls leurs asurya seraient capables d’en maitriser le fonctionnement.
    -Asurya ?
    -Des sortes de guerriers immortels légendaires. Enfin, quoi qu’il en soit, je n’ai aucunement la prétention de maitriser complètement le fonctionnement de tels portails.
    -Vous êtes portant bien passé ? Lui demanda Uriah.
    -Oui… Mais je ne parviens qu’à en maitriser l’entrée et non la sortie. Je n’avais nulle intention de me retrouver ici, dans le système Tartuga, à des centaines d’années-lumière de ma réelle destination.
    -Donc bloquer un portail ne serait pas dans vos cordes, c’est bien cela ? Lui demanda Ludivine.
    -J’ai bien peur que non. Mais ne m’aviez-vous pas mentionné, plus tôt dans la pyramide, que vous disposiez d’un allié. Si vous voulez mon avis, votre Aeldari -si c’en est bien un - serait beaucoup plus indiqué que moi pour faire fonctionner ce portail. Et d’ailleurs, je serais très intéressée d’y assister.
    Ludivine manqua renverser sa tasse à ce moment-là. Elle tourna son regard vers Ephèse avec un petit rire gêné.
    -Vous devez faire erreur, car je n’ai absolument pas de xenos à bord de mon navire. Le Trône m’en préserve… De plus, cela porterait malheur.
    Uriah sentit soudain qu’il avait très chaud. Il sourit de plus belle et tenta d’éluder le sujet car à ce stade il n’avait pas encore jugé bon d’évoquer la Drukhari à Ludivine. Ce sujet restait mineur, pourtant, mal amené dans la conversation et cela risquait de vite déraper.
    -Absolument ! Lui dit-il. Tu n’as pas d’Aeldari à bord de ton vaisseau, hein ? Non, mais quelle idée !
    Ephèse Solaris effectua un petit sourire à l’attention de Ludivine.
    -Ah, en effet, cela me revient, c’est le capitaine Goldberg qui avait évoqué le sujet d’un Aeldari qui pourrait m’aider justement…
    Ludivine se tourna vers Uriah, presque amusée par le côté absurde d’une telle idée.
    -Trône, mais d’où sors-tu une telle histoire ? Quand même… Je le saurais si tu avais capturé un xenos. Non ? Je le saurais ?
    Uriah commença à desserrer le col de sa veste, sentant la chaleur qui l’étouffait. Il murmura quelques mots.
    -Ce n’est pas tout à fait un Aeldari, en fait…
    -Quoi ?
    -C’est tout récent… J’allais évidemment t’en parler mais c’est Praxx, aussi, tu le connais… Et puis cette Drukhari a débarqué et nous a aidé sur Onidès. Elle disait qu’elle savait faire fonctionner ces fichus portails et que…
    Ludivine lui lança le contenu de sa tasse de tana au visage et se leva d’un bond avant de quitter la pièce, furieuse.
    -Elle ! En plus !
    Uriah resta là, le visage trempé, cherchant à reprendre ses esprits et se demandant comment diable n’allait-il pas balancer son maudit sénéchal par-dessus bord, lui et sa maudite Drukhari.
    Ephèse laissa passer quelques instants, puis sans un mot, lui tendit un mouchoir qu’il prit en la remerciant avant de s’essuyer avec.
    -Veuillez la pardonner, elle a eu une journée difficile...
    Ephèse en profita pour finalement se servir un doigt d’amasec, tout en lui lançant un regard désapprobateur. Elle se calla dans son fauteuil.
    -Et vous n’avez rien fait pour la lui faciliter…
    Elle fut interrompue par le vox d’Uriah qui vibra. Il effectua un geste de la main afin de l’interrompre, puis l’activa et s’entretint pendant quelques instants avec Jocasta. Elle l’appelait depuis une de leurs navettes. Il resta à parler avec elle pendant quelques instants puis finit par couper la connexion.
    -Du nouveau ? Lui demanda Ephèse.
    -Oui, mais sur un autre sujet… Les strix, cela vous parle ?
    -En effet… Je ne suis pas magos biologis mais j’ai quelques modestes références sur les anciennes légendes. Ce sont des entités haemovores et changeuses de formes, issues du warp. Dans l’antique Terra, on les appelait entre autres, strigoï, stryges, vampyrs, ou encore succubes pour les femelles. Le terme strix est plus récent mais reste une déformation en haut Gothique du terme stryges, bien que certains ouvrages de référence continuent de les appeler Vampires. Pourquoi une telle question ? Ne me dites quand même pas que vous avez aussi à votre bord, une jolie strix qui a jeté son dévolu sur un de vos officiers ?
    Uriah faillit s’étrangler à nouveau, repensant à ce maudit Kenway sur le moment. Il désigna la docteure Solaris du doigt.
    -Restez au palais et surtout ne bougez pas d’ici, je vais demander au général Vesuvio de vous placer sous escorte, en attendant.
    Elle se leva, soudain inquiète. Uriah en profita pour vérifier l’accumulateur magnétique de son pistolet à plasma.
    -En attendant quoi ? Lui dit-elle.
    -Certains de mes officiers ont localisé un strix à quelques kilomètres d’ici, dans un village. Il est responsable de la mort de plusieurs personnes et, là avec le reste de mes hommes, nous allons lui donner la chasse.
    -Mais dehors, il fait déjà nuit !
    -Croyez bien que ce n’est pas ça qui va nous arrêter !
    Vita locus Mors ludus
  • Illuminati
    Illuminati

    le 22/04/2025 à 18:27 Citer ce message

    Deux heures plus tard, à cinq kilomètres du palais, dans le petit village de Miteldorf, sur la côte. Ludivine était là, le souffle court, sous la pluie battante, les yeux écarquillés, les doigts encore crispés sur la crosse de son pistolet à plasma qui fumait tout en dégageant de la vapeur depuis son condensateur magnétique. Le strix était à quelques mètres, devant eux et finissait de se consumer dans des flammes dévorantes qui jetaient des ombres alentours dans la nuit. Celui qui avait était Cole Kane n’était plus. Enfin. Ils avaient alors pu contempler sa réelle nature et sa véritable apparence. Sorte de démon émacié et ailé, de plus de deux mètres de haut, aux allures de gargouille. Les nombreux bolts ne l’avait pas arrêté, pas plus que les tirs de plasma ne l’avaient ralenti, pourtant l’épée sanctifiée de la Brute était parvenue à lui trancher un de ses bras terminé par une patte griffue. Son autre griffe encore valide avait pourtant suffi pour envoyer la Brute à terre, manquant l’éventrer de peu. La bête avait hurlé de rage et avait fini par succomber d’un tir de plasma d’Uriah, ajusté avec une rare précision, en pleine gueule. La tête de la bête s’était alors embrasée par le tir incandescent avant que son corps n’entre en combustion et ne s’effondre au sol.
    Ils ne s’en sortaient pourtant pas tous indemnes. La bête qu’avait été Cole, les avait d’abord assaillis de sa sombre sorcellerie, cherchant à faire vaciller leur volonté, succomber à ses charmes maléfiques mais en dehors des fusiliers, ils avaient tenu bon. Le strix n’était pourtant pas seul. Il avait décimé le petit village avant qu’ils n’arrivent et avait transformé les villageois en morts-vivants qu’ils avaient dû abattre dès leur arrivée. Deux chiens du warp les accompagnaient, des sortes de prédateurs bicéphales qui traquaient les psykers. Ils s’en prirent à Antinoé et Jocasta mais par une chance incroyable, furent abattus rapidement sans causer de dégâts. L’astropathe leur avait permis de résister aux assauts, grâce notamment à son aura qui avait agit tel un bouclier sanctifié, empêchant une partie des morts-vivants de se jeter sur eux et sauvant ainsi la vie de Jocasta et Ludivine.
    Certains cadavres de villageois jonchaient encore le sol des habitations et la Brute, dès leur arrivée, s’était chargé de rapidement les achever, sans témoin. Quant aux autres malheureux, ceux qui étaient en phase de transformation, ils avaient tous été abattu en pleine rue. Pourtant, dans l’assaut, la Brute et le sergent des fusiliers qui les escortaient avaient été mordu. La Brute s’en sortait de justesse. Une chance pour lui qu’il portait une couche de blindage sous-cutanée ainsi que des muscles synthétiques au niveau des bras, ce qui l’avait sauvé de l’infection mortelle. Ce n’était pas le cas du sergent Wallgrove qui était condamné et totalement en état de choc. Il se tirera une balle dans la tête peu de temps avant leur évacuation, sachant que son sort n’allait pas leur laisser de meilleur choix.
    Uriah laissa le reste de l’équipe sécuriser les lieux tandis que le medic de ses fusiliers vint prendre en charge la Brute qui se remettait à peine du choc et des plaies reçus. Antinoé était plus loin, le souffle court, elle aussi, appuyée sur son bâton de force qui fumait sous la pluie tandis qu’un des soldats la protégeait de son fusil à plasma. Jocasta essuyait des gouttes de sang qui coulaient de son nez. Elle titubait et peinait à reprendre ses esprits mais s’en sortait plutôt bien. Les villageois, eux, n’avaient eu aucune chance. Affronter une entité warp n’était jamais facile, se dit-elle et elle en avait déjà payer le prix fort. Leur groupe disposait pourtant d’une importante puissance de feu et de deux psykers mais il s’en était fallu de peu. La force de caractère d’Uriah et de Ludivine les aura pourtant protégés de la terreur et de la folie que représentaient de telles abominations. Était-ce la foi ? Pour Ludivine, c’était certain. Elle restait pourtant là, le regard fixé sur les flammes.
    Uriah vint se tenir devant elle et lui passa sa main sur la joue, décollant ses mèches blondes qui étaient collées sur son joli visage par la pluie et peut-être aussi par quelques larmes.
    -Ça va ? Lui dit-il.
    Elle se contenta de hocher la tête. Jamais elle n’aurait pensé que Cole puisse être cette créature. Un prédateur, un monstre. C’était lui qui avait tué son astropathe deux jours avant. Elle ne pouvait alors s’empêcher de penser à Merelda. Comment était-ce possible ? Merelda avait été proche d’elle et si douce. Si humaine…
    La mort de Syulf lui revint alors comme un boomerang en plein visage, tout comme Alexia qui n’était pas encore tirée d’affaire. Elle avait un besoin impérieux de la voir et de prier à son chevet. Cela au moins, lui redonna la force d’affronter un tel univers. L’Humanité n’était pas chez elle dans cette partie de la galaxie. Elle n’était que cette poignée d’humains agrippés à un radeau de fortune dans la tempête, entourés de prédateurs affamés. Mais elle, tout comme Uriah étaient ceux qui tenaient la barre et qui gardaient le cap. Sans cette volonté et sans la foi en l’Empereur-Dieu comme seule boussole, leur entreprise serait alors de tous finir engloutis, corps et âmes.
    -Je vais avoir besoin d’un peu de temps… Lui dit-elle dans un murmure, avant de rengainer son arme.
    Uriah la laissa et activa son microvox.
    -Djoko, tu me reçois ?
    -Fort et clair, cap’taine, lui dit-il depuis le cockpit de la navette Aquila.
    -Passe nous récupérer, on évacue.
    Vita locus Mors ludus

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